de Phyllida Lloyd **

Sophie vit avec sa mère Donna sur une île paradisiaque grecque où elles tentent de maintenir à flot un hôtel qui se déglingue et qui accueille peu de clients. Sophie se marie demain, et pour son mariage elle veut connaître son père. Trois prétendants au titre, qui ont connu Donna 20 ans plus tôt, se retrouvent sur l’île pour l’occasion.

L’argument a peu d’intérêt car le principal (seul ?) attrait de cette comédie musicale (attention pour les allergiques au genre… moi je ne le savais pas, mais j’adoooore les comédies musicales, ça tombe bien) sont les numéros chantés qui s’enchaînent.

Ce film étrange et pénétrant, je le qualifierai de « Grease des Quinquas ». Les jeunes (tous sans exception) y sont niaiseux et interchangeables et je me demande s’il est possible qu’il plaise aux moins de 30 ans étant donné que les tubes d’Abba y sont l’exclusivité. Faire un plongeon dans le grand bain, 30 ans en arrière n’est pas possible pour tout le monde et je ne connais pas le degré de popularité du mythique groupe eurovisionnesque sur les jeunes d’asteur (scusez les gens, je rentre tout juste du pays moi !).

Ce film est une épreuve par intermittence. Pendant environ la première moitié, je me suis sentie à la fois clouée au fauteuil par l’hystérie ambiante et comme maintenue de force sur le « trampoline de la mort », sans trouver le moyen de m’en sortir. Tout bouge, tout remue, tout gesticule, gigote, saute, trépide et se démène… et la caméra aussi. La réalisatrice a dû filmer avec « Waterloo » en boucle dans les oreilles. Comment résister ? On entend du Abba, on gigote, c’est humain, je peux pas le nier, mais sur écran géant ça fout le tournis ! Grave.

Il n’y a pas que pour les yeux et le cœur fragile que c’est difficile. Les oreilles en prennent une sacrée joute aussi. Les retrouvailles de la fille de 20 ans et de la mère de .. ans avec leurs copines respectives sont un modèle de porte nawak où des sossottes décérébrées se retrouvent, s’embrassent, bondissent, sautillent et gesticulent en poussant des hurlements de hyènes absolument atroces et intolérables…

Par la suite, je ne sais s’il y a phénomène d’accoutumance ou si le jeu se calme réellement, mais j’ai tenu bon jusqu’au bout et j’ai pris bien du plaisir à plusieurs reprises. Parce que d’abord les trois pères putatifs rivalisent de charme sans qu’aucun ne tire la couverture. Ils semblent même bien s’amuser et du coup, forcément nous aussi. Pierce Brosnan chante comme une casserole, mais tellement comme une casserole que c’est une épreuve d’un comique irrésistible de le voir ainsi faire de son mieux. Il s’applique tant et tant que ça en devient touchant. On sent qu’il s’est donné un mal de chien et que ce fut une épreuve. Les deux autres chantent moins et pourtant ils chantent mieux… surtout mon Colin Firth qui s’accompagne à la guitare et calme l’hystérie. Il est craquant comme d’habitude même si je l’avoue, je me suis précipitée pour voir ce film dans l’espoir qu’il se mette en maillot !!! Que dalle. En plus, je ne vous dis pas tout mais quand je suis ressortie, j’avais plus que mes yeux pour pleurer.

Sinon, le miracle miraculeux c’est encore et encore et toujours Meryl Streep qui l’accomplit. Au début j’étais surprise de la voir jouer les sossottes bondissantes et puis on s’y fait. Et puis surtout, comme elle fait TOUT bien cette fille, elle fait très bien la sossotte et aussi, comme elle fait vraiment Toutout bien, elle chante à ravir et ses numéros (nombreux) où elle chante et danse sont irrésistibles. Elle est parfaite, parvient à créer de vrais, beaux et touchants moments d’émotion avec sa fille de cinéma. Et comme elle est parfaite, elle peut aussi se surpasser et vous faire dresser tous les poils de sur tous les bras en chantant, interprétant, revisitant « The winner takes it all ». Et là… ce qu’elle fait là… oui, c’est un miracle, elle est plus que parfaite.

(si quelqu’un me trouve la version complète de cet extrait, je lui fais une bise)…

Et quand à la fin, elle nous dit, face caméra : « vous en voulez encore ? ». La réponse est « oui », on en veut encore, on a des fourmis dans les jambes et un sourire jusque là. Mais vous l'avez compris, c'est pour Meryl et pour Meryl seule car du cinéma ici, il n'y en a pas !