PALMARES FESTIVAL DE CANNES 2008
Je sais que je ne vais vous faire aucune révélation, mais je tiens à vous donner mon opinion en quelques lignes quand même ! Ce palmarès est à la fois surprenant, enthousiasmant et un tantinet gâché (mais pas diminué) par une, voire deux, fautes impardonnables qui me laissent un arrière goût dont je ne parviens pas à me débarrasser. Mais au fond, être dérangée par Sean Penn, je ne pouvais que m’y attendre !
Avant toute chose, je suis ravie, enchantée que la Palme d’Or revienne à Laurent Cantet pour son film « Entre les murs » qui, hélas pour nous pauvres mortels non accrédités, ne sera visible que le 15 octobre. Le thème, l’apprentissage de la démocratie par des élèves de quatrième d’un collège parisien réputé « difficile » et qui répondent aux doux prénoms d’Esméralda, Souleymane ou Khoumba, promet en effet de belles surprises.
L’enthousiasme, la sincérité, la fraîcheur et l’émotion de l’équipe à monter les marches mythiques une première fois, puis une seconde, pour enfin venir chercher la Palme, récompense suprême, la plus respectée dans le monde entier, étaient vraiment très sympathiques à vivre.
Par ailleurs, les films de Laurent Cantet « Ressources humaines » (un vrai choc, voyez le si vous ne l’avez jamais fait) et « L’emploi du temps » sont d’un tel niveau que je ne doute pas que « Entre les murs » les surpassera encore !
Grand Prix du jury - GOMORRA de Matteo Garrone
Ou le parcours de 6 personnages confrontés à la criminalité dans les villes de Naples, Scampia, Castelvolturno et Terzignon… promet sans aucun doute d’être passionnant. Sortie prévue le 13 août.
Prix de la mise en scène - Nuri Bilge Ceylan pour LES TROIS SINGES
L’acteur réalisateur turc m’avait subjuguée avec son récent « Les climats ». j’attends donc avec impatience « Les trois singes », histoire d’une famille disloquée à force de petits secrets devenus de gros mensonges et qui tente désespérément de rester unie en refusant d’affronter la vérité… Sortie prévue : prochainement
Prix du jury - IL DIVO de Paolo Sorrentino
On apprend que le réalisateur vit sous haute protection depuis ce film qui évoque la vie du Premier Ministre italien Guilio Andreotti et de ses liens avec la mafia. Sujet brûlant et passionnant donc. Sortie prévue : 10 décembre 2008
Prix d'interprétation masculine - Benicio Del Toro pour CHE
Le dyptique dont jusqu’ici je n’entends pratiquement parler que de la durée… 4 h 28 mn qui ne me font nullement peur. Le Che, Benicio et Soderbergh… j’y serai ! (Dommage que Benicio n’ait pas compris l’humour dévastateur de Valérie Lemercier…).
Sortie : octobre et novembre 2008 (le spectateur hors de Cannes n’étant sans doute pas capable d’absorber la totalité du film, grrrrrrrrrrr !)
Prix d'interprétation féminine - Sandra Corveloni pour LINHA DE PASSE
Ou l’histoire d’une femme de ménage dans la ville en transe qu’est Sao Polo qui élève seule ses quatre enfants alors qu’elle est enceinte du 5ème. Je ne connais que « Central do Brasil » et « Carnets de voyage » de ce réalisateur. J’ai adoré les deux. J’attends donc de découvrir celui-ci. Sortie : prochainement
Prix du scénario - Luc Dardenne et Jean-Pierre Dardenne pour LE SILENCE DE LORNA
Les incontournables frères du Festival… Je suis inconditionnelle de leur cinéma depuis « La promesse ». Sortie : 10 septembre.
Caméra d'Or - HUNGER de Steve McQueen (II)
Avec un tel patronyme et un sujet aussi fort : les prisons d’Irlande du Nord en 1981, nul doute qu’on peut s’attendre à un choc. Sortie : 19 novembre
Mention spéciale Caméra d'Or - ILS MOURRONT TOUS SAUF MOI de Valeria Gaia Germanica
Ou la révolte de jeunes adolescentes russes contre leurs parents. Un joli titre et un thème prometteur. Sortie : prochainement.
