JCVD de Mabrouk el Mechri ***
Jean-Claude Van Damme rentre en Belgique pour tenter de se refaire le moral en berne. Aux Etats-Unis, il est en procès contre son ex femme pour la garde de sa fille, ses finances sont au plus bas, les projets ne se bousculent pas… et sitôt entré au pays, le voilà au cœur d’une prise d’otages dans une poste où il venait retirer de l’argent.
Au centre de ce thriller parfois flippant, parfois franchement drôle, il y a JCVD, la « movie star » comme il se nomme lui-même, qui joue son propre rôle. La prise d’otages se transforme vite en show télé car des centaines de curieux veulent voir leur idole en vrai ! Quant à JC, il joue de sa notoriété pour faire l’intermédiaire entre les preneurs d’otages (dont un fan absolu) et la police qui croit que c’est lui qui est à l’origine du délit.
C’est incroyable de croire connaître si bien un acteur alors qu’en parcourant sa filmo, je pense n’avoir vu aucun de ses films. Il faut dire que jusque là, JCVD se faisait davantage remarquer pour ses aphorismes délirants que pour ses qualités d’acteur. Mais l’ennemi de JCVD, c’est JCVD lui-même, personnage musclé et sans cervelle qui a eu ce qu’il a voulu (la gloire) mais qui apparemment n’en peut plus. Il ne renie rien, ne crache pas dans la soupe qui l’a fait vivre, mais balance deux trois vérités qui ressemblent à des règlements de compte, l’abandon de John Woo qui lui devrait d’être venu à Hollywood, son remplacement dans un futur projet par Steven Seagal et le manque d’inspiration de son agent…
Si le film, objet hybride qui oscille entre fiction et réalité est loin d’être déplaisant avec notamment l’impayable acteur belge François Damien dans le rôle de l’inspecteur et une esthétique chébran très soignée, le grand intérêt, la grande et bonne surprise c’est évidemment Jean-Claude Van Damme himself. Loin de chercher la performance ou le contre emploi, de tenter de nous faire le coup de son « Ciao Pantin », l’acteur semble être lui-même, rien de plus, mais surtout rien de moins. Avec son regard triste et fatigué qui nous dit à chaque plan à quel point il a morflé, il parvient également à nous montrer de quelle auto-dérision il est capable en évitant toute surenchère dans les effets «actor’s studio ». JCVD est sobre, touchant, sincère et drôle. Lorsque le moment tant attendu arrive dans la dernière partie du film où il se confie seul face caméra avec son phrasé et ses tournures inimitables, il livre tout en vrac, s’épanche, se dévoile et révèle tout, son ascension, sa gloire, les femmes, les films, sa chute dans la drogue, sa descente aux enfers… et il a ces mots assez surprenants et vraiment désarmants : « voilà, ce film c’est pour moi… », c’est-à-dire pour que je m’en sorte. Mais ce n'est pas seulement dans cette belle scène qu'il prouve qu'il est un acteur.
Ce film sincère, oui je décide de dire et de croire qu’il est sincère, est celui d’un garçon adorable, séduisant, vraiment attendrissant et aware, qui révèle de vraies qualités d’acteur, qui prouve que le regard énamouré que son réalisateur pose sur lui peut lui permettre de déployer son talent et qui crie "aimez-moi !". Irrésistible.
Commentaires
Le coup de "l'extorsion de fonds" ne t'a pas énervé scénaristiquement parlant ? Quelle justice de "branques" ces belges :-p. Sinon oui, il a l'air sincère dans ce film. On dirait qu'il ne se force pas à jouer, qu'il est "Vandamme" au naturel, alors que celui des films aurait foutu des high-kick low kick à tous les assaillants en deux temps trois mouvements...
En fait rien ne m'a énervée... J'étais positivement aware : "La plus belle religion qu'on puisse avoir, c'est de rentrer en soi-même et de digérer l'essence de la vie, se digérer soi-même et produire à partir de ça sa propre religion : l'instinct. Et l'aboutissement de l'instinct, c'est l'amour ! Il faut apprendre à aimer. S'aimer d'abord soi-même pour pouvoir aimer les autres."
