Mères et filles de Julie Lopes-Curval **(*)
Audrey, jeune femme de trente ans est enceinte mais elle ne se sent absolument pas prête à avoir un enfant, qui plus est avec un homme qui comme elle, privilégie son travail et son indépendance. Elle vit au Canada depuis dix ans mais pour faire le point revient vivre quelque temps chez ses parents au bord de la mer en France. L’atmosphère électrique qui règne entre sa mère Martine et elle, l’encourage à s’installer dans la maison voisine de son grand-père, mort un an auparavant.
C’est dans cette maison qu’elle trouve un petit carnet de recettes ayant appartenu à sa grand-mère Louise qu’elle n’a pas connue, cette dernière ayant abandonné mari et enfants quand ils étaient encore tout jeunes, et sans explication. Dans ce carnet, Louise notait aussi parfois les états d’âme bovariens de la belle jeune femme de province qu’elle était, choyée et asphyxiée par un mari tailleur qui jouait à la poupée en lui confectionnant les plus belles toilettes, mais lui interdisait la liberté de travailler, de sortir, de conduire.
La seule réserve que j’émettrais est qu’il n’était peut-être pas utile d’une explication de texte aussi catégorique et dramatique pour faire le lien entre ces trois générations de femmes. La réalisatrice réussit avec adresse et finesse les constants allers et retours entre les trois époques et les trois femmes. La réalisation élégante nous transporte sur plus de cinquante ans mais l’intrigue se déroule au même endroit, dans cette maison qui a abrité tous les non-dits, secrets, mystères et malentendus de cette famille où les hommes impressionnés par la douleur des femmes essaient de trouver leur place.
Marie-Josée Croze est Louise, la grand-mère, très belle, d’une douceur et d’une tristesse infinies. Soumise, dépendante mais consciente qu’elle n’atteindra jamais son rêve d’indépendance ou simplement celui d’exister hors de sa cuisine.
Martine est interprétée par Catherine Deneuve, à la fois mère et fille dans l’histoire. Elle n’a jamais pardonné à sa mère d’être partie. Elle a pourtant accédé au vœu de celle-ci qui souhaitait qu’elle soit instruite pour obtenir la liberté qu’elle n’a jamais eue, notamment en travaillant. Martine est médecin, et même un bon médecin manifestement, mais incapable de tendresse envers sa fille.
Quant à Audrey, c’est Marina Hands qui lui offre sa jeunesse, sa modernité mais aussi ses doutes et sa blessure de ne savoir comment atteindre sa mère ?
Trois générations de femmes, trois époques, trois univers et surtout trois actrices merveilleuses face à une partition tendue et nerveuse. Ce n’est pas vraiment un film militant et féministe, mais un peu quand même puisqu’il laisse entrevoir le chemin parcouru en 50 ans. C’est aussi un film qui parle de famille et de transmission. De la manière dont on répète les mêmes erreurs. Des dégâts collatéraux et parfois irréversibles qui sont causés et auxquels on échapperait peut-être un peu en parlant…
Les hommes (Jean-Philippe Ecoffey, Michel Duchaussoy) très doux, très aimants sont formidables aussi. Gérard Watkins est exécrable comme son rôle l'exige.
Commentaires
J'ai un très gros problème avec Marina Hands, le genre de problème qui fait que dès que je la vois, je suis pris d'un syndrôme d'intolérance à son sourire niais et son jeu en carton. Je la déteste, c'est physique.
Mais c'est con, parce que Marie-Josée Croze, je l'aime d'amour et Catherine Deneuve, j'ai toujours adoré sauf dans "Après Lui" (où là elle aurait mieux fait de faire un coma éthylique la veille du début du tournage, ça lui aurait permis de de passer à côté du pire navet de sa carrière).
Alors je vais peut-être me laisser faire, un petit lexomil avant le film et je passerai outre Marina Hands.
Alors bon... Voilà, je pensais la même chose de Marina Hands (à cause sans doute de sa mère que je trouve aussi INSUPPORTABLE... bref !) et puis j'ai vu.. En fait, je me suis FORCéE à voir "L'amant de Lady Chatterley" après la pluie de César qu'il a reçu et devant les louanges unanimes je ne voulais pas passer à côté de ce film. Elle y est absolument DIVINE et pas du tout ce que je m'étais imaginée en ne la voyant que dans des seconds rôles. Depuis, je l'aime d'amour...
tiens :
http://www.surlarouteducinema.com/archive/2007/06/23/lady-chatterley-et-l-homme-des-bois-de-pascale-ferran.html
Quant à Catherine, elle est mon Clint au féminin si tu veux... Et dans "Après lui", elle m'avait hypnotisée comme toujours. Et ce film m'avait mise KO...
et retiens :
http://www.surlarouteducinema.com/archive/2007/05/25/apres-lui-de-gael-morel.html
Tu peux y aller sans Lexomil je crois :-)
arf, justement c'est depuis Chatterley que je peux pas la voir Marina Hands...
Et Après Lui, j'y ai pas cru une seconde malheureusement...
enfin bon, on verra si il passe vers chez moi huhu :-)
Chacun ses détestations...
Moi c'est la "gamine" qui jouait dans l'Esquive. J'ai même pas pris la peine d'apprendre son nom.
J'ai envie de voir ce film, car j'avais aimé le précédent film de la réalisatrice (avec Julie Depardieu, [que j'adore !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!])
H. : vivre ce genre d'expériences peut faire faire des choses et provoquer des réactions surprenantes pour l'entourage. J'ai compris à 200% que s'il mettait arriver "ça"... j'aurais sûrement pété une durite..
Ed :
Moi c'est Keira Knightley...
Ta "gamine" je l'ai aimée dans "l"Esquive"... mais depuis je suis de ton avis : INSUPPORTABLE !
C'est beaucoup moins "léger" que le film avec Julie.
très émouvant, j'ai adoré ! Marina Hands, elle a maigri des joues, ou c'est moi ? mais sinon, Marie-Josée, Catherine, et Marina, c'est une belle brochette d'actrices, j'aurai pas fait mieux.
Juste un bémol de photographe en herbe, l'objectif de la camera n'est pas toujours au point au bon endroit... ça fait des flous pas terrible sur des actrices qui jouent, bof bof... mais ça c'est pour faire mon chieur, car le film est une belle trouvaille... merci ;)
Comment veux-tu que je sache si t'as maigri des joues ??? T'es couillon des fois j'te jure.
Oui, belle brochette harmonieuse et convaincante.
Fais ton chieur, ça te va bien au teint.
Ahh !!! Ya pas 2 jours, on m'a dit " T'es beau quand t'es chiant". c'est un signe !!
Moi non, j'ai pas maigri des joues.. au contraire, mais je ne me souvenais pas que Marina avait des joues aussi creusées.
J'avais bien compris, spèce de nouille...
Mais t'es beau même quand t'es pas chiant.
"tain, j'suis d'bon poil moi !