Palme d'or du court métrage - MEGATRON de Marian Crisan
Espérons qu’on pourra le voir…
***********************************************
Et voilà où le grand Sean et son magnifique jury se sont plantés, vautrés, affalés, ratatinés… En remettant un :
Prix spécial pour l'ensemble de leur carrière à :
Catherine Deneuve à l’affiche de « Un conte de Noël » et
Clint Eastwood réalisateur de « l’Echange » (sortie 4 février 2009, grrrrrrrrrrrrr !).
Qu’est-ce que c’est que ce prix de consolation, cet accessit de deuxième catégorie pour… « l’ensemble de leur carrière » à ces deux géants ? Nul doute que Sean et sa bande aient été envoûtés par les deux films, mais bon… il y a des tas d’autres films qui repartent bredouille, c’est le « jeu » de la compétition. La seule bonne chose aurait été de les revoir ensemble puisqu’ils avaient été co-présidents du Jury de Cannes en 1994, pour qu’ils essaient ensemble de plaisanter de cette curieuse farce. C’était gênant de voir Catherine Deneuve à l’appel de son nom se dire peut-être « c’est pour ça qu’on m’a fait revenir ? ». Non pas dans le sens « JE mérite mieux que ça », mais « le film « Un conte de Noël » mérite mieux que ça »… Elle a d’ailleurs avec classe et néanmoins beaucoup d’émotion remis les pendules à l’heure en n’évoquant QUE le film d’Arnaud Desplechin, réalisateur qui lui permet de pouvoir encore « tourner des histoires profondes, sensibles et intelligentes » et ses merveilleux et étonnants partenaires Mathieu Amalric et Jean-Paul Roussillon.
Clint était rentré chez lui. Il a bien fait !
Autant on peut remettre un prix à Manoel de Oliveira, centenaire et sans doute doyen du cinéma mondial, pour l’ensemble de sa merveilleuse carrière, autant on n’enterre pas Catherine et Clint avec un rouleau de parchemin !!!
Pourquoi pas une oraison funèbre et une rubrique nécrologique comme aux César tant qu’on y était, avec violons et ralentis évidemment ?
Et pourquoi une standing ovation à Robert de Niro (devant qui je me prosterne... mais qu'a t'il fait de marquant depuis "Casino" ou peut-être "Jackie Brown", en... 1998 ???) et rien pour Catherine Deneuve qui se renouvelle encore et toujours, "prend des risques" comme aiment à le dire les professionnels de la profession ?
Bon, je suis en colère, mais...
P.S. : Edouard Baer est très, très drôle !
Commentaires
ai ajouté ton lien sur mon blog...
Je l'ai trouvée très classe et j'ai apprécié que le jury leur décerne ce prix à deux.
Une autre façon de voir les choses : comment peut on récompenser de tels "monstres sacrés" pour un seul rôle ?
C'est vrai que ça aurait eu plus de gueule si Clint était resté.
Mais je préfère les hommages aux vivants actifs qu'aux presque morts...
:))
elle a une palme ! elle a une palme !!
Avec deux, elle pourra nager :))
Philippe : merci, bien que pour le peu que j'ai vu, on ne soit pas trop d'accord sur les bons et les mauvais. Mais je suis d'accord, on ne dit "c'est nul", on dit "j'ai rien compris"... et c'est parfois ce que je dis :-).
Doc : entièrement d'accord sur le fait de récompenser pour un film précis. Dans ce cas, on donne le prix d'interprétation à Catherine et pas à Sandra et la Palme à Clint et pas à Laurent. J'ai pas aimé cet "entre-deux". J'aime pas les entre-deux de toute façon et ce trucmuche "bitaclé" qui ressemble à que dalle, et j'aime pas non plus les hommages pour l'ensemble d'une carrière...
Elle a que dalle comme palme, elle a un paplard !
Au fait, les amis. L'on raconte que cela fait 21 ans qu'un français n'a pas eu la Palme d'Or mais Roman Polanski l'a eu en 2002 pour "Le Pianiste". Et oui, Polanski est bel et bien français.
Ah et mon étoile durant ce festival (pour certaines c'était Sean Penn ou Clint Eastwood, deux acteurs - réalisteurs que j'admire par ailleurs profondément) était Alexandra Maria Lara (en haut à gauche sur la photo des membres du jury) qui m'a ébloui dans "La Chute" d'Olivier Hirschbiegel. Quasiment tout son jeu se situe dans son magnifique regard. Sublime.
