ANNONAY : Chapitre II, LE FILM !
« LA VRAIE VIE EST AILLEURS » * * * *
de Frédéric Choffat, scénariste Julie Gilbert
Gare de Genève. Une femme va à Marseille donner une conférence capitale pour sa carrière. Un homme part rejoindre sa femme qui vient d’accoucher à Berlin. Une jeune fille décide d’aller vivre à Naples. Trois journées à la fois banales et extra-ordinaires pour trois personnages qui vont chacun faire une rencontre exceptionnelle les amenant à se poser cette question : « la vraie vie est-elle ailleurs ? ».
Le film s’ouvre sur un plan séquence énergique où les trois personnages principaux, qui ne se rencontreront jamais, prennent un couloir différent qui doit les mener à leur destination. Chacun va faire une rencontre. Dès lors l’espace se réduit et chaque histoire devient un huis clos à deux personnages : une chambre d’hôtel, un quai de gare vide, un compartiment de train.
La première audace de Frédéric Choffat est de ne pas avoir transformé son film en trois sketches traités séparément et de façon linéaire. On passe régulièrement d’une histoire à l’autre de façon fluide et subtile ce qui crée une tension et un suspens captivant. Chaque « couple » se cherche, se forme dans la méfiance, l’attirance ou l’agacement. Les six personnages ont un point commun : la surprise et l’éblouissement de ce qu’ils vont vivre et qui n’aboutira pas forcément au sexe.
Il s’agit d’une parenthèse enchantée dans leur parcours, d’un éternel amour de quelques heures où les corps et la parole se cherchent et s’explorent sans cesse pour aboutir à une sorte de fusion hors du temps. Ce qui est surprenant et émouvant c’est que le geste le plus bouleversant est un geste finalement inabouti : l’homme dans le compartiment du train est réveillé par la jeune fille avec qui il a discuté une bonne partie de la nuit. Tout embrumé par cette nuit sans sommeil, il s’éveille en sursautant et dirige instinctivement ses mains vers le visage de la jeune fille penché sur lui. Tous les deux souriront, conscients que cette nuit de communion va bien au-delà du contact physique.
Que dire encore du travail d’improvisation des comédiens magnifiques, du cœur qui palpite en les regardant vivre leur aventure si douce et si banale, de la musique un peu jazzy qui berce l’ensemble ? C’est tout simplement magique.
Un beau film sur les hasards, les coïncidences, les rencontres… tout est inattendu.
Commentaires
Mon budget ciné va devoir être revu à la hausse.
Ed. le cinéma est magique... je ne cesse de m'en extasier !
aaaaaah ! ça c'est le film qui me fait déjà vibrer !
j'aime les histoires à la croisée des chemins de fer, et les gares à la Proust.
chouette ! extra ! it's a kind of magic ! viele danke ! besos !
Lis pas tout Pascale, mais lis au moins ma note sur Das Leben der Anderen, je l'ai un peu écrite pour toi, même si tu étais en train de voir plein d'autres films magnifiques. Après tout, je crois bien que c'est un premier long métrage aussi.
Voilà, voté pour toi chez l'autre.
C'est à qui qu'on dit merci...?
Sinon, se finit au moins bien, ton film...?
Z'ous!
Pourquoi y viennent pas mes commentaire???
Raciste, vas!
Hmm, pas d'accord avec le titre, mais bon, cela a l'air intéressant d'après ta description.
Yapa, ainsi vendu, il fait très envie ce film.
Oui, beau beau film qui parle comme jamais des hasards qui peuvent faire basculer les certitudes !
Je signale à Miss Milka (merci pour le votage) que ce film est Suisse !
Bonjour Pascale !
merci pour ce beau texte sur notre film. C'était un vrai plaisir d'être au festival d'Annonay et de te rencontrer 42 secondes à la sortie de la projection.
Merci de ce soutien, merci de ces belles critiques, on en a toujours besoin, et ça nous donne presque l'impression qu'on ne court pas dans tous les sens (et ailleurs) en vain...
En attendant, et en espérant que le film sortira en France... (il est actuellement en 5ème semaine d'exploitation en Suisse)
... d'ici là, bon vent !
Fred
Fred, Ne trouves-tu pas que quand le réalisateur en personne vient mettre un commentaire sur un blog il prend de la valeur ?
Moi si.
Merci donc d'avoir pris de ton temps précieux sur ce marathon (qui ne sera pas vain) pour t'arrêter sur Ma Route...
Quand un film (tel que le tien) me provoque une belle secousse, je le défends bec et ongle, corps et âme jusqu'à plus d'arguments.
Je ne sais ce que veut dire "5 semaines d'exploitation en Suisse"... en tout cas en France, ce serait signe d'une belle réussite. J'en suis ravie, c'est mérité et je guetterai sa sortie en France pour le rappeler au bon souvenir de mes visiteurs.
Julie et toi avez dû voir du pays et constater qu'en France à Annonay nos "Douglas" sont bien traités !!!
ben c'est sûr.