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Festival de Cabourg, épilogue : les courts métrages

Je choisis de vous parler des 12 courts métrages que j’ai vus de la manière la plus subjective qui soit (c’est mon côté punk) : dans l’ordre de mes préférences… quoique je doive reconnaître que TOUS les films présentés ont été des surprises et que le point commun (selon moi) est en tout cas la qualité de l’interprétation.

Plus ou moins de Gianguido Spinelli * * * *

 

Avec Serge Kribus, Eriko Takeda

Amoureux jusqu’à l’obsession de la voix féminine de sa montre parlante de fabrication japonaise, un quadragénaire solitaire passe le plus clair de son temps à l’écouter. Jusqu’au jour où, à force de faire joujou avec son gadget, celui-ci finit par tomber en panne.

L’idée de génie est d’avoir enfermé une fille dans cette montre où elle vit sa vie de Geisha disponible (à chaque fois que l’homme appuie sur le mécanisme, elle lui donne l’heure, souriante, esclave consentante) dans un intérieur japonisant : ikebana, kimono, cérémonie du thé… qui s’oppose à la vie terne et grise de ce bureaucrate terne et gris. On ne peut s’empêcher d’évoquer « Brazil » pour l’atmosphère oppressante d’une administration lourde, et « I love you » de Marco Ferreri pour l’obsession fétichiste du héros envers un objet de fantasme. Les trouvailles se succèdent : lorsque l’homme abuse du mécanisme de la montre, la fille tombe malade et perd la voix… Le burlesque côtoie le tragique et la quasi absence de dialogue rend ce film envoûtant.

Un véritable petit bijou irrésistible, MON coup de cœur absolu.

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Morganez de David Tradé * * *

Avec Philippe Nahon, Beaudoin Trocheris, Fleur Dias Blanco

Fin de marée noire. Pour le vie Léon et le petit Pierre, la pêche va reprendre. Tous deux s’occupent depuis peu d’une petite fille handicapée qui va mal, très mal. Vissée dans son fauteuil roulant, elle ne rêve que d’une chose du haut de la falaise. Et si Pierre ne veut pas le faire, Léon s’en chargera.

Tout dans ce film me semble être de la poésie à l’état pur. Seul film fantastique de la sélection, l’ambiance mystérieuse du début, l’atmosphère désolante et désolée de cette fin de marée noire, la tristesse ou le désespoir des enfants sont un enchantement. Comment imaginer qu’une petite fille d’une dizaine d’années, même handicapée, puisse se suicider ? J’ai préféré y voir un conte fabuleux, ce qui m’est confirmé par les nombreux indices semés dans le film : des bains répétés, les jambes cachées de la petite fille, des écailles sur la chaise roulante, une ombre blanche et lumineuse qui s’éloigne… Une merveille !

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Chute Libre d’Olivier Dorigan * * *

 

Avec Jean-François Stevenin et Aurore Clément

Jeanne et Louis sont à la veille d’un grand voyage. Entre l’urgence des derniers préparatifs et l’envie de se laisser aller, le temps passe trop vite. Le lendemain, l’avion décolle enfin. Le couple ne s’est jamais senti aussi libre.

Les deux acteurs, deux géants, deux présences, deux évidences, n’ont pas à parler pour qu’on croit que leur couple existe depuis des décennies. Le mystère qui s’installe : où vont-ils ? que préparent-ils ? est quasiment accessoire en comparaison du bonheur de les voir évoluer ensemble. Et si la fin n’est pas explicite, je pense que ce doit être cela l’amour : se jeter dans le vide !

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Infrarouge de Lionel Mougin * * *

Avec Manuel Vallade, Amélie Daure

Les sensations, les émotions, le ressenti des choses et des êtres pour Samuel, non voyant depuis la naissance.

Ce n’est pas un documentaire mais bien un film, touchant, plein de douceur et de sensations qui place le spectateur dans la tête et les yeux d’un aveugle. L’utilisation du split screen (écran divisé) n’apporte rien à ce film admirablement interprété qui fait battre le cœur.

