Il Divo de Paolo Sorrentino **
Giulio Andreotti, aujourd’hui sénateur à vie, a été Président du Conseil Des Ministres italien à sept reprises jusqu’en 1991. Plus que la carrière politique, ce film relate quelques unes des « affaires » de meurtres, d’exécutions et de magouilles dans lesquelles Andreotti dit « l’inoxydable » a été impliqué. Condamné à 24 ans de prison qu’il ne fit jamais pour cause d’immunité parlementaire, le jugement a été annulé par la Cour de Cassation.
Evidemment on est toujours saisi d’effroi chaque fois qu’on nous rappelle par quels grands malades nos pays sont gouvernés. Hélas ici il s’agit d’un film italien fait pour les italiens et à part quelques « grands » noms célèbres (Aldo Moro, le général Dalla Chiesa, le juge Falcone en ce qui me concerne…) un pauvre petit français pas bien calé en politique étrangère ou en politique tout court a beaucoup de mal à suivre les multiples histoires, la profusion d’informations qui lui sont livrées à un rythme trépidant. Car ici, il faut le reconnaître, la caméra est virtuose, la musique renversante, les couleurs, les décors sublimes, les ralentis appropriés, les cadres magnifiques… mais au bout d’une heure vertigineuse on perd complètement pied devant la surabondance de noms et de personnages.
Dommage car cet homme détestable, craint par tous, toujours calme, sournois, froid, cynique est un personnage de cinéma hors du commun qu’on a parfois du mal à croire réel. Laid, bossu, petit, le réalisateur semble le faire évoluer à dessein dans des décors trop grands pour lui qui le rendent encore plus insignifiant physiquement. Mais dès qu’il ouvre la bouche, chacune de ses phrases tranche comme un couperet. Son visage est une espèce de masque impénétrable, épais et presque effrayant. Les rares sourires qui fendillent ce faciès se transforment en rictus qui le rendent encore plus repoussant. Même sa façon de serrer la main en ne tendant que le bout des doigts est antipathique. Et pourtant cette ordure a bien de la religion et ses actes sont évidemment dictés par Dieu lui-même. A un moment Andreotti confesse 217 morts et plus de 700 blessés. Seule la mort d’Aldo Moro (un pur naïf) tourmente quelque peu sa conscience, ainsi que des migraines insupportables qui semblent lui faire vivre l’enfer et l’empêcher de dormir.
La performance de Toni Servillo, à la fois drôle et inquiétante est assez époustouflante.