Paranoïd Park de Gus Van Sant ****
Alex ose s’aventurer dans Paranoïd Park, endroit malfamé où se réunissent les skaters quasi délinquants de Portland. En voulant échapper à un agent de sécurité qui le poursuit, il le frappe avec son skate board. L'homme tombe sur la voie ferrée et est littéralement coupé en deux par un train. Alex voudrait oublier, tout simplement, il ne se confie à personne mais il est rattrapé par l’enquête de police…
Gus Van Sant est réellement un magicien du cinéma. Il le réinvente, bouscule le spectateur et propose toujours une vision unique, inédite et personnelle de ce qu’est un film. Et il réussit à chaque fois le tour de force de re-donner envie de re-voir tous ses films précédents (en ce qui me concerne surtout « Last days » puis « Gerry » puis « Elephant »). Ce Paranoïd Park est une nouvelle aventure fascinante, troublante où on retrouve la patte du maître (flash-backs, mêmes plans répétés, acteurs qui marchent filmés de dos…) et où on s’étonne encore et encore de cette virtuosité et de cette limpidité. Son héros, le jeune Alex est interprété par un ado (non professionnel comme souvent chez Van Sant), Gabe Nevins, qui offre son visage lisse et pourtant étonnamment expressif, ses grands yeux qui s’égarent vers ce qui le ronge de l’intérieur : à la fois la culpabilité et le désir que tout redevienne comme avant. Le réalisateur parvient à filmer l'introspection, l'intériorité et à révéler les sentiments d'un personnage quasi mutique...
Alex n’est de toute façon pas un ado comme les autres car à la blonde Barbie obsédée par son (dé)pucelage, il préfèrera une autre fille, boutonneuse et beaucoup moins jolie, mais tellement plus intéressante, intuitive et lucide. Comme toujours les parents/adultes sont absents ou de vagues ombres lointaines qui tentent d’entrer en communication avec ces jeunes si seuls. Alex/Gabe est tout simplement extraordinaire et on ne le quitte pas des yeux une seconde, tant son imperturbable calme apparent est impressionnant et troublant.
Quant à la bande son, comme d’habitude, elle est à tomber par terre.
Ce qui est réjouissant également c’est de lire ce que le jeune Gabe Nevins dit depuis qu’il a tourné ce film :
«J’ai répondu à une annonce dans le journal. Je voulais être figurant. Gus m’a proposé le premier rôle. J’hésitais, c’était trop de responsabilités. Ma mère, qui connaissait ses films, m’a fait comprendre que travailler avec lui était un privilège. Je voyais des gens qui mouraient d’envie de le rencontrer sans y parvenir. J’ai fini par accepter. J’ai loué « Elephant », « My own Private Idaho » et « Will Hunting » qui m’ont renversé. Moi qui regardais les blockbusters et les comédies de mon âge, j’ai compris que le cinéma pouvait être un art… Ma vie a changé. Avant j’attendais la fin du lycée pour aller faire du skate avec les potes dans ma banlieue de Portland. Depuis la fin du tournage, j’ai des super notes. Je veux réussir et réaliser des documentaires. Gus a donné une direction à ma vie ».
Gus et le cinéma... sans doute !
Commentaires
Cela donne vraiment envie de le (re)voir! Ce jeune acteur est étonnant et il a été particulièrement bien choisi au regard de son jeu époustouflant de justesse mais aussi de ses propos... et en plus le cinéma a changé sa vie, bref c'est doublement une "belle"histoire! J'attends avec impatience la critique du "Deuxième souffle", tu as l'air encore plus enthousiaste que moi! ((je me demande si tu feras les mêmes réserves...)
Oui, il est très touchant dans le film et dans la vie aussi... Il analyse bien plein de choses. Et ça fait plaisir que des jeunes se dirigent vers des films plus "difficiles" mais pas tant que ça finalement...
Le deuxième souffle m'a emballée... compte tenu de tout ce que j'avais lu, j'y allais plus par curiosité car j'ai encore certaines scènes en mémoire du Melville... Mais c'est pour moi un grand grand film !
Les réserves tiennent à Daniel Auteuil et surtout Monica (qui n'avait rien à faire là), mais ça n'a rien enlevé aux qualités du film ce qui est très étonnant.
C'est déjà écrit et programmé pour demain... mais je ne mets qu'une note par jour, c'est déjà bien assez !
bah… quand j'ai vu la BA, j'ai cru à un thriller style hollywood, monde chouilla étriqué niveau créa, dans lequel j'ai eu un peu peur que Van Sant soit tombé.
mais là, je suis heureuse que je m'ai gourée !