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Le bal perdu d’Alfredo Diaz Perez * *

 

Avec Mireille Perrrier, Dominic Gould

Amnésique depuis dix mois, Nina, trente-sept ans, vit prisonnière d’un moment perpétuel dans un temps zéro. Tous les jours, elle s’imagine qu’elle a vingt ans et que c’est dimanche. Bruno, son mari, est devenu un étranger pour elle. Aujourd’hui, c’est dimanche et il y a bal à la plage. Lydia est venue et Bruno a pris une décision. Il attend, quelque chose qui ne viendra pas...

Il y a beaucoup de douceur et d’émotion dans ce film qui évoque une terrible maladie qui rend tous les souvenirs heureux cruels et où l’oubli qui s’installe efface les années vécues ensemble.

Les deux interprètes sont magnifiques. Dommage que ce joli film soit plombé par des scènes de sexe répétitives et vraiment pas indispensables.

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Même pas mort de Claudine Natkin * *

Avec Chloé Jager Berger, Marjorie Piat, Marty Simeon

Chloé, dix ans, joue au foot, crache, ne pleure jamais, ne supporte pas les autres filles, les pleurnicheuses. Un jour, Marie, jolie petite blonde acidulée, participe pour la première fois aux jeux (stupides) de Chloé et de sa bande de garçons. La féminité de Marie ébranle l’assurance de Chloé, et l’équilibre du petit groupe d’enfants.

Encore ou enfin un film qui va à l’encontre de certains clichés telle que la sacro-sainte innocence des enfants. Ils sont tout sauf innocents. Quand ils ne sont pas amoureux ou quand ils le sont trop, ils sont cruels, jaloux, bêtes et méchants. Malgré la dureté, le drame absolu qui se joue et la merveilleuse étreinte finale… on a du mal à comprendre, compte tenu du dénouement, à qui est destiné ce film qui évoque le très dangereux « jeu du foulard » pratiqué dans certaines écoles !

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Valériane va en ville d’Alban Mench * *

Avec Ophélia Kolb, Alexandre Jazédé

Valériane, jeune fille fantasque, naïve et sentimentale croit en l’amour et le cherche dans tous les garçons qu’elle rencontre. Elle pose son dévolu sur Jason, jeune intello coincé qui la rejette d’abord.

Inégal et farfelu, « Valériane… » offre de vraies fulgurances cocasses. La fin, surprenante, est émouvante, et en outre j'aurais bien donné le prix d'interprétation aux deux acteurs Ophélia et Alexandre...

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Magic Paris d’Alice Winocour * *

 

Avec Johanna Ter Steege, Eriq Ebouaney

Kate vient passer un week-end seule à Paris. Nous ne saurons jamais pourquoi. Dans cette ville, qu'elle ne connait pas, elle va rencontrer un homme et son chien et se perdre dans Paris...

Voici le film qui a été primé (à l’unanimité, moins une voix...) par le jury du court métrage. L’actrice a reçu le prix d’interprétation (amplement mérité).

Malgré mon côté midinette, fleur bleue et sentimentale toujours prête à m’émouvoir à la moindre historiette d’amour, je n’ai pas cru un instant à cette rencontre. La deuxième partie, où Kate est perdue seule dans Paris, d’abord guillerette puis franchement angoissée est nettement supérieure et installe un véritable climat anxiogène. J’ai oublié la troisième partie et le dénouement...

Pour cette deuxième partie, vraiment réussie, à la fois originale et réaliste, j’ai donné sans hésitation ma voix à l’actrice qui a obtenu le prix d’interprétation.

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De l’amour d’Aure Atika * *

Avec Sara Viot, Jonathan Zaccaï, Jean-Pierre Lorit

A la veille de partir en vacances, Paul découvre que Vic, sa compagne a fait une vidéo coquine avec Bobby, son ex amoureux. Jaloux et très contrarié, il remet en question les vacances et jusqu’à leur relation. Vic décide d’aller chez Bobby récupérer cette vidéo.

Ça démarre très mal avec une scène où les deux acteurs, mal à l’aise semblent réciter un dialogue un peu balourd. L’arrivée de Jonathan Zaccaï est une bouffée d’air pur, un tourbillon, un rayon de soleil… Pour sa présence, sa drôlerie, la finesse de son jeu, sa loufoquerie… pour son interprétation donc… il a obtenu le prix.

