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Walt Kowalski est ce qu’on peut appeler un vieux con. Sa première particularité est d’être raciste et de le faire savoir à chaque instant. Il est aussi bougon, intolérant, rempli d’idées préconçues sur tout et surtout sur les « autres ». Le jour où il enterre sa femme, de nouveaux voisins s’installent. Encore des asiatiques qui déjà envahissaient « son » quartier. Il ne lui reste rien que sa vieille chienne Daisy et sa sublime voiture, une Ford Gran Torino qu’il chérit depuis 30 ans en la laissant au garage.
Un jour, sur un malentendu, il devient le héros du quartier. Alors qu’il veut chasser de son carré de pelouse les jeunes d’un gang, il sauve par là même le fils de ses voisins, le jeune Thao. Il va d’abord résister et devenir peu à peu, sous la pression de Sue, la sœur de Thao, un ami de cette famille qu’il avait d’abord méprisée.
Ce film est un crève-cœur. Clint, plus masochiste que jamais le livre comme un adieu sublime et définitif. A chaque instant, on croit l’entendre dire « on ne sait jamais, c’est peut-être le dernier », même ou bien qu’il s’achève sur un générique extraordinairement apaisé, aux doux sons du piano de Kyle. C’est comme si, sachant que sa légende en marche est déjà écrite, il avait décidé de la conclure en beauté, par ce film testament sans spectacle et sans pathos.
Il s’offre LE rôle d’un homme de son âge où il semble faire la somme de tout ce qu’il a été au cinéma : le tueur, le séducteur, le solitaire, l’ami, le confident, le vengeur… Et le père… même si une fois de plus la rencontre avec ses fils de cinéma est complètement ratée le faisant ressasser encore et encore la culpabilité de n’avoir pas été un bon père pour ses propres enfants et qu’il offre toute sa tendresse, son attention à ses jeunes voisins chinois. Clint Eastwood dont on oublie souvent quel grand acteur il est, présent devant et derrière la caméra c’est évidemment la cerise sur ce film cadeau drôle et douloureux qui dit « je suis encore là » et « je ne suis (peut-être) plus là pour longtemps ». A presque 80 ans, la démarche parfois hésitante, le regard lointain mais le sourire toujours charmeur Clint s’amuse comme un fou avec ce rôle de xénophobe en multipliant les grimaces, les grognements excédés qui ponctuent chaque phrase. Aucune insulte et noms fleuris pour désigner l’étranger ne lui échappent : niacoué, face de citron, bougnoule (je ne les connais pas toutes). Il ne comprend plus grand-chose au monde qui l’entoure, à la jeunesse surtout, à la violence. Il continue de croire qu’on peut régler les problèmes à la Harry et quand il pointe ses doigts sur les membres des gangs ennemis, on le traite de ‘papy’ mais on recule d’un pas. C’est drôle et toute la filmo défile.
On ne doute pas souvent que le vieux va s’amender au contact de Thao et Sue mais il continue de douter, empêtré dans les souvenirs d’une guerre qui lui a laissé des décorations et des cauchemars, désolé de n’avoir pas compris ses enfants, hésitant entre croire en Dieu et ne pas y croire (Dieu ne réagit pas très vite quand on le sollicite…), se confesser ou pas à un « puceau séminariste suréduqué » qui pourrait être son petit-fils et qu’il doit appeler « mon père » (Christopher Carley vraiment très bien), boire bière sur bière, et simplement se faire faire son premier costume sur mesure... Toutes les questions sans réponse d’une vie hantent ce film. Mais le dernier quart d’heure insuffle un véritable suspens que moi (pas très maligne) je n’avais pas senti venir.
Et j’ai passé tout le générique affalée dans mon fauteuil, plus sonnée qu’une million dollar baby !
Pour la troisième édition de la soirée Family and Friends qui rassemblait les « 300 » élus (HA HOU ! HA HOU ! HA HOU !) parmi les mortels et leurs invités,
ALLOCINE
avait choisi cet endroit magique à la programmation insensée «le Forum des images ». Au programme : cocktail dînatoire et projection en avant-première mondiale intergalactique du film de Zack Snyder (rien qu’écrire ce nom me fait venir le sourire aux lèvres
« Watchmen ».
