My Father, my Lord de David Volach ***
Menahem est un petit garçon de 7 ou 8 ans qui vit à Jésuralem avec son père et sa mère. Le père est Rabbin, voue sa vie à l’étude de la Torah et impose une vie austère et froide à son entourage respectueux et soumis. Alors que tous les enfants de son âge jouent, Menahem accompagne son père à la synagogue et subit jusqu’à épuisement les longues litanies assommantes marmonnées par des religieux inflexibles. Il n’est pas rare que le petit garçon s’endorme pendant que son père continue de prier bien longtemps après la fin de l’office. Un jour, au bord de la Mer Morte, Menahem échappe à la surveillance du père et c’est le drame !
Je sors du cinéma et je tiens absolument à écrire encore sous le coup de l’émotion, tant ce (premier) film magnifique m’a emplie de tristesse et de colère. Je ne veux pas perdre cette colère tant la religion et les dégâts définitifs, irrémédiables qu’elle provoque est un des sujets qui me met le plus hors de moi. Or, je suis convaincue que le réalisateur n’est lui, pas un homme en colère. Il montre courageusement et sincèrement une réalité. Il n’y va d’ailleurs pas avec le dos du talmud avec toutes les interrogations qu’il laisse en suspens mais qu’il provoque, sur la foi, ses limites, ses exigences.
Le petit garçon docile avec ses grands beaux yeux curieux de tout m’a évoqué une petite fille elle aussi inoubliable et qui partage pour d’autres raisons que Ménahem le fait d’avoir son enfance confisquée par la folie aveugle des hommes, la petite Baktay du film « Le Cahier ».
La tristesse ne me lâche pas, même plusieurs heures après la projection, parce qu’avec le parti pris de serrer au plus près les visages (lumineux pour la mère, curieux pour l’enfant, sévère, austère pour le père), le réalisateur nous enferme avec les personnages dans leur univers restreint et nous montre les ravages de la bêtise, de l’obstination… oserai-je dire extrémisme ?
L’être intelligent, le père aimant que semble être le Rabbin n’hésite pas à dire à sa femme inconsolable, anéantie de chagrin : « on ne pleure pas le jour du Shabbat ». Lorsqu’elle se reproche d’avoir laissé l’enfant aller seul à la plage avec son père, il ajoute encore : « j’étais dans les bras de Dieu pour la prière ».
La dernière image me laisse un (très) léger espoir en l’être humain ultra religieux (mais en fait, cet espoir est celui du réalisateur, pas le mien) car le père, enfin vaincu, semble réellement mettre en doute les principes fondateurs de toute son existence.
Mais faut-il une telle épreuve, la plus injuste et inacceptable qui soit, pour qu’enfin les religieux se posent la question de la NON existence de Dieu ?
On comprend que ce film ait raflé pas mal de récompenses dans divers festivals à travers le monde, sa force, son humanité, sa douceur, sa résignation lucide forcent le respect, l’admiration et vous laisse, bercé par une musique envoûtante, ensorcelante, triste mais en colère !
Commentaires
ton post est très touchant et comme toujours, très bien écrit.
Mais je ne partage pas ta vision sur un point : ce n'est pas la religion qui est la cause, mais les hommes... Je ne suis pas de ceux qui croient que le monde serait plus juste, plus paisible sans religion, et pourtant j'ai souffert de ces "ravages" dont tu parles.
Mais je ne peux pas raisonnablement croire que si je me suis fait traiter de sale juive ou si mon grand père s'est fait tabasser à 65 ans c'est parce que la religion existe.
Je ne nie pas les ravages les dégâts (qui le pourrait ???) mais l'horreur dont tu nous parles elle vient du plus profond de l'homme.
Je considère plutôt la religion comme un formidable héritage de textes, de croyances, de traditions, de cultures ...
Ce sont les cons tout simplement qui sont en cause, et malheureusement pas uniquement ceux qui méritent l'étiquette d'extrémistes ou de fanatiques.
La majorité des cons, ou plutôt des ignorants (dont font partie des gens que j'aime et connais...)
Le père dans ce film n'agit pas et ne tient pas ces propos parce qu'il est juif et religieux. Mais parce qu'il humain, faible, (con ?) parce qu'il se TROMPE (je ne pardonne pas pour autant ce genre d'attitude), il se complairait dans un autre mirage, mensonge, dans une autre confortable chimère si il ne tirait
pas de la religion ce qu'il y cherche.
Je pense que ton discours est un peu trop facile (même si il est plein d'émotions et écrit "à vif" ) et surtout un peu trop répandu...
Il faudrait avoir une sacrée foi en l'humanité pour imaginer que nous vivrions dans la paix et le bonheur sans religion.
L'homme est selon moi fondamentalement faible et ignorant, et la religion, qu'il a créé, est justement un des plus beaux moyens qu'il a pu inventer pour sortir de cette ignorance, répondre à ses questions...
Et si elle est devenue l'outil qu'il manipule pour servir ses plus bas instincts, je ne doute pas une seconde qu'il puisse en trouver ou en fabriquer un autre sans la religion.
Il y a toujours une bonne raison pour aller tabasser un vieillard, ou pour échapper à ses devoirs d'homme libre, de père, celui qui s'abaisse à cela le fera parce que qu'il est humain, parce qu'il est faible, et pas parce que la religion existe. Mais tout simplement parce que ces gens là sont dans l'erreur et qu'ils s'y complaisent.
Si la religion n'est pas leur prétexte, ils en trouveront un autre, tu ne crois pas ?
C'est plutôt ton commentaire qui est fort et touchant parce que moi je reste une athée intégriste incapable de comprendre de quoi il s'agit dès que Dieu, Allah ou Vichnou est en cause !