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Le parloir de Marie Vernalde *

Avec Marie Vernalde, Patrick Catalifo

Le temps d’un parloir, l’intimité d’un homme et d’une femme volée à l’univers carcéral. L’homme veut faire l’amour, la femme se refuse, puis se donne…

C’est bref, rapide, urgent. Patrick Catalifo est parfait en homme bourru, enfermé… Mais il manque ce je ne sais quoi en plus qui aurait donné plus d’âme à ce court métrage.

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Le lit froissé de Myriam Donasis *

Avec Caroline Dubreuil, Daphné Favrelière

Après une soirée pleine de connivences et un peu trop arrosée deux amies font l'amour. Le lendemain, cet acte irréfléchie crée un véritable malaise.

Difficile de comprendre pourquoi au matin, ces deux amies n’assument pas leur acte, n’en parlent pas et se quittent fâchées. Néanmoins, les deux actrices se sont offertes à leur réalisatrice de la façon la plus crue.

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Périphérique blues° de Slony Sow

 

Avec Slony Sow

Un soir, un homme en manque d’amour est mené à la périphérie de lui-même. Il va donc, comme un pt inéluctablement une forme de souffrance et d’insatisfaction sexuelle qui va le mener jusqu’à la folie...

Un parallèle est établi entre la vie des hamsters et celle des hommes. Ce décorticage psychanalytique assez prétentieux, ne convainc pas et n’intéresse pas vraiment. De toute façon, en résumé, si les garçons vont mal, c’est la faute des filles.

Commentaires

  • C'est Robinson et pas Sagamore, qui à la réflexion jouait dans le court que je mentionne précédemment. Mais impossible de retrouver le titre. Si quelqu'un voit de quoi je parle, je suis preneuse !

  • Ben tu sais dans cette famille (Jean-François, Sagamore, Robinson, Salomé, Pierre...) ils sont tous acteurs depuis qu'ils ne portent plus de couches culottes

  • J'en déduis que le "moins une voix" de magic paris, c'était toi :-D
    Je crois que j'aurais beaucoup aimé Morganez... les autres, je ne sais pas.

  • Bien vu Lolo.
    Je crois que tu aurais aimé aussi "Plus ou moins" et "Morganez" je n'en doute pas

  • "Plus ou moins", "Morganez", "même pas mort": mes trois favoris ! J'attends avec impatience les longs de ces réalisateurs. Et bravo encore à Cabourg pour la place que ce festival laisse au court-métrage! Toujours un grand moment du festival... Si j'avais su j'aurais essayé de corrompre des membres du jury pour qu'un de ces films soit primé. Quoi? Incorruptible? Même si c'est SAgamore qui te le demande?

  • Presque le même palmarès finalement... J'ai hésité pour la troisième place.
    Moi aussi j'ai hâte de voir leur long...
    Mais avant, "Nuit du court-métrage" le 10 juillet, j'ai hâte aussi.

  • Merci pour ce résumé du festival... J'y étais aussi et c'était très agréable. Ce dont tu ne parles pas beaucoup c'est la façon dont vous avez délibéré au sein du jury des courts. Finalement, aucun des films que tu as aimé n'a été récompensé. Comment se passent les débats, est-ce que tout le monde a donné son avis, comment avez-vous parlé des films diffusés? Est-ce qu'il y a plusieurs tours de vote? Ce serait intéressant que tu nous racontes plus de détails puisque tu étais au coeur de l'action... Par exemple, je trouve étrange de donner un prix d'interprétation à Jonhatan Zaccaï alors qu'il n'a que le second rôle du film d'Aure Atika... Il est bon mais c'est bizarre comme choix...
    Mon tiercé gagnant, pas forcément dans l'ordre, c'était "Plus ou moins", "Magic Paris" et "Chute Libre". Tous des beaux films, et tu vois, deux semaines après, il ne me reste d'images et d'émotions pas grands choses d'autre que ces trois films. Peut-être aussi "Même pas mort"... "Morganez", je n'ai pas du tout cru au suicide de cette jeune fille, je trouve que le film ne prend pas malgré de bons acteurs... Bon à toi maintenant de nous en dire un peu plus et bravo pour ton blog!

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