SLEVIN de Paul MC Guigan *
C’est toujours l’été et certains films se consomment frais (même s’ils ne le sont pas) et entrent directement dans la catégorie « sitôt vus, sitôt oubliés». Un réalisateur qui aurait été perfusé à la Tarantinade , se serait shooté à « Seven » et aurait été bercé à grands coups de « Mort aux trousses » pourrait commettre « Slevin » et malgré les références ne pas faire un chef d’œuvre !
Vous suivez ???
Moi, non plus.
Si Brad Pitt n’est pas libre (pour cause de « marmaillage ») prenez Josh Hartnett (trop « cute »), Morgan Freeman et Sir Ben Kingsley (pour les pointures, mais pris quand même ici en flagrant délit de cabotinage en phase terminale s’ils ne se ressaisissent pas un jour…), Bruce Willis (pour le rôle du gars qui ne bouge pas une oreille même quand ça canarde à tout va) et Lucy Liu (œil de biche et gamineries : insupportable !) et hop, emballez c’est pesé.
L’histoire : accrochez-vous au pinceau j’retire l’échelle.
Slevin (Josh donc) est un type qui n’a pas la baracca du tout, le même jour il perd son boulot, se fait piquer sa nana (dans une sublime scène toute en délicatesse… je vous laisse découvrir) et se fait péter le nez en arrivant à New-York où il décide de venir se mettre au vert chez son pote Nick. Un quart d’heure plus tard, deux types patibulaires (mais presque) entrent brutalement et lui re-pètent le nez en lui disant «Eh, Nick, le Boss t’attend». Mais je ne suis pas Nick et je connais pas le Boss qu’il dit. Oui, mais Le Boss te connaît, qu’ils répondent. Il n’a pas le temps de s’habiller et il se rend chez le Boss tout nu (ou presque) en plein hiver et il a froid. Comme Josh n’est pas huilé comme Brad, je passe sur les détails anatomiques et les commentaires de Lucy Liu qui passait par là et qui voit son zizi. Nous, on ne le voit pas il est de dos !!! Slevin rencontre le Boss qui lui dit « vu que tu me dois 96 000 dollars Nick (tout le monde le prend pour Nick) j’annule ta dette si tu tues Yakov, le fils du Rabbin ». Bon d’accord qu’il dit. Slevin, c’est pas le genre de gars à chercher des poux dans la tête du Boss.
En sortant de là, deux sbires l’interceptent, lui pètent le nez et lui disent « le Rabbin veut te voir Nick ». Mais je m’appelle pas Nick et je connais pas le Rabbin qu’il répond. Ouais mais le Rabbin il te connaît Nick. Pas fier et pas contrariant, Slevin suit les deux gars et le Rabbin lui dit « Salut, Nick, vu que tu me dois 30 000 dollars, faudrait peut-être penser à me les rendre. Je te donne trois jours ». Slevin qui n’est vraiment pas d’humeur à contrarier qui que se soit dit : ok Rabbin mais donnez-moi 7 jours. Là, on se dit, il est con, il va finir par se faire péter le nez. Et puis non, le Rabbin, c’est un mec cool.
A partir de là, y’a des morts, y’a du sang, parfois y’a Bruce Willis qui passe dire bonjour et on voit bien qu’il est pas net-net mais qu’il ne ferait jamais de mal à un enfant. Lucy Liu, elle roule des billes en minaudant, elle est là pour ça, mission accomplie.
Slevin, dans son malheur, il a un vache d’avantage : il est atteint d’ataraxie en conséquence de quoi il est indifférent à tout. Exemple : si un mec lui dit : « je te préviens Nick (ne pas oublier que tout le monde le prend pour Nick… c’est essentiel) si tu continues à me les briser menu, je vais te tuer »… Au bout d’un moment on sent bien que de lui péter le nez, ça ne fait plus kiffer personne. Et bien Slevin (nous on sait que c’est pas lui Nick !) il répond : « tu ne pourras me tuer qu’une fois ». C’est pas cool ça ???
A un moment je me suis quand même dit que le comique involontaire de ce film avait quelque chose de savoureux. Par ailleurs si l’Oscar des plus laids décors et costumes jamais vus est créé un jour, ce film l’obtiendra même rétroactivement. C’est d’une laideur à hurler.
Et puis, un quart d’heure avant la fin, alors que mes douleurs intercostales devenaient à la limite du supportable (rire autant c’est pas humain), apparaît Robert Forster (déjà génial dans « Jackie Brown » entre autre) et tout s’accélère et, je ne sais si j’ai loupé un épisode ou si j’ai dormi entre deux O.K. mais Monsieur Mc Guigan nous concocte une fin du tonnerre que j’avais pas vu venir, et là surprise totale, le final est inattendu, épatant et surprenant. Alors ? Merci qui ?
Et voilà comment un film se retrouve propulsé direct dans ma catégorie : « bof, mais pourquoi pas ».
"Slevin" : le film où Josh Hartnett se fait péter le nez !!!