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L’enfer d’Henri-Georges Clouzot de Serge Bromberg et Ruxandra Medrea ***

 

ROMY, C’EST L’ENFER PAILLETÉ Reblog from : diskurs: Romy Schneider - L’enfer d’Henri-Georges Clouzot

L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot

En 1964, Henri-Georges Clouzot entreprend de réaliser « L’enfer », l’histoire d’un homme d’une quarantaine d’années qui épouse une femme beaucoup plus jeune que lui et qui se trouve brusquement et violemment confronté à une jalousie pathologique. Le film est censé décrire les symptômes et conséquences de cette véritable maladie. Les deux interprètes idéaux sont Serge Reggiani (Marcel) et Romy Schneider (Odette).

Rapidement c’est le tournage qui devient l’enfer pour les comédiens, les techniciens, toute l’équipe et pour le réalisateur qui, alors qu’il s’apprêtait à tourner une scène très hot entre Romy et Dany Carrel est victime d’une crise cardiaque. Clouzot ne reprendra jamais le tournage. Le mythique et opaque mystère, l’aura légendaire qui planent sur ce film durent plus de 40 ans.

En 2007, Serge Bromberg* se retrouve providentiellement coincé dans un ascenseur avec la femme d’Henri-Georges qui n’a jusque là jamais révélé qu’elle est en possession de 185 précieuses bobines du tournage.

3 heures de claustrophobie plus tard… le charme de Serge Bromberg qui n’en finit plus de remercier Roux et Combaluzier a-t-il opéré sur la dame ?.. toujours est-il qu’elle accepte de lui confier les bobines.

Il découvre des images encore plus époustouflantes que ce que la légende laissait supposer. En effet, Henri-Georges Clouzot souhaitait faire de ce film un évènement monumental capable, voire destiné à remettre en cause les fondements du cinéma.

Ce film relate l’histoire du tournage maudit et évidemment assister à la fabrication d’un film qui finalement ne se fera pas est toujours absolument fascinant d’autant plus ici qu’il s’agissait à n’en pas douter d’une expérience au-delà des limites de ce qui existait et qui en aurait peut-être fait un film expérimental mais en tout cas différent, unique en son genre et donc exceptionnel.

L’état psychologique voire psychique du réalisateur et celui du personnage rongé par la jalousie semblent ne cesser de s’imbriquer l’un dans l’autre jusqu’à se confondre. A cette époque, Clouzot, ainsi qu’il le révèle dans une interview, sortait d’une dépression, d’une « vraie dépression, insiste t’il, pas une dépression de starlette ». On n’en doute pas un instant tant sa mégalomanie et la tyrannie qu’il exerce sur tout son entourage suinte à chaque étape du tournage.

Les témoignages passionnants de Costa-Gavras, William Lubtchansky, Jacques Douy ou de la script d’alors, tous présents sur le tournage ne démentent jamais cette ambiance d’inconfort, de rigueur voire de rudesse imposée par le réalisateur. Au bout de quelques jours, la folie ambiante, l’extrême fatigue de tous, Clouzot insomniaque n’hésite jamais à réveiller toute son équipe pour la remettre au travail, font naître sur le plateau une atmosphère d’incompréhension et de doute et le transforment en cauchemar. Clouzot sait-il lui-même où il veut en venir ?

L’ambiance devient catastrophique et Clouzot de plus en plus tyrannique. Il explore la folie, la maladie, la jalousie du personnage de Serge Reggiani jusqu’au plus profond de son cerveau. Chaque fois que le personnage est en proie à une crise de jalousie, c’est tout son univers mental qui bascule dans la névrose et la paranoïa. A chaque fois qu’un train passe, ce vacarme assourdissant affecte la vision et l’ouïe de Marcel en proie à des crises démentes de plus en plus fréquentes. C’est ainsi que Clouzot expérimente un travail inédit d’effets spéciaux sur les sons et les images.

Manifestement épuisé par le sadisme de Clouzot qui lui fait faire et refaire des scènes auxquelles il ne comprend plus rien, Serge Reggiani quitte le tournage.

Il n’en est pas de même pour Romy qui du haut de ses 26 ans tient tête au réalisateur et n’hésite pas à protester et à se rebiffer en criant plus fort que lui. Cela dit, elle lui fait une confiance aveugle. Il ne faut pas oublier qu’il est à l’origine des chefs d’œuvre tels que « La vérité », « Les diaboliques », « Le salaire de la peur », « Manon », « Quai des orfèvres » ou « l’assassin habite au 21 » (j’invite d’ailleurs les plus jeunes qui ne la connaissent pas, à s’intéresser à cette filmographie, ils ne seront pas déçus). Romy s’abandonne à toutes les fantaisies, toutes les bizarreries, à l’imaginaire exubérant, créatif et exalté du réalisateur.

