ENTRE LES MURS
de Laurent Cantet ***(*)
Une année dans une classe de 4ème d’un collège (difficile) du XXème arrondissement de Paris et plus particulièrement pendant les cours de François, prof de français.
Rarement film aura aussi bien porté son titre puisqu’on ne quitte jamais l’enceinte du collège : la salle de cours, la salle des profs, la cour de récréation. Il semble d’ailleurs qu’il y ait un gouffre infranchissable entre les élèves incapables de dissocier ce qu’ils sont à l’extérieur et à l’intérieur de l’école et les profs parfois remplis de certitudes et de théories, et donc parfois maladroits à imaginer que leurs décisions à l’intérieur du collègue peuvent avoir des conséquences désastreuses à l’extérieur. Cela dit, ici il n’y a pas les méchants profs d’un côté et les gentils élèves de l’autre ou l’inverse. C’est un peu une tranche du monde, une tranche de vie dans toute sa complexité qui nous présente des adultes et des jeunes de 13/14 ans en devenir, aux prises avec le quotidien.
La première barrière à franchir pour que ces deux mondes se rencontrent, c’est le langage. Et quand il s’agit d’admettre que l’emploi de l’imparfait du subjonctif n’a plus cours et qu’il faut adapter sa façon de s’exprimer en fonction de son interlocuteur et de l'endroit où l'on se trouve, la mauvaise foi est mutuelle.
Les joutes verbales incessantes et la contestation quasi systématique de ces ados, qui rendent l’enseignement impossible par moment apportent au film une étonnante vigueur d’autant que le « parler djeuns » a quelque chose de particulièrement énergique et stimulant même s’il est déconseillé de l’employer en cours. Et ainsi tels ce prof et ces élèves, on passe de l’amusement à l’émotion, de l’agacement au sentiment d’injustice. A tour de rôle, chacun « pète un câble » et plusieurs scènes particulièrement tendues et réalistes instillent un véritable sentiment de malaise et d’incompréhension insurmontable.
Tout est passé en revue du conseil de classe à la rencontre parents/profs parfois musclée elle aussi, en passant par le conseil de discipline, les contestations et états d’âme autour de la machine à café, les codes vestimentaires des ados qui enferment chacun et empêchent les « gothiques » de se mélanger aux « tecktoniks »…
Quant à l'interprétation, qu'elle soit issue d'un travail ou improvisée, elle est exceptionnelle.
C’est vivant, sans aucun temps mort, parfois drôle, parfois émouvant, parfois effrayant ou surprenant mais toujours passionnant.
C’est aussi comme l’avait souhaité le Président du dernier Festival de Cannes Sean Penn qui lui a accordé la Palme D'Or : « un film dont le réalisateur manifeste sa conscience du monde dans lequel il vit ».
Et comme je le dis souvent, il faut se méfier des mots en « asse », ou mieux, les bannir de son vocabulaire.
Commentaires
j'hésite encore à aller le voir: sortir de mes murs pour m'enfermer entre d'autres, et jouer la carte du masochisme à fond, c'est la grande question!
courage, il le faut :-)
le film de l'année ???
en tout cas il n'en sera pas très loin !!!
Il faut le voir car le film n'est pas un documentaire mais dépasse le réel. C'est une œuvre. Content que tu aies aimé pas comme certaines pétasses :-)
Salut Joel.
Tu as raison, il faut le voir. Ne serait ce que pour constater que Laurent Cantet est un grand metteur en scene, qui avec des acteurs amateurs a réussi un faire un film de pros. Et je ne comprends pas les polémiques que l'on voit surgir au sujet de ce film.
Sinon, un conseil. Lorsque tu as une terminaison en asse (meme justifiée comme ici) remplace la par .... Sinon tu t'exposes aux foudres, que dis je à la tempête cyclonique de la taulière.
Nico : l'un des...
joël : c'est un "vrai" film.
hervé : je ne me suis pas fachée parce que je n'imagine même pas ce mot dans la bouche de Joël, mais qu'il faisait allusion au film... sinon, tu penses bien !
@ pascale
ok... "l'un des"
@ pascale
ok... "l'un des"
Les profs aussi étaient tous des amateurs ? Dans ce cas, les élèves jouent vachement mieux que les profs ! Bravo à eux.
Le pétage de plomb du joli prof de techno en particulier n'est pas crédible. J'ai déjà assisté à un vrai pétage de plomb désespéré, c'est autre chose que ça ! Quant à la CPE, j'en ai discuté avec des collègues, dans un collège comme ça, apathique et "gentille" comme elle semble être, elle tient pas 15 jours.
Sinon, c'est un très bon film où l'on ne s'ennuie pas et rend hommage aux collègues qui font un boulot très dur pour lequel ils n'ont jamais été formé, mais avec une constance et une conscience professionnelle sans égale, pendant que les média et notre ministère les traitent de feignants depuis 10 ans.
