Avant d’en arriver à la partie essentielle, vitale (les films, les réalisateurs et MON avis sur les pré-cités) laissez-moi vous donner un aperçu de « mon » festival en mode « off » et en images.
Deux valent mieux qu'une...
Avant toute chose, il est fondamental de bien choisir la personne qui vous accompagne. Sinon, y aller seul ne pose aucun problème, les rencontres se font aussi naturellement que… non, beaucoup plus naturellement qu’à l’habitude (en ce qui me concerne en tout cas, puisque dans la « vraie vie est ailleurs » je suis d’un naturel faites-moi pas chier « ours des bois »). J’ai donc choisi d’emporter en bagage accompagné ma moitié, mon double, mon alter, ma condition sine qua non, et plus quand affinités :
Les journées festivalières s’étalent de 9 heures du matin à environ 2 heures le matin suivant. On a beau essayer de prononcer cette étrange phrase « soyons raisonnables », on n’y croit pas vraiment.
Ma nostalgie s’arrêtant où mon confort commence, j’ai renoncé à l’hôtel de la place des cordeliers (non je ne le citerai pas) qui jouissait jusque là d’un monopole scandaleux remis en cause donc. Ce qui permettra peut-être aux heureux propriétaires de (re)mettre aux normes l’établissement (mode langdepute off…).
Cette année donc, j’ai choisi un havre de paix, de calme et de verdure ! Et effectivement, la nuit, aucune horde barbare de lycéens venus d’ailleurs ne claironnait la charge de la brigade mastoc en hululant des borborygmes de sioux scalpant des yankees. C’est beau, c’est chic, calme et voluptueux. L’accueil est chaleureux et naturel
et le petit déjeuner… idéal.
Les films se voient au « Théââââtre » ou aux Nacelles et il est essentiel d’établir un programme rigoureux si, comme moi, vous souhaitez voir les 8 films de la compétition. Ce qui signifie : 4 films le premier jour, 3 films le deuxième et 3 le troisième… Et là, vous me ferez finaudement remarquer que 4 + 3 + 3 font 10. Et je répondrai « bingo » ! » car voir les 8 films en compétition n’empêche personne de voir (ou revoir) un film hors compèt et le film de clôture. Et là vous ne me répondrez rien car c’est imparable !
Si vous êtes « accrédité » vous pouvez (comme moi) vous pavaner avec votre ‘créditation autour du cou ou en bandoulière et chercher les membres de votre équipe. Equipe rose pour le jury, équipe jaune pour les réalisateurs, équipe verte pour les invités etc…
Mais rapidement vous pouvez aussi vous lasser d’arborer la photo de Marcel Bidochon sur votre joli pull de Festival.
Si vous n’êtes pas chanceux, vous achetez votre ticket choc mais pas cher et à l’entrée de la salle un être humain charmant de la grande famille « Bénévoles » (on les reconnaît facilement aux cernes qui leur arrivent au milieu des joues) vous l’échange contre un bulletin de vote qu’il faudra remplir et mettre dans l’urne en sortant. Ce qui permettra l’élection du film du public seigneurmariejosephilleurserabeaucouppardonné ! Il faudra d’ailleurs qu’on m’explique la subtilité entre les rubriques « j’aime un peu » et « j’aime assez »… sinon, vous avez le choix entre « je n’aime pas du tout » (ça arrive), « j’aime beaucoup » et « j’aime passionnément » (ça arrive aussi !).
La projection des films est suivie de conférences-rencontres-conversations avec les réalisateurs, acteurs, directeurs de la photo présents. Cette année, miracle, TOUS les films qui viennent de Finlande Mikaaaaaaaaaaa ! (calme-toi Bernadette !), Chine, Turquie, Québec, Italie, Espagne, Irlande et Belgique, avaient au moins un représentant. Gaël (vous savez le directeur artistique qui soigne toujours son costume de fin de Festival !) anime le débat puis invite les spectateurs à poser des questions. Il est donc utile et fortement recommandé de travailler ses langues étrangères.
