Secret Défense de Philippe Haïm ***
La lutte des services de la DGSE contre le terrorisme international et l’embrigadement des membres par les différentes organisations dont les méthodes de recrutement ne sont pas si opposées…
Voilà un film mené tambour battant, qui ne laisse pas une seconde de répit au spectateur et qui présente les services secrets français comme on les a rarement, voire jamais vus. En ce qui me concerne, j’ai plus « souvent mis les pieds » dans le bureau ovale, dans les locaux de la CIA que dans ceux de la DGSE ou de l’Elysée. La comparaison de ce film avec les grosses machines américaines n’est vraiment pas au désavantage du film français. Ici on voyage de Paris à Kaboul en passant par Beyrouth ou Damas à un train d’enfer pour déjouer une tentative d’attentat à Paris. C’est évidemment Ben Laden et Dieu dont on interprète toujours les paroles selon le sens du vent, qui sont à l’origine de toutes les haines et tous les tourments du monde. La plupart des intervenants est manipulée selon des procédés assez sidérants pour le commun des mortels et les multiples facettes des personnages donnent lieu à de véritables casse-têtes où l’on ne sait plus très bien qui triche, qui dit la vérité, à qui faire confiance, qui plaindre, où est le bon et le méchant, le bien, le mal !...
Dommage que l’on ait à regretter un épilogue un peu bâclé et vraiment invraisemblable car c’est une étudiante qui déjoue l’attentat, mais cette réserve ne nuit pas au plaisir et au stress assez considérables que provoquent le film, notamment lorsqu'on apprend que depuis le 11 septembre 2001, 17 tentatives d'attentat ont été empêchées sur le territoire français.
Au cœur de cette guerre sans pitié où l’homme n’est plus considéré comme un être humain mais comme une arme, se trouvent deux jeunes gens que tout oppose et que tout va finir par rassembler après une aventure absolument hors du commun. D’un côté, il y a Diane (Vahina Giocante, saisissante d’énergie, de fragilité et de maturité) étudiante en langues orientales qui va être recrutée de force sous la menace et signer un contrat qui l’engage pour 5 ans, courir mille dangers et se révéler un « agent » très à la hauteur (la scène où elle change radicalement de look en quelques secondes dans le métro est vraiment emballante). De l’autre, Pierre, jeune paumé se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. Il purge une peine de prison et partage sa cellule avec des islamistes qui vont le « recruter » en lui faisant miroiter un sens à sa vie. J’avoue que toutes les scènes qui le concernent sont celles qui m’ont le plus impressionnées. Bien qu’elles n’ôtent rien à l’aspect réaliste du film (sauf la fin), c’est le parcours de Pierre (Nicolas Duvauchelle, époustouflant) qui m’a semblé le plus proche d’une réalité qu’on peut concevoir. Les passages dans la prison nous prouvent que tout ce qu’il y a de petits ou grands délinquants sont parqués dans des cellules minuscules, que la cour de promenade est l’endroit où les petits chefs peuvent continuer de se la jouer caïd, que l’on peut se convertir à l’islam selon une cérémonie qui se prend très au sérieux, que les nouveaux se font violer sous les douches. Lorsque Pierre ressort, il ne s’appelle plus Pierre mais Aziz, il bredouille trois mots d’arabe, se fait mettre dehors par sa mère qui n’en peut plus de ses incartades et se retrouve en Afghanistan pour suivre une formation de martyre, un véritable entraînement au meurtre dans une langue qu’il ne comprend pas. C’est tout simplement cauchemardesque et hallucinant et Nicolas Duvauchelle porte à ravir toute la fièvre et la fragilité d’un tel rôle. Il est bouleversant.
Tout le casting est au diapason de ce thriller politique d’espionnage captivant de bout en bout. Gérard Lanvin et Simon Abkarian sont les deux chefs des deux camps opposés et ont la même froideur, la même cruauté. Ils sont parfaits. Mais Vahina Giocante et Nicolas Duvauchelle restent les deux très attachantes surprises qui donnent LA raison en plus de se déplacer pour voir ce film rare, mouvementé, documenté, sombre, intelligent, impressionnant.
Commentaires
Je me demandais si tu avais déjà ta petite idée pour l'élection du meilleur film de l'année ?
@ pascale
bah non j'ai pas mis 15... et de loin :-(((
ça oscille entre caricature et navet comme film !!!
Marine : Oui mais j'hésite encore entre "Two lovers", "Valse avec Bachir", "The visitor", "Un conte de Noël"... et je n'ai pas encore vu "Je veux voir". Et toi ?
Ce sera dur.
Nico2312 : c'est n'imp'.
Sans hésiter "Into the wild", suivi de "L'Aria Salata". Plus belle surprise : "Le premier jour..."
ah oui... tu m'embrouilles tout du coup...
L'Aria Salata... je ne sais pas si j'aurais assez de larmes pour le revoir...
Comme on ne m'a pas demandé mon avis, je le donne.:-) "Je veux voir", "Vicky Cristina Barcelona" (bah oui...je vais me faire jeter moi!), "Deux jours à tuer" (là aussi je vais me faire jeter), "Il y a longtemps que je t'aime", "Le silence de Lorna", "Into the wild", "Valse avec Bachir".
Te faire jeter non... mais quel choix étrange en effet : Vicky, Deux jours et Il y a longtemps ne risquent pas de faire partie de mon classement... si classement il y a, parce que chaque année j'en oublie, je le refais 20 fois, il en manque, je m'arrache les cheveux par poignées et je suis déçue finalement.
Donc, j'ai décidé qu'il y aurait LE film de l'année et basta ! Mais je peux encore changer d'avis trois fois d'ici là !
J'ai pensé faire une note avec les plus mauvais que j'ai vus.. mais ce serait vraiment l'art de la pensée négative qui ne me va pas au teint.
Je complète... Comme tu classes "Ma" Catherine en premier tu es à moitié pardonnée.
Cela dit, autant je peux comprendre le Woody et le "Il y a longtemps"... autant ton goût pour l'autre des deux jours m'interloque !!!
Mon classement qui n'en était donc pas un n'était pas forcément celui de l'ordre de mes préférences mais c'est vrai que "ta" Catherine arriverait en tête. Je ne me souvenais plus que tu n'avais pas aimé "Il y a longtemps"... Pour "Deux jours", la fin est certes complètement ratée mais il m'a probablement touchée pour la même raison qu' "I feel good"...mon coup de coeur de cette fin d'année (vu hier) ! Tu as fait une critique sur "L'art de la pensée négative"?
Pour "Il y a longtemps"... de mémoire je dirai que le revirement hystérique de la fin m'avait gênée !
Pour "Deux jours", ce n'est pas la fin je crois (toujours de mémoire) téléphonée dès les premières minutes mais l'attitude totalement injustifiée et injustifiable du "héros" avec son entourage qui m'avait scandalisée (n'ayons pas peur des mots).
Je n'ai pas vu "I feel good" et "l'art de la pensée négative" non plus. C'est pas facile de tout voir en ce moment, et ça ne va pas s'arranger dans les deux semaines qui arrivent... Grrrrrrrrrr !
Pour "deux jours", on ne va pas refaire le débat mais j'avais trouvé son attitude justifiée et justifiable. "I feel good" sort le 24: tu as encore le temps. Ne le manque pas! En fait ta phrase avait un double sens: je croyais que tu avais vu "l'art de la pensée négative"!
Deux films sur lesquels nous partageons la même évaluation, mais c'est presque un miracle ;)
Excellent film, réalisateur passionné par son sujet !
Ah c'est un miracle ???
Chouette. Je croyais que ça n'existait pas !