Vous êtes de la police ? de Romuald Beugnon ***
Simon (Jean-Pierre Cassel), inspecteur de police à la retraite est « placé » par sa fille dans une belle pension pour personnes âgées « Les Aravelles ». Cette mise à l’écart ne l’enthousiasme pas mais il est accueilli par Alfred (Jean-Claude Brialy) ancien propriétaire et actuel résident de la maison avec qui il sympathise. Quelques temps plus tard, Alfred meurt. La police conclut à un accident mais pas Simon qui reprend du service pour résoudre cette affaire de meurtre, aidé par un autre pensionnaire, Frankie (Philippe Nahon), rockeur kleptomane...
Première constatation indéniable Romuald Beugnon aime le karaoké (mes oreilles cabourgiennes en souffrent encore J) mais surtout il aime, il adore les acteurs (pardon si je me trompe) qui le lui rendent bien ici. Ça tombe bien, moi aussi j’aime les acteurs passionnément, tellement à la folie même que j’ai parfois du mal à faire admettre que j’ai aimé un film pour ses acteurs. Mais ici, en plus des partitions savoureuses mitonnées pour les interprètes, l’histoire n’est pas négligée et au contraire, le réalisateur a échafaudé un polar « agatachristien » dans un univers rarement exploré au cinéma.
En effet, on ne quitte pas les chambres, couloirs, salons et salle à manger de la maison de retraite mais à aucun moment, l’enquête ne rend claustrophobe tant elle est menée tambour battant par ces vieux qui n’ont pas dit leurs derniers mots. Exceptée Marilyne Canto (autoritaire directrice de l’établissement) qui flirte avec la quarantaine, l’âge des autres protagonistes doit s’échelonner entre 55 et 90 ans. C’est plutôt gonflé voire audacieux à une époque où l’âge, les rides et la graisse sont considérés comme des qualités ou des défauts et où le jeunisme l’emporte souvent sur tout autre considération. Le résultat est des plus réjouissant car si l’on suit l’enquête avec beaucoup d’intérêt, si le dénouement en est plutot inattendu, il faut aussi ou surtout admettre qu’on s’amuse follement tout au long de ce film épatant… et qu’éclater franchement de rire à intervalle régulier au cinéma ce n’est pas fréquent.
Il faut reconnaître également au film de Romuald Beugnon un aspect documentaire jamais pesant ni appuyé sur la vie d’une maison de retraite. Evidemment, le personnage de Simon est absolument hermétique et réfractaire à toutes les activités proposées aux résidents mais on assiste néanmoins tout à fait discrètement à tout ce qui fait le quotidien d’une telle maison : travaux manuels, après-midi télé, inénarrable karaoké, l’heure des repas, celle du coucher, les idylles qui se créent, les chamailleries qui agrémentent ou gâchent le quotidien, l’infantilisation, parfois involontaire par le personnel. Si l’on rit de certaines situations, ce n’est jamais aux dépens des personnages, ce qui est aussi un autre tour de force du regard juste et tendre que porte le réalisateur sur ces vieux dont certains sont véritablement en maison de retraite et se sont prêtés au jeu de la fiction.
Quant à la prestation des acteurs professionnels, elle est un délice de tous les instants et ils se sont visiblement régalés avec leur rôle respectif : Jean-Claude Brialy roublard et facétieux, Jean-Pierre Cassel ronchon et entêté (il faut le voir du fond de son fauteuil roulant ou de son lit présenter sa carte de flic aux résidents !!!) sont vifs et impériaux.
Mais il ne faut pas oublier Yolande Moreau douce et poétique, Micheline Presle malicieuse séductrice qui carbure au prozac,
et surtout, surtout Philippe Nahon… car même si je suis loin d’avoir vu les 800 mille films auxquels il a participé (abonné aux rôles de tueurs, truands, pédophiles, méchants, taulards etc…), jamais je n’aurais imaginé qu’il pourrait me faire rire un jour. Et là, c’est un véritable festival, son interprétation tout en chemise à franges et égosillements consciencieux des « Portes du pénitencier » (chanson qu’il chante à chaque nouvel arrivant... admirez la finesse, il aurait pu choisir "Jailhouse rock" !!!) est à mourir de rire, sa participation plus tard au rituel karaoké est un délice, et toute son interprétation en assistant très appliqué du commissaire est tordante.
Fuyez « la (prétendue) légende »… et précipitez-vous pour voir ce premier film, petit bijou drôle, tendre et loufoque hors des modes, qui vous fera passer un moment vraiment jubilatoire.
Commentaires
Merci pour la chronique ! Elle me touche beaucoup.
(et encore désolé pour mes performances vocales à Cabourg ;-) )
Ouah ! la classe... le réalisateur en personne sur mon blog, j'en suis touchée aussi !
Tout le monde est touché, c'est merveilleux, la vie est belle !
En conséquence, je pardonne le kararoké de la mort (quoique)... de toute façon, j'ai moi aussi réalisé une contre-performance ce soir là...
Non mais comment elle va se la péter maintenant notre Pascale !!!
Y a pas à être désolé pour les performances vocales. C'était un moment d'anthologie si mélodieux (j'ai même la preuve litigieuse). Mais il faut dire que je m'y connais davantage en cinéma qu'en musique... c'est rassurant, non?
Des preuves !!! Misére... Euh, je veux bien les voir, ne serait ce que pour connaitre l'étendue des dégats.
Lor. : déjà que j'avais tendance...
Sandra M. : quand as-tu entendu de la musique ?
Romuald : il vaut mieux rester sur une bonne opinion de toi-même ! N'insiste pas.
bonjour.
je sais que ce films à reçu 2 récompense mais à part le prix pour Philippe Nahon je ne trouve pas les deux autres.
Quelqu'un peux m'aider ?
Par avance merci