La convivialité et le dialogue se poursuivent donc dans ce bel endroit qu’est la Cour des Cordeliers rebaptisée cette année « Le Zhéros » où les voûtes, les vieilles pierres et les arcades accueillent l’ensemble des participants : public, réalisateurs, jury… Pas de quartier VIP je le répète, pas de ‘table réservée’… chacun s’installe et discute.
C’est là qu’on peut s’enflammer dans une conversation cinéphile avec des « anonymes » dont on ne connaîtra même pas le nom, sympathiser avec d’autres, dialoguer à moult reprises en langage des signes et anglais approximatif avec un réalisateur venu de très loin ébloui et même pas déçu de repartir (injustement selon moi) sans « tomate » (le trophée de cette année ),
discuter avec d’autres, tomber sous le charme d’un autre (ce fut le cas de 99.9 % des festivaliers, hommes, femmes et assimilés !),
revoir un ancien membre du jury
retrouver les amis,
rencontrer (enfin) leurs parents, ce qui fait comprendre pourquoi qui est qui,
découvrir la plus jeune ‘accréditée’ de tous les temps etc.
Le Festival c’est aussi un jury présidé cette année par Solveig Anspach qui vient à Annonay pour la troisième fois. Discrète et charmante elle a accepté avec cœur et fierté sa mission de devoir guider et écouter les membres de son jury. Comme chaque année ce jury est composé de 8 cinéphiles choisis sur candidature par un comité de sélection (vous dis-je assez de tenter et re-tenter votre chance ?). Par manque de temps (oui je sais les gens qui disent « j’ai pas l’temps » me tapent sur le haricot, mais je suis chez moi, je dis ce que je veux... d'ailleurs la preuve, même pas une seconde pour me refaire une manucure express... heureusement personne ne le saura et personne n'a rien vu)
Alors que Moit' prenait toujours le temps de se cirer les pompes
Je n’ai pu en rencontrer que 4 (membres du jury, il faut suivre...) qui étaient ravis, enchantés, surpris, ébouriffés, enthousiasmés par l’expérience.
Lorraine (c’est son prénom… ben oui !) a 32 ans (en paraît 18) vit à Lyon et travaille dans l’événementiel. Elle est fille de projectionniste (la veinarde) et ancienne projectionniste elle-même. Elle collectionne les affiches de cinéma, est fan d’un cinéma plutôt classique dans lequel comptent Hitchcock et Chabrol, mais aussi Christophe Honoré. Cette année, elle a particulièrement apprécié « Les plages d’Agnès ». Elle trouve le Festival passionnant et riche en rencontres.
Coline a 23 ans et vient de St Félicien (07). Elle poursuit des études en bio/éthologie (étude du comportement animal.. vous êtes nuls, tout le monde sait ça). Elle connaît bien le Festival d’Annonay où elle se rend régulièrement en voisine. Il lui réserve toujours d’excellentes surprises. Le dernier film qu’elle a apprécié est « Les noces rebelles » mais elle est fascinée par le cinéma de Terrence Malick.
Pierre a 18 ans, il vient de Toulouse, étudie l’anglais mais ses projets d’avenir seront inévitablement tournés vers le cinéma (scénariste, réalisateur). Il réalise des films en amateur pour l’instant. Il a pu participer au Festival simplement en trouvant un prospectus dans son cinéma. Son dernier film vu en salle « L’étrange histoire de Benjamin Button » fut une déception mais il garde de « There will be blood » le souvenir de son dernier « choc » en salle. Il aime le cinéma asiatique en général et considère « Le voyage de Chihiro » comme une merveille. Le Festival d’Annonay l’a ravi par sa qualité et sa convivialité. Il a été particulièrement touché par la complicité entre les réalisateurs.
