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Séraphine de Martin Provost ***

Séraphine - Yolande MoreauSéraphine - Ulrich Tukur et Yolande Moreau

Séraphine s’épuise à « faire des ménages » chez des bourgeois qui la méprisent dans un village où à peu près tout le monde se moque d’elle. C’est vrai qu’elle est étrange, qu’elle imprime de son pas lourd la campagne pour grimper et parler aux arbres et aux oiseaux, qu’elle se baigne nue dans la rivière et qu’à l’église elle parle à la Sainte Vierge. Séraphine s’en fiche, elle a une passion, un secret. A la nuit tombée, elle peint dans sa chambre minuscule en chantant des chants grégoriens. Autodidacte mystique et solitaire qui trouve son inspiration chez les anges qui animent son imagination, elle fabrique sa peinture elle-même à base de boue, d’huile, de sang et peint des fleurs, des fruits, des oiseaux sur des planches de bois. Elle devient par hasard la « bonne » du collectionneur allemand Wilhelm Uhde (qui lui aussi à un secret) en 1912. Il n’est autre que le premier acheteur de Picasso et le découvreur du Douanier Rousseau. Lorsqu’il va remarquer une petite toile peinte sur bois, ce marchand d’art visionnaire va immédiatement déceler le génie de son auteure, stupéfait d’apprendre qu’il s’agisse de Séraphine. Au début réticente, elle va finalement admettre que l’homme aime réellement son travail. Il va l’aider, l’encourager, la financer, mais la guerre éclate et Uhde est contraint de regagner l’Allemagne à la hâte. Séraphine va continuer à peindre dans le plus grand dénuement. Ils ne se retrouveront qu’une quinzaine d’années plus tard… l’aventure de Séraphine se poursuit mais de plus en plus dévote et exaltée elle sombrera dans la folie.

Malgré la misère et le désespoir qui enveloppent le destin hors du commun de cette artiste inconnue (de moi en tout cas) on respire, on s’éblouit et on espère tout au long du film car Martin Provost nous promène longuement, langoureusement dans une campagne somptueuse qui décline toutes les nuances du vert indissociable de la vie, de la résistance et de la patience de son héroïne. Je suppose qu’il doit beaucoup à son étonnante et magique interprète, Yolande Moreau qui incarne avec force, humilité et toute la grâce poétique qu’on lui connaît cette femme artiste incomprise, inspirée et supra-sensible. Sa relation avec le personnage de Uhde et l’acteur Ulrich Tukur faite de reconnaissance et d’admiration réciproques porte l’émotion à un degré élevé. Lorsqu’ils sont ensemble, on est submergé et malgré la durée du film, on a beaucoup de mal à les quitter. C’est sublime.

Commentaires

  • Tout à fait le genre de films pour lequel je vibre, mais ça ne m'étonne pas d'elle...

  • Je vais le voir sans faute mardi !
    Ha Yolande Moreau !

    je viens de voir "Appaloosa" et mon cheval est en ce moment à l'écurie, quand à moi je quittes me éperons et graisse mon colt..non un excellent western qui doit beaucoup à son interprétation...Ha ils ont quand du s'y mettre à deux pour égaler le vieux Clint..et encore ;o)

  • Loreal : Yolande, c'est pas dur, on a tout le temps envie de la prendre dans ses bras !

    kilucru : oui sans faute, tu vas lui faire un triomphe, c'est sûr !
    Quant à "Appaloosa", c'est vrai qu'après on se prend pour un cow boy. Ne dis pas "vieux" Clint alors que je suis encore en deuil de mon Paulot.

  • J'allais le dire, et Kilucru m'a piqué la réplique : "Ah! Yolande !"

  • C'est vrai que c'est de la sacrée réplique.
    Cours y vite...

  • Yolande Moreau a l'air habitée par ce personnage. je vais essayer d'aller le voir, mais le woody allen qui sort mercredi me tente pas mal également.

  • Ce serait dommage que Woody te fasse louper Séraphine !!!

  • bon d'accord, j'ai compris, il faut que j'aille voir les 2 ! en même temps c'est pas comme si j'étais surbookée en ce moment !