à voir, donc.
Ouch !... C'est pas vrai... Je l'avais oublié celui-là... Il faut absolument que je le vois (je ronge mon frein)... Encore une priorité à ajouter... Pffffff... Je suis pas prêt de revoir Nicole...
Je l'ai trouvée très Gus Van Santienne la BA mizote... Question trouvailles... y'en a 13 à la douzaine... et la musique !!! Tu vas mourir...
J'ai même rigolé (sacré Gus). Quand Alex est appelé chez le Proviseur pour rencontrer pour la première fois le flic (super flic, chouette, compréhensif... un flic à la Van Sant quoi...), Alex traverse le couloir (comme là au-dessus sur la tof... en temps réel à la mode Gus..), ben y'a cette chanson là
http://fr.youtube.com/watch?v=dki700Xjh3k...
tordant non ? Parce que Alex, des blèmes, il en a... mais évidemment, faut comprendre l'anglais et c'est pas donné à tout le monde...
enfin un film ou l'on se retrouve :-)
c'est un pur chef d'oeuvre, la scène de la douche, celle des lettres jettées au feu etc...
à voir absolument pour ceux qui aiment le cinéma !!!
Je n'avais pas remarqué qu'on n'était pas souvent d'accord...
Ce film là est incontournable, parfait !
j'aime l'humour.
bon, j'avoue que je l'ai pas bien regardée cette BA.
on me parlait dans l'oreillette, même que ça me gavait large, mais bon, ma maman m'a bien éduquée… j'aurai juste dû lui coller un pain sans dire "mais tagu', ptain !".
[Aille donte eunedeurstainde ouaille iou say zat maille taïlor iz note ritch… iou beach !]
D'où l'intérêt d'aller au cinéma SEUL(E) !!!
Je ne l'ai pas vu mais en effet, c'est très touchant ce que dis l'acteur principal sur le réalisateur. Cela prouve qu'il faut arrêter de "catégoriser" le public adolescent, et que lui faire découvrir autre chose peut le changer...
De Gus Van sant, le premier que j'ai vu était Gerry, sur mon petit écran d'ordinateur... A la base, c'était pour le brillantissime et merveilleux et magnifique Casey Affleck (L'assassinat de Jesse James !) et j'ai découvert grâce à lui Gus Van Sant.
Son cinéma est très particulier, très sensuel, beau et audacieux
Casey est incontournable... et le cinéma de Gus aussi !
Mouarf, un 4 étoiles chez toi pour un GVS !!!
Je le pleure depuis ce film. Sa période actuelle, car le Gus fonctionne par période, me laisse de marbre. Et le prochain opus ne me rassure guère.
Suis passée par là car je viens de revoir Idaho, rapport avec la photo de la chasseuse des 2 minots ... va savoir. Tu l'as vu c'uilà ?
Et pis je lisais les mots d'amour un peu partout pour Keanu, ici ou ailleurs. Pauv' Keanu. Sérieux il est tellement beau dans ce film .... qu'on ne voit que River en fait. On est toujours du côté du plus faible hein !? Le duo fonctionne à merveille, mais c'est River qui porte tout (lui c'est comme Guillaume, j'y arrive toujours pas).
Son meilleur rôle se trouve là à Keanu, indissociable de River et de l'Idaho du Gus. Les Point Break et Matrix c'est du pipo !
Je suis Gus addict ma chère ! Je le crois, je le crains.
Mais, horreur, malheur... pas vu l'Idaho :-( J'ai jonte et j'en souffre.
Quant à Keanu, c'est le bonhomme qui me fait un effet dingue. Je sais pas trop pourquoi.
Lui pas ses rôles ! Sauf dans celui où il est dessin animéifié (moi et les titres WTF... !!!) où il me fait pleurer !
Alors il va falloir se cotiser pour t'offrir cet Idaho complètement bordélique et baroque, car il l'est !!!
MAIS la presta de River emporte tout. C'est triste, surtout qu'on sait pour le garçon. Gus n'avait sûrement pas prévu ça, mais son film en a envoyé deux direct dans les bas-fonds.
Quoiqu'il en soit, si tu aimes son cinéma tu ne peux (dois) pas passer à côté.
Et pour Keanu, ce ne sont pas ses rôles qui sont mauvais, c'est lui qui ne donne rien. Il est complètement en-dedans (peut-être le perso qui bouffe le prof.). Mais physiquement il est d'enfer, c'est clair. Surtout dans Idaho.