Annegret a 41 ans et vient de Backnang en Allemagne où elle est directrice de cinéma (la veinarde). Elle adore le cinéma et sa participation au jury lui a été proposée dans le cadre du jumelage de sa ville avec Annonay. Elle a quand même dû rédiger une lettre de candidature. Ce qui est amusant c’est qu’elle a écrit sa lettre, la faite traduire en français… Devant son français impeccable, elle a été choisie, mais en fait elle parle très mal le français. Evidemment, ce n’est en aucun cas un handicap les films sont sous-titrés en anglais. C’est une amoureuse du cinéma qui se souvient avec émotion d’un grand film « Il postino ». Le dernier évènement auquel elle a participé et qui l’a fortement marquée est l’avant-première mondiale à Berlin de « Valkyrie » en présence du fils de Von Stauffenberg. Elle précise que ce film est loin d’être son préféré même s’il est « moins pire » qu’elle le craignait, mais que cette soirée fut très forte.
Je n’ai hélas pas pu rencontrer les quatre autres membres du jury et je le regrette. Il y avait néanmoins :
Frédéric de Quimper, 58 ans et animateur culturel.
Mathieu de Clermont-Ferrand, étudiant de 21 ans motivé par son envie de voir des films.
Magali, 34 ans de Paris. Elle a fait une thèse sur le cinéma et a été particulièrement intéressée par le fait que le Festival présente des premiers films.
Claude, 66 ans vient de la Drôme, formateur à L’IUFM et entraîneur de foot.
Tout cela pour vous démontrer encore une fois que l’âge, la profession, la région importent peu. Le seul vrai critère est uniquement la passion pour le cinéma et l’envie (ou le besoin) de la partager le temps d’un festival. J’espère que cela vous incitera à présenter votre candidature pour les prochaines éditions.
Annonay c’est aussi un Jury des Lycéens qui a la charge de primer un film (encore mille bravos pour leur choix audacieux de cette année…). Chaque année ce jury est présidé par un professionnel, l’année dernière Bernard Blancan, cette année la comédienne Louise Blachère qui était déjà présente pour présenter « La naissance des pieuvres » en 2008. Le talent et la maturité n’attendant pas toujours le nombre des années, c’est avec sérieux, compétence et application que la jeune Louise a accompagné les membres de son jury à peine plus jeunes qu’elle.
La soirée de clôture fut particulièrement bien pilotée cette année, emmenée par Marianne Ferrand la délicieuse, compétente et passionnée directrice de la MJC à l’origine du Festival. Le reste de la soirée fut présentée et animée par Gaël qui n’a pas hésité cette année à payer de sa personne en endossant le costume très seyant et la moustache (rase ça très vite pitié !!!) du super-anti-héros.
(oui j'aurais dû m'approcher...)
Il y a évidemment le moment incontournable de la remise des prix où mon cœur palpite autant que celui des participants : deux grosses, énormes, colossales déceptions et un grand bonheur (deux fois répété) pour moi… et le moment quasi inévitable mais drôle où il y a quasiment autant de personnes sur scène que dans la salle (non, c’est faux, le théâtre est plein à craquer).
La suite au « Zhéros » n’était pas décevante. Bien que certains réalisateurs devaient partir très loin et très tôt le lendemain matin, ils n’ont pas rechigné (au contraire) à faire la fête jusqu’au bout de la nuit. Certains timides, discrets, pudiques et calmes se révélant particulièrement fêtards…
3 réalisateurs, 1 comédienne, 1 directeur de la photo, 2 membres du jury et une ex membre...
Voilà, c’est fini… pardon pour tous ceux que je n’ai pas cités. Au plus vite, je vous parle des films de la compétition et du film de clôture qui sortira en salle le 4 mars (petits veinards, c’est une splendeur).
A suivre…
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P.S. : pour finir, un ptit "truc" perso qui nous a bien fait rire (heureuses et simples natures que nous sommes)...