Pour info, Clint n'était pas rentré au USA ;-) il a d'ailleurs diné avec Deneuve qui a boudé le repas des primés dans un resto en face du Martinez...
Ralph McReiss : Polanski est français mais son film ne l'est pas !
Alexandra Maria était éblouissante dans "La chute", mais encore plus dans le merveilleux film de F.F. Coppola "L'homme sans âge".
http://www.surlarouteducinema.com/archive/2007/11/27/l-homme-sans-age-de-francis-ford-coppola.html
http://www.surlarouteducinema.com/archive/2007/11/16/l-homme-sans-age-de-francis-ford-coppola.html
Guimauve : Chouette ! Et il a repris du dessert ???
Bonjour,
Je voudrais avoir si possible votre e mail, afin de vous envoyer un courriel d'information sur un festival de film fait à partir d'un téléphone portable. Ce festival s'appel : le mobile film festival.
Merci de me répondre le plus rapidement possible sur mon adresse mail.
Cordialement
Laila
Je ne me souviens pas avoir entendu Sean Penn dire que c'était des prix pour l'ensemble de leur carrière. Juste un prix spécial. C'est les journalistes après qui se sont depéchés de rajouter "pour leur carrière". Je ne pense pas que Sean Penn avait envie d'enterrer Clint Eastwood ni Deneuve ^^
(Sean Penn lui a bien rigolé face à Valerie Lemercier XD)
Laila : je vous écris...
Lea : si... j'ai clairement entendu Sean le dire. Cela dit je ne pense pas du tout qu'il ait voulu les enterrer et qu'au contraire c'était pour lui une marque et une preuve d'admiration. C'est MOI qui l'ai mal perçu et ai trouvé ces prix à côté de la plaque. La preuve Catherine Deneuve avait l'air bien embarrassée (toujours selon moi) et Clint n'est pas venu le chercher !
Réponse que je donne dans ce cas-là = je sais que "Le Pianiste" a été produit de manière européenne (dont la France), mais de nos jours c'est le cas de la plupart des gros budgets; c'est comme se demander si "Un dimanche de fiançaille" devait ou non être récompensé aux Césars (questionnement étrange, surtout à Cannes où les films proviennent de tous les continents et ont les boites de prod les plus diverses).
En fait quelle que soit sa nationalité, quand un film que j'aime est récompensé je suis contente... Les prises de tête sur qui a produit quoi me passent loin au-dessus de la tête. Je me souviens des polémiques au moment de "Un long dimanche de fiançaille" présent aux Cesar.
Autant pour moi ^^
C'est vrai que moi non plus je n'aime pas trop les prix de ce genre. Mais je respecte la décision de Sean Penn qui a mon avis n'a voulu que rendre hommage à deux monuments qu'il admire énormément.
Quant à la réaction de C. Deneuve je ne saurais pas quoi dire puisque je lis par ci par là des interprétations différentes.
De toute façon, en grande fan aveugle de Sean Penn, je ne saurais contredire ses actions ^^
Ne t'excuse pas. Et moi aussi je me prosterne devant Sean Penn. Et je sais que cette décision que je trouve zarbi est encore une fois l'expression de son grand coeur enragé, sensible et impulsif ! Donc, ces prix alacon, c'est tout lui.
Ces prix sont pour moi des trucs sans intérêt et c'est "mon" interprétation. Mais sans doute d'autres ont trouvé ça très à propos. Ils ont raison aussi.
Tout le monde a tort, tout le monde a raison... c'est merveilleux. Il faudrait savoir ce qu'en pensent Catherine et Clint.
Du dessert je l'ignore mais de la soupe à la grimace sans doute ;-)
Mince c'est déjà terminé Cannes ! je suis contente pour Benicio, j'adore son côté bestial !
Assez d'accord avec toi sur Deneuve. Beaucoup de gens la trouve snob et gardent en tête uniquement ses rôles de grande bourgeoise. Or, depuis 10 ans, je trouve qu'elle prend de sacrés risques dans ses choix de rôles...