Mais avant d’accéder, il faut poiroter un peu dans une foule compacte amassée, cinéphile et patiente. Sur la pointe des pieds, je cherche du regard ma family et mes friends… Rien !
- Haaaaaaaaaaaaaaan ? Marie. Toujours la chope à la main hein ?
- Ben oui, mais i pique leur crémant !
Et blabla bla bla bla
Et pis là… à peine j’ai le temps de boire un verre d’eau et de manger un nem (la prochaine fois, je mange AVANT) qu’un beau jeune homme se précipite sur moi, me plaque au sol et me roue de coups de poing : « ôôôôô, toi t’es Pascale de « Sur la Route du Cinéma », t’es trop méchante… t’aimes pas le cinéma… t’aimes rien… t’aimes jamais rien… t’as pas aimé LOL… t’aimes, allez bon, je dirai un film sur 10 et c’est jamais le bon !!! ».
Et là, vous me connaissez ; telle ElastiGirl je me redresse sur mes deux pattes arrière d’un bon d’un seul, et avec le sens de la réplique qui tue et qui me caractérise, je lui dis :
-« elle peut ouvrir son sac la ptite dame ? Elle a un portable ? Un appareil photo ? Une caméra ? Une clé d’douze ?
-Gné ??????? un quoi ???? Non mais, avec ma tête des années cinquante coincée entre la nouvelle vague et Bergman, j’aurais un portable ???? I va s’calmer l’agent fédéral, j’ai qu’un coup d’fil à passer et i s’retrouve à faire la circulation à Bagdad l’agent !!! I voit c’qu’elle veut dire ! J’t’en foutrai des la ptite dame moi ».
Comment je l’ai trop mouché le FBI moi.
On s’installe dans la (très belle et très grande) salle très pleine. Petit discours d’accueil, de bienvenue, de prise de conscience de la qualité hautement évènementielle de l’évènement avec chauffage à blanc du public :
-c’est qui qu’est venu à la première soirée ALLOCINÉ ????
-HA HOU ! HA HOU ! HA HOU ¡
-C’est qui qu’est venu à la deuxième soirée ALLOCINÉ¿??
-HA HOU ! HA HOU ! HA HOU ¡
-C’est qui qu’est venu à la TROISIÈME soirée ALLOCINÉ¿??
-HA HOU ! HA HOU ! HA HOU ¡
-LOL - MDR
And now, ladies and gentlemen, watchmen, wachgirls, family zand friends, le moment que vous attendez tous en presqu’avant-première mondiale :
LES WATCHMEN de Zack Snyder()
AVERTISSEMENT.
Dans un monde où demander pardon est devenu un sport international de haut niveau… je demande pardon à deux genoux aux Watchmen, à leur famille, à leurs amis et assimilés.
Les super héros d’antan sont rangés des voitures et coulent une retraite pas très paisible, alors que c’est grâce à eux que les Etats-Unis ont gagné la Guerre du Vietnam. Si U_U !!! La patrie n’est pas reconnaissante. Mais l’horloge de l’apocalypse qui reste coincée sur minuit moins cinq est le symbole qu’entre les States et l’URSS ça peut péter gras lourd d’une minute à l’autre. La troisième guerre mondiale est imminente. Nixon et Kissinger (une prothèse de nez pour le premier, une prothèse de lunettes pour le second) s’inquiètent.
Un ancien super est assassiné. Ça énerve un autre ancien super et tels les Indestructibles, les anciens super devenus super anonymes vont reprendre du service, emmené par Walter Kovacs, un taré de la tête qui va essayer de reformer sa bande de furieux. Contrairement à ce que leur nom laisserait supposer, les Watchmen ne sont pas des hommes qui regardent ni même des Rollex pour hommes, mais des gardiens ! But « Quis custodiet ipsos custodes ? » Je vous le demande.
Les watch n’ont pas vraiment de super pouvoirs (sauf un qui en a des…), ils connaissent le doute, la peur, la folie, la dépression, ils boivent des litrons seuls dans des chambres pourries etc... Ils ont des sentiments aussi. Bref, toute la panoplie humaine. Mais quand ils remettent leurs super costards, ça dézingue adonf.
