Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé *
Jean est un maçon consciencieux dans son travail, tendre avec sa femme et son fils, aux petits soins avec son vieux papa. Jean est un mec bien.
Un beau jour il croise le regard et les taches de rousseur de Véronique la jolie et gentille institutrice de son fils.
Que va-t-il se passer ? Rien, ou pas grand-chose sauf que l’équilibre rassurant de la famille va vaciller mais pas trop et tout le monde va être malheureux.
Jean/Vincent Lindon maçonne, on y croit. Cet acteur peut tout faire de toute façon.
En pique-nique avec son fils et sa femme (Aure Atika, très juste, à sa place, évidente), Jean s’interroge sur le complément d’objet direct. C’est drôle, c’est touchant, on y croit. Quand il dit « relis un peu l’énoncé des fois ? », c’est à la fois à se tordre et poignant. Il sait faire ça Vincent Lindon, passer plusieurs sensations, plusieurs émotions dans une seule réplique.
Jean/Vincent lave les pieds de son vieux père (même si c’est un crève-cœur de voir Jean-Marc Thibault tout vieux), il élève la voix pour se faire entendre sans jamais s’agacer de devoir tout répéter, et on y croit toujours.
Lorsqu’il rencontre Melle Chambon, on y croit encore ou plutôt les incorrigibles romantiques sentimentaux (comme moi) qui sont venus voir une histoire d'amour y croient.
Ah l’amour difficile, l’amour contrarié ou impossible, les jamais, les toujours ; au cinéma ça peut même donner la merveille des merveilles… dont le bruit court que Stéphane Brizé l’avait en tête ! Je n’ose le croire.
Mademoiselle Chambon c’est Sandrine Kiberlain, très jolie, très douce (trop !) mais presque sans réactions parfois, sans énergie. Elle est l’institutrice itinérante dont on sent qu’elle est le vilain petit canard de sa famille. Elle poserait bien un peu ses valises puisqu'elle s'imagine qu'avec Jean dont elle fait chavirer le coeur, ça va être possible.
Donc Jean et Véronique se plaisent. Donc, ils se regardent, s’effleurent, soupirent, se regardent, se tournent le dos, s’évitent, se regardent… Leurs yeux sont souvent humides mais pas les nôtres car s’il ne se passe rien entre eux, et qu’ils sont même maître dans l’art de l’intériorisation, il ne se passe rien non plus dans le regard et le cœur de la spectatrice que je suis. A un moment, j’ai eu envie de me lever et de leur dire « bon sang, PARLEZ-VOUS, deux grandes personnes consentantes comme vous devraient parler… ça peut aider !!! ».
Je me disais aussi (un film où on a autant le temps de réfléchir c’est pas bon signe !) que je ne comprenais sûrement rien au désir, à la sensualité, tout ça. Est-ce que Mademoiselle Chambon a envie de sentir les grosses mains calleuses de Jeannot sur sa peau douce ? Est-ce que Jean veut apprendre le violon ? Rien, on ne sait rien, on ne comprend rien ! Je dois dire que s’il y a bien un endroit où cela ne me dérange pas de ne pas savoir c’est bien au cinéma. Mais entre ne rien savoir/comprendre de ce qui (ne) se passe (pas) entre les personnages et ne rien ressentir, il y a un monde non ?
Si.
Plus languissant que langoureux ce film décevant, sans émotion sur une rencontre ratée est raté.
Commentaires
Mais attend Pascale
je ne comprends pas c est qui Bruno ?
Vincent LINDON s appelle Jean dans le film
J ai bcp aimé ce film à l inverse des grands spectacles américains
j ai tout aimé les silences les regards j ai pleuré en meme temps que Jean
et la dernière scène est déchirante
Francesca a fait son choix
Jean a fait son choix
c est la meme histoire
je le recommande vivement
oh la la, la mixture que j'ai faite :-)))
Merci.
Mais,
j'ai pas aimé,
PARCE QUE
je n'ai pas pleuré !
Je me rappelle le bisou d'Aure... ;-)
avec 3 semaines de recul, je n'ai retenu qu'une scène, celle de la bande-annonce ou ils se regardent dans le blancs des yeux, assis comme 2 bêtas en écoutant de la jolie musique triste.
http://www.les400coups.org/soirees/archives/grandes/Chambon4.jpg
pioupioupiou
Jordane : oui, z'ont l'air un peu bêta...
Elle est gentille hein l'Aure ?
elle était fraîche, gentille, et souriante.
Elle s'était lavé les dents pour te rouler un palot ?
Sympa la fille (mais méfie toi des brunes bon sang !).
Ce sera une consolation alors... Le film ne passe pas chez moi, et n'est pas non plus prévu dans les prochaines semaines... J'aurais pourtant bien tenté l'expérience, juste pour Vincent Lindon.
Pour Lindon, ça vaut le déplacement.
Les acteurs me sont tous les deux fort sympathiques. J'ai en plus entendu une interview merveilleuse de Lyndon sur Finter en partant pour Roissy l'autre jour, mais je ne sais pas pourquoi, je sentais que le film ne serait pas une réussite. Mais Lyndon est hors des écrans un mec qui me plait vraiment.
Sur les écrans aussi, souvent !
Lindon je l'aime d'amour depuis toujours... de plus en plus depuis qu'il est "vieux".
Certains ont été bouleversés par le film. Pas moi... pourtant tu connais (ou pas ?) ma nature faible face aux grands sentiments.
Je vais donc économiser deux heures de plus, ce qui fera trois dans le weekend... Mais qu'est ce que je vais faire de tout ce temps libre ?
Ben c'est que mon avis. Tu serais peut-être sensible aux non-dits ??? Va savoir !
Eh bien oui ! Ce n'est pas un film bavard. Tout n'a pas besoin d'être dit. Dans la vie de tous les jours est-ce qu'on philosophe ? Il y a des silences habités. Un regard en dit plus que des mots, de même une expression qui change : ah l'institutrice quand Jean lui dit dans un souffle que sa femme est enceinte ! Que c'est bien vu, que c'est bien joué : d'abord le bonheur retenu, pudique, presque incrédule, d'être ensemble, avec ce demi-sourire qui demeure un moment, presque identique, parce qu'il faut le temps de réaliser, et la douleur qui s'installe, lentement, palpable. C'est la vie.
On pourrait juste reprocher à ces gens d'être si parfaits, le maçon, l'épouse... Mais que ça fait du bien un film si sensible !
Hélas (pour moi), je n'y ai pas été sensible.
Ptain, j'aurais du rattraper mon retard et lire cette note avant d'aller au ciné aujourd'hui... Je me suis fait chier comme un rat !!!!
ben toi t'y vas pas par quatre chemins, mais c'est une façon de dire les choses !