V pour Vendetta de James Mc Teigue**
Ça commençait plutôt bien. Dans un futur proche, un pays vit sous un régime totalitaire : couvre-feu à 23 h (sinon vous risquez de vous faire trucider, ou violer, ou les deux par les membres de la milice qui rôde : « Le Doigt »), tyran qui aboie ses ordres et ses discours via des écrans géants (c’est John Hurt qui s’y colle… oui, oui comme dans « 1984 »), portrait du tyran de 2 m sur 1 dans tous les foyers, expériences médicales réalisées sur des cobayes vivants, déportation des homosexuels et de tous opposants au régime, médias contrôlés par l’état, exercice du pouvoir basé sur la terreur… et j’en passe. C’est de la fiction. Mais tout le monde a reconnu l’Angleterre… et de ce côté-ci de la baguette et du béret, c’est assez comique de voir comment les yankees traitent leurs amis rosbif.
Une nuit qu’une gentille mignonne, Evey (Natalie-Amidala-Portman) est sur le point d’y passer, surgit hors de la nuit un inconnu à cape noire qui la sauve d’un sale quart d’heure… C’est ici que la cinéphile toujours en quête du super héros prêt à sauver la planète ou à défaut, à rétablir la démocratie là où elle a déserté, s’écrie : « alleluia » !!! Evidemment le héros manie le sabre à double lame comme personne et porte la cape et les bottes de belle façon (Bravo à Hugo Weaving sous le masque : Oscar de l'acteur humble…) mais il porte aussi un masque un peu grotesque (et une perruque à la Chantal Goya), réplique du visage d’un anarchiste du XVIIème qui souhaitait faire sauter le Parlement pour restaurer la souveraineté du peuple. Bien. Et justement, faire sauter le Parlement, Big Ben et tout le tremblement, c’est le but du héros…
Appelons-le V, pour Vendetta.
Jusque là tout va bien, c’est beau, bien fait, mouvementé, intrigant et mystérieux. Il y a même de bien belles scènes, comme celle où des milliers d’anonymes masqués comme V, avancent désarmés vers une troupe casquée, bottée, armée jusqu’aux dents (entre autre).
Là, on a un peu envie de lever la main en signant V, pour Victory...
Et puis on s’aperçoit que les motivations de V n’ont pour seul objectif que la vengeance personnelle. En effet, dans un autre temps, il fut un cobaye de la médecine qui l’a transformé en steak tartare (d’où le masque) avant qu’il ne s’échappe… ce qui l’a rendu très cultivé, très solitaire, collectionneur, un peu à l’ouest (il se prend pour Edmond Dantès) et immunisé contre les rafales de mitraillette. Devenir poseur de bombinettes par revanche personnelle n’est déjà pas bien glorieux mais ce qu’il fait subir à Evey (Natalie-Skywalker-Portman… qui a vraiment un don pour se mettre dans les pattes de tous les mecs qui sont du côté obscur…) pour qu’elle n’ait plus jamais peur de rien et trouve la liberté est assez hallucinant et inexplicable. Là, est le premier dérapage incontrôlé de ce film qui hésite entre héroïque fantasy, satire politique et histoire d'amour. Et oui, Evey et V s'aiment d'amour. A cela s'ajoute une histoire d'amour lesbien qui tombe comme un cheveu sur la soupe dans la dernière demi-heure du film : on avait compris, avec un peu plus de subtilité, que les homosexuels n'étaient pas les bienvenus (magnifique Stephen Fry)...
Faire l’apologie de la violence, de la torture (sur et contre la personne qu'on aime le plus au monde. !!!) et du terrorisme pour gagner l’indépendance, je dis NON et excusez-moi, je vais vomir…