Il la peint en bleu, la couvre de paillettes, l’emballe dans du plastique, l’attache nue sur une voix ferrée, teste sur elle différents éclairages etc… Les garçons qui iront voir le film auront par ailleurs bien du mal à se remettre de ce que Romy, sublime, érotique, sexuelle comme jamais elle ne le fut après, fait avec un ressort ! Docile, soumise, intelligente, gaie et belle belle belle, elle quittait là et définitivement les costumes empesés de Sissi.

 

Ce film, je l'ai vu en avant-première au Festival Lumière de Lyon. Il sort en salles le 11 novembre, mercredi prochain : précipitez-vous.

L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot

 

*PDG de Lobster Films depuis 1984, il a réuni une collection de cinéma ancien de plus 40.000 titres rares. Producteur délégué pour la télévision depuis 1994, il a produit plus de 500 magazines et émissions, films d'entreprises et documentaires. Il est par ailleurs Directeur Artistique du festival International du Film d'Animation d'Annecy depuis 1999, et membre des Conseils d'administration de la Fondation GAN pour le Cinéma et de l'Association Française contre les Myopathies (organisatrice du Téléthon), et PDG de Steamboat Films depuis 2006. Il a été décoré Chevalier des Arts et Lettres en 2002. Il a reçu le prix Jean Mitry en 1997, remis aux Giornate del Cinema Muto à Sacile (Italie), qui récompense chaque année une personnalité dans le monde pour son travail de conservation au service du cinéma ancien.

Commentaires

  • c'est comme si c'était fait.

  • m'en doute bien !
    Tu vas A.DO.RER.

  • Il n'y avait donc pas qu'un certain monsieur euh comment déjà ah oui Boisd'lest à Lyon ! y avait du sacrément lourd en matière de femelle !!! diable...
    ça faisait longtemps qu'une bande annonce ne m'avait pas donné autant envie d'en voir encore plus...

  • Romy!!!!!
    Ah Romy!!!!!
    J'ai rencard le semaine prochaine avec Romy.
    Vivement mercredi.

  • J'ai pu apprécier le film (fanstastique !) et la passion de M. Bromberg hier soir à l'avant-première parisienne...
    Me permettez-vous de copier cette note sur mon blog ?
    D'avance, merci beaucoup.
    Inoubliable Romy

  • Fred : y'avait même Thierry Frémaux !

    hervé : mercredi tu bosses, je te ferai dire !

    Inoubliable Romy : oui je vous permets car je suis très impressionnée (et il en faut beaucoup pour m'impressionner... dans la vraie vie) par votre blog. Si "mon" Clint avait un tel site hommage il en serait fier.

  • O ça va toi !
    Bon, tu vas encore te faire plein d'amis !
    Je la sens comme ça cette merveilleuse veille de week-end...
    Today est le jour de l'amitié...
    :D

  • Ce matin , on pourrait croire que je veux te piquer Clint (http://livresarrajou.blogspot.com/2009/11/milion-dollar-baby-clint-eastwwod.html) ... aïe ... j' ai dit pas taper !!!!

  • http://livresarrajou.blogspot.com/2009/11/milion-dollar-baby-clint-eastwwod.html

  • Cette fois c' est bon , il marche le lien !

  • Fred : quoi ? Tu voudrais sous entendre que Clint aurait un site à lui dédié et que je ne serais pas informée ???
    J'aime l'amitié.



    La Pyrénéenne : je vais me doucher et je reviens !!!

  • C'est noté ! C'est tout de même énorme comme sortie !

  • Buenos dias
    Tu sais comment yé m'appelle
    Je n'insinue rien, moi, j'éparpille, je ventile !

  • Marcel ?????????????????

  • @ Pascale
    une nouvelle fois tout a fait d'accord avec toi
    mention spéciale à l'érotisme, limite indécent de Romy ...

  • Tiens te vlà revnu. Je peux même plus commenter chez toi. C'est quoi c't'embrouille ? C'est Madame 2312 qui t'empêche ?
    C'est vrai que la Romy n'avait pas froid aux yeux (ni ailleurs !).

  • Les images de Clouzot sont superbes :

    http://lesseptembriseurs.blogspot.com/2009/11/un-tournage-en-enfer.html

    La folie n'est pas loin...

  • Je viens souvent en retard vérifier que tu as bien aimé les mêmes films que moi. Celui-ci, c'est bon.

    Je viens aussi parfois voir s'il faut se déplacer mais je constate que tu n'as pas vu Oscar et la dame rose. J'attendrai, il est dans la prochaine programmation ici.

  • C'est gentil de venir faire tes courses ici. Mais pour Oscar... je n'irai pas... trop de rose, trop de Laroque, trop de n'importe quoi... Donc, non, sans moi et sans regret.

  • C'est fou ce que certains acteurs réussissent à faire.
    Dès que Romy apparait à l'écran le film s'illumine.
    J'en suis encore tout tourneboulé, mais pas uniquement à cause du ressort.

  • @Hervé T'aimerais juste avec un train à prendre en fait...

  • hervé : oui bon ça va ! c'est pas parce que je t'ai fait ce cadeau le jour de mon D-day qu'il faut encore en remettre une couche.

    Fred : manifestement le ressort l'a plus impressionné que le train.

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