GRAVE
de Julia Ducournau **
Avec Garance Marillier, Ella Rumpf, Rabah Naït Oufella, Laurent Lucas, Joanna Preiss, Bouli Lanners
Synopsis : Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur ainée est également élève.
Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature.
Précédé d'une excellente réputation, couvert de louanges, multiprimé dans les festivals, j'ai "raté ce film aux derniers festivals de Strasbourg et Annonay et mon impatience ne cessait d'augmenter tant je devais assister à un spectacle inédit et enthousiasmant. Mouais.
Est-ce mon manque de références en matière de films d'horreur qui a fait que j'ai peu adhéré ? Peut-être. Ou pas. On ne sait pas toujours devant quel objet on se trouve et quels thèmes il aborde : passage à l'âge adulte, découverte de la sexualité, conquête de son corps et de l'indépendance ? Tout cela à la fois, pourquoi pas ? Ou simplement ne s'agit-il que d'un film trash avec du sang et du cannibalisme dedans. Mais j'en doute, je crois que la réalisatrice a vraiment voulu brasser les thèmes tout en les intégrant dans un film de genre. Ici donc l'épouvante-horreur-gore !
La pauvre Justine est une élève un peu fade, sérieuse et docile qui ne demande qu'à passer inaperçue. Même au cours des épreuves dégradantes et complètement débiles de bizutage (je tiens à préciser que déjà lors de ma folle jeunesse et mon passage en fac', j'étais une vieille conne réac' qui n'approuvait pas ces "plaisanteries"...), elle la joue profil bas, jusqu'à ce que sa propre sœur l'oblige à avaler des reins de lapin crus, de la viande donc, comme l'un des rites d'apprentissage ! Rapidement elle développe une réaction allergique maousse sur tout le corps, se met à renifler de la viande dans le réfrigérateur et regarde avec un appétit gourmand le beau corps musculeux de son co-locataire Adrien (Rabah Naït Oufella, très beau et très bon). Elle sniffe la moindre goutte de sang comme un vampire par une nuit de pleine lune et se transforme peu à peu en bombasse hyper sexuée. Les rapports d'amour/haine qu'elle entretient avec sa sœur ne cessent de revenir au centre des débats. Quant aux parents, végétariens intégristes, ils semblent ne pas se douter de ce que vivent leurs enfants dans cette école vétérinaire qu'ils ont eux-mêmes fréquentée.
Le film ne m'a ni captivée ni scandalisée. Je lui ai trouvé des qualités mais aussi de fâcheuses baisses de rythme notamment dès que la sœur aînée entre en scène. Malgré l'importance de son rôle, j'ai trouvé que le film perdait de son énergie et de son pouvoir horrifique (malgré tous ses efforts) dès qu'elle apparaissait. Est-ce que cela tient à l'actrice (pas terrible) ou à son rôle mal écrit ? J'ai parfois trouvé que tout cela manquait de "liant" et que les scènes s'empilaient pour remplir le cahier des charges et masquer le manque de fluidité d'une histoire qui aurait pu tenir en un court ou moyen métrage ou aussi pour accumuler les scènes destinées à choquer. J'ai également trouvé aberrant que les blessures auxquelles sont sujets les étudiants ne fassent pas l'objet de plus d'attention de la part des adultes !
Bref, je ne suis pas convaincue par le pouvoir créatif de ce film. Mais à son crédit, je dois noter un twist final qu'il est de bon ton pour ne pas avoir l'air d'une idiote de dire qu'on le sentait arriver, auquel évidemment je ne m'attendais pas du tout et qui m'a époustouflée. Et surtout la présence, l'interprétation dingues de Garance Marillier qui se transforme, opère une métamorphose impressionnante au cours du film. Elle s'est offerte corps et âme avec intelligence ou inconscience à ce rôle dément vraiment pas facile ! J'ai eu l'impression de découvrir une actrice de la trempe d'une Adèle Haenel, la combattante. A suivre donc !