Rapt de Lucas Belvaux ***
Stanislas Graff est un homme pressé. Héritier d’un véritable empire dont il est l’actionnaire principal, il est un capitaine d’industrie richissime. On l’appelle « Président ». Il est respecté et semble mener sa vie à fond de train entre les conseils d’administration, les réunions, les déjeûners avec des ministres qu’il peut interrompre pour aller rejoindre une de ses maîtresses, la préparation d’un prochain voyage avec le Président de la République. A la maison, il est un mari et un père aimant et aimé.
Un matin, pas tout à fait comme les autres, alors qu’il sort de chez lui il est kidnappé par un commando cagoulé qui va lui faire vivre plusieurs semaines en enfer.
Passés les premiers jours où tout le monde est effondré par la nouvelle et que chacun se demande, au boulot comme à la maison, comment réunir les 50 millions d’€uros exigés par les ravisseurs, les discussions évoluent jusqu’à décider que seuls 20 millions, pas plus, pourront être avancés par la société à condition que Stanislas les rembourse à sa libération.
Bien que cette histoire soit tirée de celle du Baron Empain qui fut un véritable feuilleton policier en 1978, Lucas Belvaux l’a transposée de nos jours en gardant néanmoins toutes les étapes et abberation de cet enlèvement. Il se trouve que le « Président » en question ici comme le Baron de l’époque ne se révèle pas être l’otage modèle que l’on aimerait sanctifié vivant. En fouillant dans le passé, la vie privée et personnelle de Stanislas, la presse à scandales en révèle tous les aspects secrets. C’est à travers les journaux que la famille apprend qu’il était infidèle, souvent, qu’il entretenait une ou plusieurs maîtresses, qu’il avait des dettes de jeux considérables… En un mot il ne ressemble en rien à la victime idéale que la foule aime avoir en pâture pour s’identifier ou compatir, ou les deux.
Plus que sur les conditions de détention du prisonnier, le réalisateur s’attarde sur les dégâts d’un enlèvement sur une famille, les conséquences sur la vie des proches, de l’entreprise et surtout les réactions qu’il engendre. Il s’interroge aussi sur le pouvoir insensé et nauséabond de l’argent. Surtout et dès lors que les divulgations sont faites, de victime, Stanislas se retrouve sur le banc des accusés. Ce qui se vérifiera encore davantage lors de sa libération où les jugements de toute part provoqueront la disgrâce, le rejet et l’abandon. Comme si le fait de ne pas être un homme irréprochable pouvait justifier la barbarie dont il est le jouet ! En matière de connerie on peut dire que chez l’homme « le pire n’est jamais décevant ».
En ce qui concerne la séquestration de Stanislas, les kidnappeurs ont un certain sens du raffinement en matière de tortures physique et morale. Dès son arrivée, ils lui permettent d’écrire une lettre puis lui sectionnent un doigt qui est envoyé aux proches. Enchaîné par le cou dans le noir, constamment allongé dans une minuscule tente à l’intérieur d’une pièce sans chauffage, il sera abandonné sans contact avec l’extérieur ne comprenant pas les raisons pour lesquelles personne ne paie la rançon.
Vers la fin ses conditions de détention seront quelques peu améliorées, il vivra dans une pièce, seul avec une télé.
Yvan Attal dans le rôle de Stanislas est absolument à sa place. Aussi convaincant et crédible en patron surpuissant, sûr de lui, plein d’autorité et d’arrogance que fragile, vulnérable et bouleversant en victime. Ses tête-à-tête avec Gérard Meylan, un de ses « bourreaux » sont des moments stupéfiant où se mêlent la drôlerie et l’inquiétude.
La fin relativement « ouverte » donne envie de connaître la façon dont Stanislas réagit à la dernière proposition de ses ravisseurs…
Et merci à Lucas Belvaux pour le passage à Ostende...
Commentaires
Je suis allée voir Les Vies Privées de Pippa Lee. Tu l'as vu ? J'en sais rien, car ça fait deux fois que j'essaie de chercher dans tes archives et que ça bugue ! Pas un chef-d'oeuvre, pas mal de clichés, mais sympa, j'ai souri au moins 4 fois, mais peut-être que j'aurais aimé pleurer.
Oui, je l'ai vu. Hier. Ma note arrive. Pas grand chose à en dire. Bof comme toi !!!
le film est bof comme Ed ? ça c'est pas gentil !
Sinon, vu hier soir A l'Origine, Cluzet mouais sauf à la fin, et Emmanuelle nickel chrome du début à la fin... mais j'en parlerai dans la journée.
t'as vu comme je met à jour mon blog ? fou
Tu cherches la bagarre toi ?
Oui ton blog, on a du mal à suivre !
Salut, je découvre ton blog ce soir. Est-ce que tu as une possibilité de syndication ?, j'ai pas trouvé. Sinon je le trouve très intéressant, je vais le référencer sur le mien.
J'ai été déçu par Rapt, j'avais adoré la trilogie de Lucas Belvaux (Un couple épatant, Cavale, Après la vie). Je trouve le film assez convenu. A+ pour d'autres commentaires, je reviendrai !
J'ai biean aimé le dernier Belvaux, qui, comme d'autres de ses films, gagnera certainement à être revu. Ce qui m'a marqué et que j'ai trouvé très réussi, c'est la tension que Bevaux réussit à mettre, avec peu d'effets : montage rapide, peu de temps morts, des personnages froids qui en deviennent inquiétants,... Une belle réussite, qui j'en suis sûr vieillira bien !
Chris : qu'est-ce qu'une possibilité de syndication ??? :-(
Merci pour le compliment.
La trilogie était une merveille.
Et Lucas peut mieux faire, je suis d'accord.
Yohan : assez "captivant" en effet.
Bon ben voilà !
On peut être un sale égoïste et ne pas mériter de se faire enlever et torturer (oui, Yvan, je suis d'accord avec toi !! Pardon, ceci était un message personnel)...
Comme on peut être une femme bafouée et ne pas se voir préférer un chien... la scène du repas est terrible non ? moi j'lui aurais cuisiné son clébard pour me venger de toutes les petites vicissitudes de la vie d'une femme d'un capitaine d'industrie... bon... je ne crois même pas qu'un marin me remarque alors l'âge du capitaine... Qu'est-ce que je disais ? Ah oui, y a des moments HORRIBLES !!!
Comme celles où les petits et les médiocres* en profitent pour se partager le cadavre même pas froid, et pour cause, il revient et manifestement, il les emmerde...
Sacré Lucas ! J'l'adore ! mais il peut faire mieux, il A FAIT MIEUX !!!
Lucas, nous comptons sur toi :)
* d'ailleurs, la veuve en or pourrait causer des cons aussi, dans le même sac que les emm...