  • en même temps non, mais faut quand attendre que les films sortent avant d'aller les voir !

  • Incroyable, on peut être une semaine à chercher un film convenable à se mettre sous la dent !
    Et là c'est l'avalanche, Woody, Garrel, "Premières neiges", "Khamsa" bref une semaine de ouf !
    Bon je viens de voir " Séraphine", là je vais dormir et demain au réveil mon article sera à moitié écrit.....incroyable..
    Je sauterais dans le métro et go pour voir ....hum ! Garrel dans "les frontières de l'aube" ou une virée en territoire manouche avec " Khamsa"..
    Ha choisir toujours choisir !!!

  • Un très beau film en effet que Seraphine, habile car on ne s'intéresse guère au processus de création mais davantage à la préparation. Yolande est lunaire et la peinture irradie.

    Le Woody Allen est un de ses tout meilleur film, il faut lui faire un triomphe ;-)

    Sinon vu aussi Il Divo, film politique rare, impossible à faire en France et magistralement interprété et mis en scène avec Toni Servillo présent dans Gomorra.

  • kilucru : oui belle avalanche, on ne sait où donner du chasse-neige cette semaine... Mais je pense que tu ne vas comprendre mon avis sur "De la guerre"... :-)

    Guimauve : Yolande y est sans doute pour beaucoup effectivement, mais j'ai trouvé Ulrich parfait aussi.

  • Tout à fait d'accord Pascale ;-) mais le plus effrayant, c'est que la majeure partie de la critique qui encensait Piaf et bientôt Coluche crache sur ce biopic au final car il est de bon ton de cracher sur la culture en générale et sur les films qui ne sont pas d'un abord facile, qui demandent à entrer dans un univers progressivement... On dit aussi qu'il n'y a pas d'émotions dans ce film pendant que l'on encense Pialat et son Van Gogh... Bref, le mérité de ce film est de faire découvrir cette peintre (car qui la connaissait avant cela...) et de montrer en filigrane la société du début du siècle dernier ;-)

  • la grande Yolande, je la croise quasi daily ces derniers temps [elle sera dans le prochain JP Jeunet, "micmac à tire-larigots", sur lequel je bosse aussi] et je la trouve fascinante... elle a un regard profond et en même temps total perché ailleurs... et ptain, ce qu'elle est émouvante !
    en plus, j'adore le costume méméroïde qu'ils lui ont collé : pantoufles sans âge, tablier à fleurs et vieilles dentelles [encore un rôle de Scarlett].

    du coup, je sais ce que je vais aller voir [j'ai bien ri en lisant tes 3 dernières visions de visionnages, mais ça m'a surtout aidée à ne pas claquer 50 balles dans du bousin, dankeucheune].

  • Yolande porte comme personne le tablier de mémère je trouve. J'ai vu des extraits du "micmac"... quel boxon le plateau !!! Il y a Dany Boon aussi je crois.

    Quant au navet, il se porte très bien ces temps ci.

  • vu ce film aujourd hui
    très émouvant
    tout comem loreal
    j aurais tellement aimé la prendre dans tes bras
    pour ma part j ai découvert l artiste Séraphine de Senlis
    j ai pensé bcp à Camille CLaudel dont l histoire me fascine
    et à van gogh aussi

  • Je ne la connaissais pas. Je ne peux pas dire que "l'oeuvre" me touche, mais l'artiste et l'actrice sont bouleversantes. Et c'est vrai que ça m'a aussi fait pensé à Camille Claudel... sauf que Camille a été enfermée "grâce" à son cher frère donneur de leçons de bonne conduite et proclamé génie. I'm'dégoûte le Paul.

  • T a vu tout ce qu il a raflé ? eh eh ?

  • Oui, j'ai vu et j'avais TOUT misé sur elle.
    C'est normal, c'est justice. C'est beau.

  • J'ai désiré voir ce film suite à ma lecture du livre de Françoise Cloarec que j'avais beaucoup aimé. Je n'ai pas été déçue. C'est un beau film sensible.

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