Je suis allé voir ce film à reculons pour plusieurs raisons. D'abord parce que les critiques ont été dithyrambiques dans l'ensemble de la presse alors que personne ne l'avait vu, tous n'étant pas à Cannes. Ensuite parce que Begaudeau commence sérieusement à me fatigué avec ses leçons qu'ils distillent dans les Cahiers, sur RTL, sur canal plus, LCIlou France 4, dans Le Monde... Si l'Educ Nat c'était si bien pourquoi l'avoir quittée ? pour pouvoir acheter les canaris nantais ? ;-) ;-) les médias cela gagne certainement plus qu'un prof ;-) (http://www.lesinrocks.com/actu/actu-article/begaudeau-en-ligue-1-ou-2/?cHash=8d32b31d07)
Au final, c'est presque lui qui me sauve le film même si le propos démago me gêne au plus haut point. On a lu partout que les enfants étaient formidables, que la façon de travailler de Cantet était unique (quid de Doillon qui fait cela depuis des lustres - pour mémoire Le jeune Werther ou Petits frères), j'avoue avoir été légèrement déçu car c'est loin d'être homogène. Bien d'accord avec le post ci-dessus qui se moque des adultes où rien n'est crédible, la salle des profs ou le conseil de classe. De même, si quelqu'un pouvait m'expliquer en quoi la mise en scène est admirable, je suis preneur, car vraiment je n'y vois rien d'extraordinaire, de la DV qui s'impose toujours plus et quelques gros plans pour insister sur l'enfermement ? (l'école vu comme une nasse pour ne pas dire une prison), sur la violence intérieure faite à ce prof ? Alors bien sûr, ce film de fiction permet peut être de peindre mieux la réalité et donc de montrer à quel point aujourd'hui le boulot de prof est devenu impossible entre perte des repères des élèves, perte d'autorité (même dans les savoirs) du prof, hétérogénéité absolue dans les classes, précarité voire misère sociale et pseudo liberté de choix du fait de la suppression de la carte scolaire et pseudo égalité des chances. Mais l'école de Begaudeau, j'avoue être sceptique (http://www.lejdd.fr/cmc/culture/200839/begaudeau-l-ideal-une-classe-sans-note_150449.html) parce que ce type de méthode ou non méthode devrait-on dire marche certes mais à très courts termes et le boomerang revient très vite. Alors bien sûr je me retrouve dans la critique qu'il fait dans les itw de la future réforme du lycée qui va appauvrir encore plus notre école (http://www.lejdd.fr/cmc/societe/200840/le-nouveau-lycee_154212.html)... Mais revenons au film. Oui, c'est une fiction basée sur des faits réels et c'est cela le plus troublant. Certains de mes élèves ont vu le film et la réaction a été de dire que ce prof était nul, qu'il se faisait marcher dessus sans rien dire... de plus on ne voit guère les élèves en attitude de travail, toujours la gouaille et les bouilles bien sympathiques, mais toujours dans la joute verbale qui existe belle et bien mais qui ne résume pas ce qu'est au final une salle de classe... Enfin quand j'entends qu'il faut accepter l'anticonformisme de ce prof, cela me laisse là encore perplexe car
Je n'en vois aucun dans ce prof joué par begaudeau (qui au passage même s'il on nous serine que c'est une fiction est bien begaudeau lui même...), simplement un moyen de survivre dans une école elle aussi en crise mais à qui on n'apporte aucune aide. Un film donc a voir mais bien pour voir une *représentation* du réel et en aucun cas la réalité.
Pour poursuivre la réflexion :
Lu dans le courrier des lecteurs de Télérama : "[...] Entre les murs et la belle personne exposent et transmettent la même pensée aujourd'hui couramment répandue : les profs sont des gens minables, un peu débiles (mais tourmentés...), en plein dépression et crise de vocation. Ils sont face à des élèves toniques, rigolos ou charmants, à l'égo surdimensionné, qui sont là non pas pour apprendre ou échanger, mais bien pour mater, séduire lesdits profs, c'est à dire les écraser de leur supériorité évidente. Qui peut encore parler de transmission du savoir ? Personne n'en a envie. L'inversion des valeurs, c'est très tendance."
Pas d'accord ! "La belle personne" donne une vision complètement éthérée et uniquement basée sur la séduction entre les élèves et les profs. Je n'ai pas trop aimé ce film pour d'autres raisons aussi.
Quant à "Entre les murs", j'ai trouvé qu'il parlait d'entres CES murs là mais ne prétendait pas affirmer que l'école, les profs, les élèves c'est comme ça et pas autrement.
De toute façon, les deux sont des films, des fictions... enfin si j'ai bien compris.
Éthéré certes, personne ne le nie mais le propos n'est pas là, c'est plutôt une vision tronquée et mensongère du quotidien des profs que ces films dépeignent... Bien spur que c'est de la fiction mais comment Sean Penn l'a recu ? comme du cinéma vérité et comment la majorité des spectateurs le reçoivent, de la même façon. Mais bon, tout le monde croit connaitre l'école car tout le monde a posé ses fesses sur ses bancs et c'est bien cela qui biaise tout...
Oula, j'étais bien fatigué pour laisser passer autant de fautes ;-) toutes mes excuses ;-)
Bonjour
J'ai un devoir en français a rendre par rapport au livre "entre les murs"
Le sujet est : " la salle de classe souleve de nombreux problemes"
Je cherche de l'aide svp
Voici mon adresse
m.lle-manon@hotmail.fr
Merci d'avance
Comment peut-on t'aider ?