A l’issue de la projection, m’est instantanément revenue en mémoire la sentence que Mozart inflige à Salieri. Alors que ce dernier l'a invité à écouter un de ses opéras, Mozart dit : « je ne pensais pas qu’une telle musique fut possible ! ». Pareil : je ne pensais pas qu’un tel film fut possible !
Deux heures et quarante trois minutes de bruit et de fureur entrecoupés de flash back poussiéreux, de scènes de cul à hurler de rire, de lévitation, de passages gores, de tirades ampoulées, de répliques (in)volontairement drôles... Si la BD ou plutôt le « roman graphique » (je vais quand même pas tous les énerver les watch-fans !!!) est un sommet, ce film est un salmigondis abscons et risible ésotérico-philosophique, du pur Zack je dirai pour faire court.
Il faut quand même que je vous parle de ces super. Le plus cintré c’est Walter Kovacs. Il est mauvais comme une teigne parce que quand il était petit sa maman lui a dit : « j’aurais dû avorter plutôt qu’avoir un moutard comme toi ». D’accord ça ne se fait pas mais c’est pas une raison pour, quand un mouflet lui dit « ta mère la tepu » (ce qui est vrai vu qu’elle couche pour de l’argent, faut appeler un chat un chat) se jeter dessus et lui bouffer la moitié de la joue (en gros plan, merci Zackou). Son nom de guerre c’est Roschach, oui oui comme le test, et sur sa figure, il porte une chaussette en forme de test qui bouge tout le temps. Ce type est toujours super véner et quand il est en prison avec d’autres psychopathes de son envergure, il a une super partition à jouer, un peu à la Chuck Norris.
A la cantine, les autres se fichent de lui (sans doute parce qu’il est roux) alors il s’énerve et dit :
« vous vous gourez les gars, je ne suis pas enfermé avec vous, VOUS êtes enfermés avec moi ».
Je vous laisse méditer.
Quand il rencontre un nain, il lui dit :
« tu vois le monde en grand ».
MDR.
Sinon, c’est un violent c’est sûr, mais au fond c’est un pur qui n’aime pas le mensonge.
Adrian Veidt/Osymandias, super héros super riche a un super costume : une barrette dans les cheveux.
Edward Blake dit le Comédien est le sosie de Javier Bardem (en moins bien) et parfois de Robert Downey Jr (en beaucoup moins bien). Il s’habille un peu n’importe comment mais il n’oublie jamais son pin’s.
Dan Dreiberg ou le Hibou est timide et binoclard dans la vraie vie, un peu comme Clark Kent/Superman mais quand il met son costume de super qui ressemble à Batman, mais comme c’était déjà pris, il s’appelle Hibou, il est super. Il est amoureux d’une super, Sally Jupiter/Spectre Soyeux (rapport à ses cheveux sûrement)
mais elle est maquée avec le Boss, Jon Osterman dit Dr Manhattan (le super des super),
un type super cool mais un peu tristouille, super bleu avec un sguègue à la Rocky (pas Balboa, Siffredi). Il a la particularité de se promener tout le temps à poil, la zigounette à l’air, sauf quand il était jeune. Soit il avait les moyens de s’acheter une culotte, soit il était pudique. On ne nous le dit pas. C’est un type contrarié, paranoïaque avec un sentiment de culpabilité surdéveloppé. Il voudrait tout : sauver le monde et garder sa meuf. Oh l'autre hé !
En fait, le Dr Manhattan, c’est Dieu. Je ne savais pas qu’il était marié Dieu. Enfin, de toute façon elle le quitte pour le Hibou (dont on ne voit pas le zizi mais qui bande mou). Il est le super le plus tordant que j’ai jamais vu. En fait, c’est pas qu’il bande mou, c’est que sans son costume de super, c’est une vraie chiffe molle. Mais essayer de faire l’amour avec un costume de Batman vous ? Alors du coup, quand il emmène Spectre Soyeux dans son aéroplane blindé, Zack (le réalisateur) lui balance « Alleluyah » (vous savez la chanson de Leonard Cohen) sauf qu’il se plante et ne lui envoie pas la version Jeff Buckley… et pan c’est la débandade. Pathétique. Faut dire que la Soyeuse ne cesse de lui parler de son ex ce qui, vous le reconnaîtrez, n’a rien d’aphrodisiaque même si vous êtes un hibou super tolérant…
Bon, je vous la fais courte quand même, j’ai appris des trucs, j’en pleure encore… En vrac : le Comédien est le père de La Soyeuse (j'ai cru m'étouffer de rire là ! c'est pas que ce soit drôle c'est qu'on s'en fout complètement... et que "je suis ton père Luke"... ça avait une autre gueule), le surhomme est américain, Dieu est bleu (je savais déjà même pas qu'il existait mais savoir qu'il est bleu...) et il est américain aussi. Sinon, rassurez-vous, ça finit bien sauf pour le test de Rorschach… toute façon, ce mec c'est qu'une tâche.
