PRENDRE FEMME de Ronit Elkabetz ***
Entre un mari gentil, doux, qui ne boit pas, qui ne la bat pas, qui travaille (le rêve pour une femme) MAIS qui n’intervient dans l’éducation des quatre enfants que pour constater « voilà le résultat de l’éducation que tu leur donnes », et qui mène sa vie au rythme du Talmud et des prières à la synagogue, et un amant qui a trop hésité et lui offre en cadeau un sandwich à l’harissa… une femme hésite et pète un câble !
C’est un film magnifique et surprenant : la plus grande scène de ménage hyper réaliste jamais vue depuis « Qui a peur de Virginia Woolf ».
Un monde fou gravite autour de cette femme : son mari, quatre enfants, une grand-mère, un amant, des amies, quatre ou cinq frères, des oncles, des voisins… et tout se passe pratiquement dans les 10 m² d’une cuisine. Tout le monde réagit, intervient, se mêle pour que ce couple se réconcilie. On comprend que cette femme, malgré des velléités d’indépendance et d’émancipation étouffe et suffoque jusqu’à une scène d’hystérie insoutenable.
La femme c’est Ronit Elkabetz, elle est divine, on dirait Maria Callas, le mari c’est Simon Abkarian (magnifique) et l’interprétation est sans faille.
A voir avec en cerise sur gâteau une scène très « In the mood for love » avec violon obsédant, ralenti et pluie battante… et comble de la sensualité : UN BAISER ! Ce qui tendrait à prouver que les marocains sont plus entreprenants que les chinois.