Je l'ai trouvé encore meilleur qu'au naturel... car quand je l'ai vu dans des émissions de télé, il y a longtemps, il jouait toujours à fair le con, pas là !
:)))))))
vlà.
c'est exactement ce que m'en ont dit les personnes qui l'ont rencontré au mien taf... un homme touchant, attachant, doux, très loin d'être con, très loin de l'image publique que l'on connaît, loin de cette signature marketing qui a fonctionné un temps mais a vite montré ses limites, ou comment tomber dans la caricature de soi-même.
j'aime toujours ses sublimes aphorismes, mais je crois que là, je l'aime LUI !
Bonsoir Pauline, je viens de faire un petit tour sur la route du cinéma après votre commentaire chez Osmany sur JCVD et je recommencerai sans nul doute. Ce que je disais sur Oh my bloogness était simplement et volontairement gratuit, d'où ma parenthèse sur la vanité de la critique et surtout des critiques. Je n'aime pas le personnage médiatique (je ne parle pas de l'homme) J.C. Van Damme, encore moins le "culte" qui l'entoure, et je n'irai pas voir JCVD. Pour le reste, ma critique est non avenue, une critique gratuite je le répète, d'où mon sourire en réponse à votre commentaire. Je ne me moquais pas de ce que vous disiez, ni quoi que ce soit de ce genre, j'ai juste beaucoup aimé votre cinglant "j'aurais un avis différent si je ne l'avais pas vu !" qui me semble-t-il m'était adressé, et je suis totalement d'accord, j'aurais sans doute un avis si je l'avais vu.
Agla : le "Parlez vous Le Jean Claude" est mon livre de chevet mais dans ce film il m'a épatée !
Bôôh : je ne sais qui est Pauline mais je suppose que le commentaire s'adresse à moi...
J'ai bien compris le caractère volontairement provoc' et toc de votre comm. chez Osmany. Quant aux parenthèses (je dis un truc et hop je me justifie entre parenthèses) et aux smileys (je dis une vacherie et je l'atténue par une risette :-)) me "gavent" profondément pour parler djeunz !
Il ne m'est pas venu à l'esprit que vous vous moquiez de moi ce qui, entre parenthèses, m'indiffère assez... chacun étant libre de dire et de penser ce qu'il veut sur les blogs et ailleurs. Mais c'est vrai qu'avoir un avis tranché sur un film qu'on n'a pas vu, un livre qu'on n'a pas lu etc..., me surprendra toujours autant !!! Par contre, je peux comprendre qu'on n'ait pas envie de voir JCVD dans ses oeuvres !
Pascale, toutes mes excuses.
Oui JCVD est touchant dans ce film, mais jamais dans le patho. J'ai senti une personne embarquée dans l'engrenage du show biz, complètement dépassée par son propre personnage et par les revers de la célébrité. Capable d'auto-dérision sur son personnage public, ce qui est une preuve d'humour. C'est un film agréable, donc plutot que de voir le sexe dans la cité, faites en à la maison, et filez votre thune à JCVD. Il semble en avoir besoin.
Bien envoyé.
Quand tu penses qu'il y en a plein qui ne vont pas y aller par "à priorisme" ! Dommage !
Surtout que cet a priorisme est véhiculé par les médias français.
Moi je peux vous dire qu'ici en Belgique on l'adore Jean-Claude. On reconnait qu'il a parfois un sacré problème de communication, mais en attendant, quelqu'un de gentil, de calme et de simple comme lui après ce qu'il a vécu, j'en connais pas des tas.
Suffit de voir son passage chez Arthur tiens! Pas une once de méchanceté, de reproches ou de violence alors qu'Arthur (et beaucoup d'autres faut pas croire que je l'aime pas Arthur) se sont moqués de lui pendant des années.
Je pense que c'est une belle revanche (malheureusement avec mon Erasmus et mon retour en stage je n'ai pas eu l'occasion de voir ce film que j'attendais pourtant avec impatience!!)