Ça commence par un beau noir et blanc intrigant et instantanément on se retrouve plongé dans l’univers de Claude Lelouch, en grande forme (enfin), virtuose du film choral et de beaux plans de route qui foncent à toute vitesse. Il embarque son joli monde (et le spectateur) dans la même folle histoire, un thriller où se confondent et se répondent les bourreaux, les victimes et les esclaves. Chez Claude Lelouch, on ne sait pas toujours qui est qui précisément et il nous perd, sans nous égarer, dans les doutes et les méfiances envers les uns et les autres.

Les aphorismes lelouchiens n’abondent pas trop (« la littérature c’est des litres et des ratures… ») mais comme toujours la direction d’acteurs est fantastique. Il rend ou donne tout leur naturel aux acteurs (tous irréprochables) et même si on ne retrouve pas « sa troupe » habituelle, il nous surprend en permettant à Dominique Pinon (impeccable) de créer un premier rôle tout en douceur et séduction, à la fois Judas et Rastignac, mais pas seulement… La révélation vient aussi d’Audrey Dana, jeune actrice, magnifique, tendue, touchante et énergique.

Plein de faux semblants et de fausses pistes, laissez vous embarquer dans ce film d’un auteur qui (m’)a manqué et qui retrouve sa verve et son talent de jeunesse. Ça fait un bien fou !