La sainte Victoire de François Favrat ***
Le rêve de Xavier, gosse d'une banlieue du sud de la France, est de devenir "quelqu'un", d'avoir de l'argent et une Rollex (bien avant 50 ans). Malgré ses modestes origines il parvient à devenir architecte et son rêve ultime de réussite est d'obtenir un marché public. Il est persuadé que sa rencontre avec Vincent Cluzel, candidat outsider à la mairie de la ville, vertueux et humain sera le dernier tremplin qui le mènera au sommet. Il devient très proche de cet homme avec qui il devient ami, et finance entièrement la campagne du candidat. Il parvient à mettre en lumière une sombre histoire de magouille qui disqualifie définitivement l'adversaire. Après l'élection remportée, Xavier est persuadé que Vincent va l'aider par recommandation à lui faire obtenir le fameux marché dont il rêve. Mais Vincent est réellement un homme politique honnête qui n'usera pas de son pouvoir pour favoriser ses proches.
Voilà encore une bien belle surprise en cette bien belle semaine cinématographique ! Un film politique dépourvu de manichéisme où les gentils ne sont pas complètement blancs et les méchants complètement noirs. On découvre (et c'est rare au cinéma) que des hommes et des femmes peuvent s'engager parce qu'ils ont des convictions et un désir réel de vouloir changer les choses ou au moins les faire bouger. On voit des hommes et des femmes francs et honnêtes mais pas naïfs et confrontés à des décisions, des choix. Pour parvenir à un résultat, il faut souvent négocier et consentir quelques compromissions sans pour autant renier ses principes et ses amitiés.
Tout s'enchaîne parfaitement dans ce film multiple, même si après l'élection, le film politique se transforme davantage en décryptage de la psychologie des personnages. Rythmé et haletant de bout en bout, s'éloignant quelque peu de la résolution et du happy end redouté ce film à la fois divertissant et profond que je recommande sans hésitation est aussi servi par un casting luxueux et brillant. Christian Clavier en politicien de haute moralité est absolument crédible et surprenant, tout en intelligence, finesse et sobriété. Face à lui, Clovis Cornillac, un poil déchaîné est finalement parfait en opportuniste blessé par la vie qui assume sa vulgarité. Mais il y a aussi une nouvelle révélation, Vimala Pons formidable en fille de Christian Clavier qui préfère l'amour à son confort bourgeois et Valérie Benguigui, Marilyne Canto Sami Bouajila militants impliqués et convaincants, et Marianne Denicourt, Michel Aumont, Eric Berger. Il est rare qu'un casting complet soit à ce point d'un niveau aussi élevé !
Commentaires
Bonsoir, la révélation du film est un acteur pas très connu (je plaisante): Christian Clavier que je n'avais jamais vu aussi bon depuis le Père Noël est une ordure. Cornillac fait un peu tout-fou et le film sur la fin est un peu long. C'est étonnant, comme les cinéastes ne savent plus conclure vite. Bonne soirée.
Les échos sont plutôt bons de toutes parts, ça donne envie, merci!
La bande-annonce m'avait déjà surpris (quoi? Un bon film avec Clavier? Bizarre....), ta critique achève de me convaincre, Pascale!
Et puis, j'avais déjà beaucoup aimé le précédent film du même Favrat, l'excellent "Le rôle de sa vie" avec Karin Viard et Agnès Jaoui.
dasola : bizarrement j'ai toujours "senti" le côté émouvant chez Clavier.
Oui ce n'est pas toujours facile de conclure. Demande à Jean-Claude Duss.
Mister loup : contente de t'achever ! J'ai préféré ce film à "Le rôle de ma vie". Et pour Clavier vraiment formidable ça vaut le coup et toutes les autres bonnes raisons.