Moi je suis ravie de ce palmarès! (L'émotion de la salle au dénouement et même pendant la projection d'"Entre les murs" restera un des grands moments de ce festival!) Et je n'ai pas pris les prix d'Eastwood et de Deneuve pour des lots de consolation mais au contraire comme des distinctions significatives. Il aurait d'ailleurs été difficile d'attribuer le prix d'interprétation à Catherine Deneuve pour ce film là en particulier, d'autres dans cette compétition spécifique avec tout ce qu'elle a d'arbitraire, ayant davantage des "rôles à prix". Quant à "L'échange", même si pour moi il reste un film très (voire trop) classique, il témoigne du grand talent de réalisateur de Clint Eastwood et je trouve ce prix tout à fait approprié. Contrairement à toi, je pense que Catherine Deneuve était sincèrement émue, je la revois encore triturer son prix... Quant à savoir s'il s'agissait d'un prix pour l'ensemble de leur carrière, je ne l'ai pas compris ainsi, il ne me semble pas que Sean Penn l'ait spécifié mais je n'avais pas la traduction dans la salle et peut-être ai-je manqué un passage. Et je vous recommande vivement le film de Nuri Bilge Ceylan aussi envoûtant que les précédents et "Il Divo" pour sa réalisation époustouflante et évidemment le film des frères Dardenne qui aurait encore une fois mérité une palme d'or! Quant à Hunger, je le conseillerais à un public averti...
Marie-Net : il faudrait vraiment être à l'autre bout du monde pour ne pas savoir que c'est fini :-))
Dès toute jeune Catherine Deneuve a fait des films dérangeant ou drôles. Elle ne s'est jamais limitée à un emploi.
Sandra M. : le palmarès me réjouit aussi.
Pour l'autre affaire... Je reste sur mes positions. Si ce prix avait une signification Clint serait venu le chercher. Quant à Catherine, elle est très polie.
En ce qui concerne 'l'ensemble de la carrière', disons que devant le poste on n'entend QUE la traduction en voix off... La VO est destinée à la salle. Et la traductrice a clairement dit "ensemble de la carrière". Cela dit, ensemble de la carrière ou pas, ce prix ne me plaît pas. Maintenant, même si Catherine l'encadre sur sa cheminée tellement ce prix l'a bouleversifiée, je continuerai à aller voir ses films quand même.
Le premier film cannois qui arrive est "Waltz with Bashir" je crois. Les autres je les attends de pied ferme. Merci de m'avoir avertie pour Hunger... je me le tiendrai pour dit. Mais les films avec Steve Mac Queen sont toujours supportables non ?
Clint avait peut-être un tournage en cours, il était probablement reparti. Son film avait été projeté plusieurs jours plus tôt. J'ai lu plus haut qu'il était encore à Cannes, cela m'étonne...
Je n'ai pas vu "Waltz with Bashir" mais en ai entendu beaucoup de bien. Beaucoup regrettaient qu'il ne figure pas au palmarès. Même si je me réjouis de ce palmarès je m'interroge sur l'inventivité du cinéma ou la tournure qu'il prend étant donné la place prépondérante qu'il donne désormais au documentaire, du moins était-ce le cas dans ce festival.
Tu ne sais pas ce que donne Steve en tant que réalisateur! Le changement est radical... Et il y a Fassbinder dans son film (petite blague de Frémaux disant que le même jour le festival avait Mc Queen et Fassbinder-en fait l'acteur se nomme Fassbender!).ps: Et Edouard Baer était effectivement très très drôle mais je me demande ce que donnait son humour pour les non francophones!
Désolée, je vois bien que tu insistes, mais la discrétion m'oblige à ne pas révéler où était Clint !
Je suis aussi farceuse que Thierry Frémaux ? Il va falloir que je lui fasse savoir !
Pour Edouard, je crois que tous les non francophones (c'est à dire le reste de la planète sans humour) se comportent poliment en se disant que cet accent, il va sans doute pouvoir l'améliorer.
Mais on le sait qu'il était sur ta route, Clint!
Dur de faire aussi bien que Thierry Frémaux qui n'a pas son pareil pour dérider le public cannois (sans doute le plus difficile qui soit) .
Thierry Frémaux c'est ton Clint à toi, on le sait ! T'inquiète je vais pas lui montrer mon humour cannois !