La sicilienne de Marco Amenta **
La petite Rita fait le bonheur et la fierté de son papa. Sauf qu’il n’est pas un papa ordinaire puisqu’il s’appelle Don Vito Mancuso et qu’il est le parrain d’une mafia sicilienne. Lorsqu’il se fait assassiner pour avoir refusé d’entrer dans le trafic de drogues, la petite fille est folle de douleur, mais son frère lui demande d’apprendre à patienter. Ils le vengeront plus tard. Le frère se fait également assassiner. Cette fois, Rita décide d’alerter la justice de Palerme et de dénoncer le clan adverse. Elle se présente donc chez un procureur munie des carnets dans lesquels elle a consigné tout ce dont elle a été témoin depuis des années.
Le plus saisissant est d’apprendre que cette histoire est vraie et que cette jeune fille courageuse qui a fini par comprendre la différence entre vengeance et justice savait qu’elle risquait sa vie en s’attaquant au cœur même de la Mafia. Le Procureur qui l’a aidée était un ami du juge Falcone assassiné par un chef mafieux qui actuellement croupit en prison.
Ce n’est pas un GRAND film sur la mafia mais le réalisme percutant habilement associé à un style romancé et l’absence de fioritures en font un témoignage honnête sur un fléau qui continue à imposer son pouvoir. Le réalisateur a compris qu’il était inutile d’en faire trop pour qu’on comprenne la fameuse loi du silence qui semble triompher d’elle-même. Le rôle des femmes, réduites au silence et aux larmes, à n’être que des ombres portant les deuils successifs des hommes est terrible. On n’en salue que plus l’audace, la résolution voire l’héroïsme de cette jeune fille de 17 ans qui a tenté de tenir tête à la « pieuvre ».
Si le choix de Gérard Jugnot dans le rôle du magistrat est surprenant (ils n’ont pas d’acteurs en Sicile ?), il ne s’en sort vraiment pas mal du tout. Mais c’est évidemment la jeune Veronica d’Agostino pratiquement seule contre tous, dont l'enfance et l'adolescence bousillées la rendent encore plus formidable en victime vengeresse, rageuse, traquée et résolue.