Ensuite, nous sommes allés (Sandra, Osmany, Bridget, Hervé et moi) dans un endroit incroyable, mais c'est une autre histoire :
P.S. : j'adore ces soirées Allociné, vivement la prochaine !
Joséphine et Lionel s’aiment tendrement. Ils se le disent parfois, se le prouvent le plus souvent par des petits gestes du quotidien qui en disent plus long que les discours, comme préparer un repas, prendre le petit déjeuner ensemble, s’inquiéter pour l’autre, l’attendre, l’accueillir, l’écouter ou le regarder vivre, lui préparer un médicament... Lionel est conducteur de RER, Joséphine poursuit des études. La particularité de ce beau « couple » qui n’en est pas un est qu’ils sont un père et sa fille. Ils vivent tous les deux dans le même appartement d’une banlieue pas rose/morose. Ils n’ont ni grands malheurs, ni grands bonheurs, mais de petites joies, des projets, un deuil commun, des rencontres, des amitiés et peut-être des amours qui les rendent encore plus attentifs, un peu jaloux aussi l’un de l’autre, l’un pour l’autre.
Dès la scène d’ouverture où Lionel rentre du boulot accueillie par sa fille qui l’attendait on est saisi par la tendresse, la délicatesse de ce film, de cette histoire qui déborde d’humanité par tous les pores de la pellicule. Le père c’est Alex Descas magnifique, serein bien qu’il demande à sa fille chérie de tenter de s’envoler. La fille c’est Matti Diop, pur concentré d’intensité et de naturel. Autour d’eux un pilier des films de Claire Denis, Grégoire Colin toujours énigmatique, anxieux, superbe.
Un film émouvant, mélancolique d’une très très très grande classe qui étreint le cœur comme rarement... un film qui donne envie de s'acheter un autocuiseur rouge et de s'en servir...
Ça se passe à Brooklyn dans les années 50. Joey 7 ans et Lennie 12 ans vivent seuls avec leur maman dans un petit appartement. C’est l’été mais Lennie considère Joey comme un fardeau car il doit s’en occuper pendant que la mère se rend pendant deux jours au chevet de leur grand-mère. Pour se débarrasser de Joey, Lennie simule un accident. Persuadé d’avoir tué son grand frère, le petit Joey se sauve, saute dans un train et se retrouve à Coney Island qui à l’époque était un immense parc d’attractions au bord d’une plage surpeuplée. Joey va passer une journée et une nuit de rêve et de cauchemar, multipliant les tours de manèges, la dégustation de confiseries, organisant sa fuite devant les policiers, se débrouillant pour gagner les cents qui lui permettent de subsister et se distraire pendant ces 24 heures.
Entre le bonheur et la culpabilité de Joey la caméra se situe toujours à hauteur du petit garçon qui est une espèce de petit poulbot new-yorkais dont la bouille craquante et le naturel désarmant sont inoubliables. A aucun moment on a l’impression que Joey « joue » mais que toutes ses mimiques, expressions, réactions sont saisies sur le vif.
Il est incroyable que ce bijou de film soit resté inconnu pendant 56 ans alors qu’il a obtenu un Lion d’Argent à Venise, qu’il était nommé à l’Oscar du meilleur scénario et qu’il est à l’origine de bien des carrières cinématographiques prestigieuses et que François Truffaut en dit :
"Notre Nouvelle vague n'aurait jamais eu lieu si le jeune Américain Morris Engel ne nous avait pas montré la voie de la production indépendante avec son beau film, Le Petit Fugitif".
Aucun doute, même en chemise, Hugh Jackman est... comment dirais-je ?
Grand...
Je ne m'en lasse pas !
