Les brigades du Tigre de Jérôme Cornuau°
Prenez des anarchistes, des truands, des flics ripoux, des politiciens véreux, un prince et une princesse, une jolie pute au grand coeur et des incorruptibles... secouez fort (sinon ça fait des grumeaux), agitez votre caméra, montez, développez et appelez cela "Les Brigades du Tigre".
Et oui, shame on me, je n'ai pas aimé, je me suis ennuyée, et l'ennui, je ne le pardonne pas. Pourtant, je me rendais à la projection de ce film fraîche et pure comme l'agneau qui vient de naître car je fais partie d'une espèce en voie de disparition qui n'a vu aucun épisode de la série culte...bien que faisant partie d'une génération que les moins de vingt ans etc, etc... Autre lacune, je n'avais pas révisé mon programme de terminale (qui date de l'avant-dernière canicule il faut le reconnaître !!!) et j'avoue que les emprunts russes, la triple entente et les De Dion Bouton, j'avais un peu zappés... et ce ne sont pas les tirades ampoulées des protagonistes qui vont me permettre de repasser le bac avec succès.
Sinon, le film habillé d'une bande son et musicale tonitruante est plus qu'étrange et ne cesse d'osciller ou d'hésiter entre comédie burlesque et drame épouvantable. Les scènes s'enchaînent (essayez de répéter ça 10 fois sans bafouiller...) de façon frénétique et on imagine bien des cartons explicatifs venant s'insérer sur l'écran entre chaque scène. L'écran dégouline de millions de dollars : reconstitution appliquée, casting luxueux (quand je pense que je connais des réalisateurs... enfin, au moins un, avec une sensibilité à fleur de peau qui ne trouve que rarement leurs financements !!!). Les personnages étant aussi attachants et attirants que ma feuille d'impôts... je parlerai du casting, qui étonnamment semble très concerné, très concentré, consciencieux et même zélé et qui pourtant ne m'a pas impressionnée.
Clovis Cornillac (par ailleurs toujours excellent et différent) a le visage figé dans une expression unique : la contrariété, mou boudeuse, front plissé. Jacques Gamblin semble fatigué et pressé d'en finir (il est d'ailleurs exaucé). Edouard Baer se régale en dandy cynique mais amoureux. Stefano Accorsi m'a paru irréprochable. Thierry Frémont surjoue honteusement un anarchiste accro à l'opium et sadique. Olivier Gourmet, acteur dramatiquement belge, essaye de nous la jouer (ou de se la jouer) acteur méridional avec accent à couper au couteau ("oh pute vierge" ah ah ah !!!). A deux reprises, il tente même le double salto arrière : un fourire... ce qui lui est aussi naturel que les larmes chez Bozo le Clown. Léa Drucker est adorable. L'arrière garde de cinquantenaires et plus (Philippe Duquesne, Gérard Jugnot, Didier Flamant...) assure le minimum syndical. Je n'oublie pas Diane Kruger qui porte comme personne la robe et les oripeaux de princesse : en princesse anar, passionnaria sacrifiée, elle est impériale et raide comme un passe-lacets. Elle nous présente une cinquantaine de fois son profil parfait, sa plastique irréprochable et sa chevelure impeccable... mais jamais, sous son teint de porcelaine, on ne sent vibrer la passion.
Tout ceci est assez long voire interminable, entrecoupé de scènes d'Opéra ("Yvan le Terrible") sensées être explicatives des motivations de chacun mais qui plombent encore davantage l'atmosphère parfois lourdingue.
Je terminerai en disant que c'est d'une brutalité, d'une sauvagerie et d'une violence inouïes et que c'est d'autant plus surprenant que, je le répète, ce film ne sait pas toujours s'il est une farce ou un drame.
J'arrête avant que ça ne ressemble à une entreprise de démolition...