"Ce n'est pas la religion qui est responsable mais les hommes", je suis d'accord avec toi à 200 %... sauf que ce sont les hommes qui ont INVENTE la... les religions et leur font dire tout et n'importe quoi, une chose et son contraire pour se justifier !
Tu dis que mon discours est facile (je suis d'accord) mais très répandu... là, j'en doute mais j'aimerais qu'il le soit bien davantage et que les gens cessent de croire à ces mythes et chimères au point d'en perdre le sens commun.
Hélas c'est toujours aux non croyants de prouver la non existence de Dieu...
Que le père (du film) soit faible et faiblement humain, qu'il se raccroche à ses illusions qu'il me semble perdre un peu sur la fin... d'accord... mais c'est bien parce qu'il est religieux (juif, chrétien ou musulman peu importe) qu'il parvient à proférer les conneries telles que "on ne pleure pas le jour du shabbat" et "j'étais dans les bras de dieu"... Pouah !
Cela dit... étant donné ma grande confiance en l'humanité, je ne doute pas une seconde que même sans les religions, l'humanité trouverait de bonnes raisons de se détester et de s'entretuer !
Le film n'en demeure pas moins un choc même si je sais que je le réduis énormément.
Et merci pour ta visite en cette période intense pour toi :-)
Shalom.
Je suis évidemment plus d'accord avec Pascale qu'avec Zoui, même si je respect son besoin de foi et de religion. Chacun vit sa vie avec les principes qu'il se choisit et qui lui sont nécessaires, mais les miens ne reposent sur aucune religion, et je ne pense pas que la religion ne m'est apporté quoi que ce soit sauf parfois, de la peine, de l'intolérance à mon égard et à l'égard de ma famille...
Ma grand-mère, catholique, a reproché à ma cousine d'être allée passer son bac plutôt que d'assister à l'enterrement de son frère, et ma tante (sa fille), catholique aussi, m'a dit le jour de l'enterrement de mon père qui n'avait jamais caché son athéisme, "il est allé rejoindre ta mère" ! Quelle ingérence de la part de gens qui ne se disent pas intégristes...
Maintenant que la connerie soit humaine, comme Pascale, je n'en ai aucun doute. Mais que l'on puisse vivre sans religion, j'en suis sûre aussi.
Dans l'émotion, deux fautes : "respecte" et "m'ait apporté"...
Désolée !
...Elle est où ta note sur le tombeau des lucioles ?...
J'espère bien la voir un de ces jours...sinon c'est même pas la peine de me parler.
@ pascale : "intense" hahaha, je ne blogue plus juste pour ne pas avoir mauvaise conscience (je ne révise pas pr autant -_- ), et comme pour les mêmes raisons je ne vais pas au cinéma, je viens TOUJOURS te lire ^^
et à la base, la religion a été inventée pour créer des règles de société et d'hygiène de vie, et pour répondre à des question angoissantes, à des peurs ancestrales et profondément humaines... Si elle est instrumentalisée de nos jours c'est souvent par des hommes qui ont une mentalité assez poussiéreuse (je reste polie) pour toujours craindre ce dont la religion était censées les protéger.
Je respecte ta façon de penser, mais gaffe : parfois les athés sont aussi obtus et bornés que certains fanatiques religieux persuadés d'être dans le "droit chemin"...
Et puis moi au fond, si je prends autant parti, je crois que c'est parce que j'ai toujours aimé les mythes...
Ed : heu, je n'ai pas BESOIN de foi ou de religion, je me sens juive parce que ma mère l'est et que ma grand mère l'était, etc,... C'est une question de culture quoi...
Après je ne pratique absolument pas et je n'ai aucune connaissance "technique" en matière de judaïsme. Je sais juste que je trouve qu'en soit la religion est plutôt une jolie histoire, assez magique en somme (un peu comme la découverte du vaccin:D) et que s'est un peu facile, naïf, de blâmer la religion plutôt que les hommes... Encore une fois, si tes proches ont tenu de tels propos, c'est leur responsabilité, ça ne peut pas être justifiée uniquement par l'interprétation foireuse qu'ils font de la religion, mais plutôt par ce qu'ils sont EUX foncièrement...
Moi, ceux que je ne comprendrai jamais, ce sont qui ne rentre jamais dans un lieu de culte, quel qu'il soit, (que ce soit aussi bien pour un mariage que pour visiter) car ça leur foutrai sois-disant des rougeurs à l'estomac et des boutons purulents partout sur le zob ou la zobinette...
L'extrémisme est religieux, et pas que.
sinon,
Elle est où, ta note sur "le tombeau de lucioles ?"
me répond pas D.T.C. !
Zoui : même si tu révises pas, ça ne t'empêche pas d'avoir les miquettes... et vlan !
Quant au "débat"... Heureusement on peut trouver des traditions et de la culture ailleurs que dans les "meeeeeeeeeerveilleux" textes religieux et heureusement encore qu'il n'y a pas que la religion pour sortir de l'ignorance.
Je n'ai pas le sentiment d'être dans le "droit chemin" ni dans un chemin plus tordu parce que je suis athée. Respecter ce que tu dis ou ce que je dis n'est pas forcément le comprendre. Je n'y comprends donc rien et revendique d'être une athée obtuse et bornée.
Ed. : tu dis que je suis la "connerie humaine" ou j'ai rêvé ? ça va pas non ???
Jordane : je ne fais pas systématiquement de note sur ce que j'ai vu à la télé.. Donc détends toi. Fais une prière ou un truc cool comme ça !
Oui, mais t'as vu, j'ai pas honte de toi !
et sinon...Elle est où ta note sur le tombeau des lucioles ?
Ed. : ce que tu es magnanime
Jordane : me dis pas que tu l'as pas trouvée !!! Euh l'autre, il l'a pas trouvée ?