Mon avis sur les Oscar n'ayant aucun intérêt, je ne le donne pas parce que je ne conteste rien... sauf peut-être Penelope Cruz (je ne peux vraiment pas m'empêcher...), car les rôles d'hystérique ne m'ont jamais impressionnée.
Antoine De Caunes devra lui aussi "mouiller la chemise" pour assurer le show vendredi aux César.
Il y a une vingtaine d’années Randy Robinson dit “le Bélier” était une star du catch. Aujourd’hui, sans un sou, il vit seul dans un mobil home crasseux, abandonné par sa femme et sa fille qui ne veut plus le voir mais avec qui il tentera de renouer une relation. Pour survivre il se produit dans des salles des fêtes minables, signe des autographes, vend des cassettes vidéo de ses combats et trouve des petits boulots mal payés.
Pour ceux qui comme moi n’y connaissent rien (mais vraiment rien de rien) au monde du catch, ils auront la surprise très inattendue de découvrir, et c’est l’aspect documentaire et manifestement documenté du film, que dans les coulisses ces gros bourrins aux muscles hypertrophiés, dopés aux anabolisants et autres substances chimiques qui se distribuent comme des chewing-gums dans les vestiaires, sont des amis mais aussi de gros nounours adorables qui vivent leur passion au-delà des limites, qui chorégraphient et élaborent leurs matches avant d’entrer en scène. Le but est d’en donner toujours plus à un public survolté qui n’en a jamais assez. Le paroxysme est atteint lorsqu’un adversaire propose un combat où les cordes sont remplacées par des barbelés et où l’on peut faire usage d’une agrafeuse !!!
Entre les coups feints, ceux qui portent vraiment, les chairs martyrisées, les doses phénoménales quotidiennes de médicaments… le corps et le cœur en prennent un sacré coup. Ici c’est Mickey Rourke I.M.M.E.N.S.E. qui abandonne son corps au cinéma et l’immole au pied de ce film qui lui doit tout ou presque. Evidemment, le talent, le savoir-faire de Darren Aronoski sont à l’œuvre également. Car il n’a pas son pareil pour nous embarquer dans une histoire et ici nous surprendre par son côté hautement réaliste. Il nous plonge littéralement dans ce monde sinistre, sordide malgré les paillettes de certains costumes sans jamais céder au misérabilisme car ces hommes aiment ce qu’ils font et ne savent d’ailleurs rien faire d’autre.
Le réalisateur n’élude pas l’aspect sentimental de la vie de son héros sans tomber dans un romantisme niais, bien au contraire. Randy essaiera maladroitement, naïvement mais avec une sincérité désarmante de se réconcilier avec sa fille. La scène à Coney Island est à ce titre sublime. Il poursuivra de ses assiduités toutes aussi pures une strip-teaseuse elle aussi fracassée par la vie (Marisa Tomeï dans son énième rôle de brave fille paumée au grand cœur ne m’a pas convaincue mais « énerve » beaucoup les garçons…). Mais c’est le ring, les cordes et les combats qui restent sa raison de vivre.
Revenons-en à Mickey Rourke ! Je m’étais promis de ne pas faire de parallèle entre le personnage qu’il interprète et ce que tout le monde connaît de sa vraie vie de bad boy, mais il est vrai que la frontière semble tellement mince entre les deux que je suis bien obligée de me résoudre à reconnaître que les deux semblent se confondre parfois. Cela n’empêche nullement Mickey Rourke, ex star sexy glamour des années 80 devenue has-been et indésirable par son acharnement à se détruire, de réussir ici le tour de force de nous émouvoir pendant 1 h 45 sans jamais nous appitoyer. Sa performance d’acteur digne, sensible, chaleureuse, humaine, douce, intelligente, d’une retenue exemplaire où on aurait pu craindre excès et cabotinage est ce qu’il m’a été donné de plus beau et admirable à voir au cinéma depuis longtemps. Sous la longue tignasse filasse jaunâtre dont il soigne particulièrement les racines, le visage presque méconnaissable où l’on retrouve néanmoins encore le doux regard d’ex séducteur sous les traits boursouflés et dans ce corps massif, puissant qui perd peu à peu de sa vigueur, le rare sourire, les larmes de Mickey Rourke sont bouleversants.
Darren Aronofski conclut son film et nous laisse comme son héros, en apesanteur.