UNE FAMILLE CHINOISE
de Wang Xiaoshuai ***
Avant toute chose, il est vraiment dommage que le titre original « Zuo you » (littéralement gauche/droite) traduit en anglais « In love we trust » soit devenu en français, trop banalement « Une famille chinoise »… tant pis.
Mei Zhu et Xiao Lu sont divorcés mais ont une petite fille de cinq ans Hehe. Ils ont refait leur vie chacun de leur côté, lui avec une femme beaucoup plus jeune en mal d’enfant, elle avec un homme simple et aimant qui a élevé la petite. Lorsque les parents apprennent que Hehe est atteinte d’une leucémie qui nécessite un don de moelle osseuse, tout est remis en cause. Ni le père, ni la mère ne sont compatibles et le médecin évoque l’idée qu’un petit frère ou une petite sœur aurait sans doute pu l’être.
Même si la maladie de la petite fille est au centre de l’histoire, le thème n’en est pourtant pas « l’enfant médicament » qui lui sauverait la vie mais bien les réactions aux différents problèmes qui se posent. Et ce film d’une humanité frémissante abonde en interrogations et questionnements face à la décision à prendre.
La mère de Hehe qui s’effondre peu à peu de voir sa fille s’épuiser, réussit à convaincre le père de lui fournir son sperme pour une insémination artificielle, lui-même ayant réussi à convaincre sa jeune épouse jalouse, de le faire. Mais en Chine, seulement trois inséminations sont possibles et les parents, après quelques discussions vraiment émouvantes décident donc pour sauver leur fille d’en passer par la façon la plus classique du monde de faire un enfant. Doivent-ils le dire ou le cacher à leur conjoint respectif ? Comment leur annoncer ? Comment vont-ils réagir ? Que vont-ils choisir de « sacrifier » ?
Bien que tourné à Pékin, le réalisateur rend son film parfaitement universel en le situant loin des quartiers touristiques mais dans le Pékin, grand chantier, où les tours d’immeubles succèdent aux tours d’immeubles en construction. Cela donne à la ville, traversée par un métro aérien, un aspect de banlieue grouillante d’activité. Ici tout le monde travaille, les hommes comme les femmes. Ils ont des problèmes routiniers de courses à faire, d’horaires à respecter, de vie de famille à protéger comme dans toutes les grandes villes du monde. Le quotidien est un peu tristouille mais comme partout, on a l’impression que rien ne peut venir le perturber.
Ici la vie d’un enfant est en jeu et malgré cette intrigue hautement mélodramatique, à aucun moment, malgré le désarroi palpable de chaque personnage, le réalisateur (gloire à lui !) ne vient chercher nos larmes. Par contre, on est absolument frappé, troublé et vivement ému par la haute tenue de l’ensemble. Notamment par la mise en scène qui réserve d’agréables surprises ; on comprend à la fin pourquoi le film commence par un trajet en voiture où on entend une voix de femme dire « à gauche… à droite », on comprend tardivement pourquoi il est important que la mère ne sâche pas verrouiller le clavier de son téléphone portable etc.
Quant à la compassion, l’intelligence et la subtilité des dialogues, des situations, l’ouverture d’esprit, la réflexion adulte et responsable, l'interprétation exceptionnelle, elles font de ce film délicat, douloureux et chaleureux une totale réussite qui bouleverse.
Commentaires
Bon, un film de plus à ajouter à ma (longue) liste de décembre! Merci pour cette nouvelle critique qui me décide à aller voir des films que j'aurais eu tendance à délaisser...
Juste un truc: pourquoi ton blog il est tout cassé depuis quelques jours? Plus de couleurs, plus de mise en page, c'est grave docteur?
En effet c'est tout nouveau chez toi !
Le film ci-dessus est un bijou qui reste en tête longtemps après qu'on l'ait vu. J'adore ça.
Quant à ce qui se passe chez moi, je n'y comprends rien. Je n'ai touché à rien mais je suppose que Firefox ne veut plus de moi. Donc si tu passes par IE tout est comme avant !
ouééé! c'est bon, il est à nouveau tout beau tout joli ton blog, même sur par le petit renard de feu!!