Les insoumis de Claude-Michel Rome **
Le Capitaine Vincent Drieu, flic surdoué mais brisé par un drame personnel et professionnel est volontairement muté dans un commissariat pourri près de l’étang de Berre. Il se retrouve face à une équipe démotivée, menée par une femme, commissaire, enceinte et qui ne demande qu’une chose à ses collaborateurs, qu’ils ne fassent pas de vague en attendant la démolition du commissariat prévue pour dans trois mois. C’est compter sans Drieu, cow-boy incorruptible qui entend bien ne plus laisser la mafia locale mener la ville.
On ne peut nier que la première scène lorgne du côté de « Heat » avec l’attaque d’un fourgon qui emmène un prisonnier au tribunal. C’est nerveux, violent, radical, pyrotechnique et percutant. La suite sera (parfois) plus calme mais réservera quand même de belles surprises mouvementées et notamment la longue scène finale où tous les membres du commissariat sont obligés de s’enfermer pour résister à l’attaque d’une véritable troupe surarmée. Avant d’en arriver au dénouement qui hélas est complètement aberrant et bâclé, il convient de ne pas bouder son plaisir devant un film ambitieux et efficace.
La partie qui évoque la vie du commissariat est particulièrement réussie. D’une part par son environnement, autour de l’Etang de Berre, le paysage est assez apocalyptique et donne un sens à cet espace de non-droit sinistré. Elle permet d’autre part à de beaux personnages de prendre vie bien qu’ils soient assez nombreux et aussi à des femmes, ce qui est rarissime, dans un film de cow-boys souvent prêts à dégainer. Si Richard Berry est idéal en flic désabusé à qui on ne la fait pas, il ne surprend pas et son « trauma » personnel (entièrement réglé par téléphone) laisse relativement indifférent. C’est dans sa relation avec chaque membre de l’équipe de bras cassés qu’il va d’abord surprendre, déranger puis séduire que son histoire est la plus convaincante. Il va rendre leur dignité et leur compétence à des flics réduits à remplir la « main-courante » sans intervenir ou à consoler les vieilles dames à qui on a volé le sac. Aïssa Maïga, toujours dynamique et impliquée se dévoue corps et âme à son chef, dès lors qu’elle peut l’admirer. Pascal Elbé, le plus récalcitrant finira par retrouver les valeurs d’un boulot qu’il a aimé grâce à un chef qu’il respecte. Bernard Blancan est un flic fatigué mais intègre qui y croit encore à condition d’être mené par un patron juste et vertueux. Sans oublier Moussa Maaskri et Guilaine Londez particulièrement convaincants eux aussi. Tout ce petit monde joue du flingue et de la réplique qui tue avec beaucoup de punch et donne au film son intérêt et son énergie. Un film efficace qui dépote !