La fille du RER d’André Téchiné **
Jeanne vit avec sa mère Louise dans un pavillon de banlieue plutôt cossu s’il n’était sonorisé par le passage régulier et vrombissant du RER. La mère et la fille sont très proches l’une de l’autre, hyper complices. Louise garde des enfants à domicile et se désole un peu que Jeanne sans emploi ne mette pas plus de conviction à en chercher un.Quand Jeanne rentre le soir, elle dit qu’elle a passé sa journée en entretiens mais Jeanne ment. Elle passe en fait son temps à glisser dans les rues en se faufilant sur ses rollers. Puis elle rencontre Franck qu’elle trouve idéal. Elle s’installe avec lui dans un drôle d’endroit. Louise doute que sa fille puisse trouver le bonheur avec ce garçon un peu étrange et direct dans ses paroles, elle reste sceptique sur le comportement de Franck qu’elle trouve agressif… et effectivement, il quitte rapidement Jeanne de façon brutale. En réaction à cet abandon qu'elle ne comprend pas, Jeanne va inventer un mensonge rocambolesque qui va faire chavirer bien des existences…
André Téchiné brode et imagine la vie de Jeanne qui bascule à partir d’un fait divers réel. En 2004, une jeune fille a porté plainte suite à une agression antisémite dont elle aurait fait l’objet dans le RER. En l’absence de toute preuve et de tout témoin, cette « affaire » a mobilisé pendant 48 heures toute la compassion et toute l’émotion nationales (des média aux 60 millions de citoyens français en passant par l’Elysée… et pourtant nous n’avions pas encore à l’époque un Président prêt à se déplacer et à intervenir personnellement dans chaque foyer dès qu’il y a une fuite d’eau !). L’intox était assez géniale et fascinante mais la jeune femme avait dû rapidement reconnaître qu’elle avait tout inventé !
N’aimer que moyennement un film d’André Téchiné est suffisamment rare pour que j’en sois encore toute déconcertée le lendemain de sa vision. Et pourtant, même après réflexion, je dois avouer que les aspects gênants ont pris trop de place pour faire de ce film, un film aimable.
Je n’ai pas aimé que Téchiné :
- se mette à filmer caméra à l’épaule ? On se doute –même moi- qu’une fille à rollers, sillonne et slalome : inutile de nous mettre la caméra sur roulettes. Cette façon de filmer devient vraiment pour moi très très gênante.
- qu’il fasse (comme le premier débutant américain venu) tomber des giboulées dignes des moussons tropicales dès que les choses se gâtent pour un personnage ? Avez-vous remarqué vous aussi à quel point il pleut quand ça tourne au vinaigre ?
- ne nous donne pas l’occasion d’aimer sa Jeanne ni de comprendre réellement pourquoi, comment elle sombre si rapidement dans cette espèce de folie et qu’elle redevienne tout à coup aussi « normale » que vous et moi qui ne nous sommes jamais fait des entailles (très très légères) au visage et aux bras, couper une mèche de cheveux, tatouer des croix gammées sur le ventre pour filer droit à la police accuser des noirs et des arabes ?
- bâcle sa fin en queue de poisson, au soleil autour d’une table « ami Ricorée »,
- ait négligé les personnages de Ronit Elkabetz et Mathieu Demy…
Que reste t’il alors ? Les acteurs évidemment.
Emilie Dequenne est Jeanne. Dans son regard absent, parfois plongé dans le lointain, on sent toute la fragilité et l’ambiguïté de la jeune fille.
Nicolas Duvauchelle est Franck, toujours tendu, inquiet et inquiétant.
Et évidemment, Catherine Deneuve est Louise, parfaite. Crédible en mère attentive, affectueuse puis inquiète, crédible aussi en « assistance-maternelle » de banlieue qui « joue au sable » et raconte des histoires aux enfants. Son naturel, son énergie, sa liberté et sa vulnérabilité font ici, une nouvelle fois des merveilles.
Commentaires
Oui... mais la pluie est toujours très romantique chez Téchiné. C'est un peu une signature (comme dans Le Lieu du crime) et les tables de famille aussi (comme dans Ma saison préférée).
Je crois comprendre quand même ce que tu ressens à force de lire des avis sur le film (je ne devrais pas mais je ne peux pas m'empêcher !)
Vivement que je puisse me sauver le voir.
Un Téchiné même à moitié aimé, reste un Téchiné !
:))
Nan ! tu connais un bon plombier ?
J'aime énormément Téchiné mais je n'ai pas encore vu ce film. J'espère que j'y retrouverai malgré tout un peu de la Téchiné Touch... La dernière photo me fait penser à Ma saison préférée.
Maan : romantique la pluie ? Bon d'accord.
Quoique j'aurais lu sur un Téchiné je serais allée le voir mais franchement celui-là après "Les témoins" et tout ce qu'on sait il est vraiment tout rikiki/
Quant au repas de "famille", tu verras, rien à voir avec la splendeur de "Ma saison préférée" tout en douceur et en intensité !
Frederique : c'est bien le blème. Même ça, il sait pas faire ! C'est pourtant pas dur de boucher un trou !!!
Madame Kévin : ce film a le mérite de donner envie de re-voir "Ma saison préférée".
Roooo...
11 commentaires pour une daube comme Coco et 4 pour un Téchiné (même râté).
Eh Oh ... lecteurs de ce blog, réveillez-vous. C'est un blog cinéphile, ici.
Quand même ! Ecrivez-nous, comme Pascale, que vous voulez revoir "Ma saison préférée" mais pas que vous voulez vous délasser le neurone en allant voir le Gad. (Au demeurant très bon dans ses one man show)
Pfff.
Damned...
Je commence à râler comme Pascale.
Maan : c'est pas le nombre qui fait la qualité ! Tu verras quand tu auras vu le Téchiné !!!
Re-Maan : mais bordel, arrête de dire que je râle !!! Jê râle jamais. Trouve moi UN commentaire où je râle...
Tiens, on fait moins le malin là !
Il sort quand, le prochain Téchiné ?
Tu as raison pour le nombre de commentaires, c'est comme les entrées en salle.
:)
Mais si, tu râles... heureusement d'ailleurs.
Rob... tu sors ! ;-)
Tu vas voir, je vais te l'exploser le nombre de comms sur le Téchiné, moi.
Rob : kikoo Rob, MDR.
Mais j'espère qu'il est en train de le tourner après ce brouillon... LOL.
Maan : oui ben dire que je râle c'est pas le prouver. :-P
Deux regards pour un même film...
j'espère que tu vas mieux que bien + t'embrasse fort = benoit
Je m'en doute un peu !!!