In the air de Jason Reitman *
Ryan Bingham fait un joli métier : il est chargé d’annoncer le licenciement des salariés dans des entreprises qui n’ont pas le courage de le faire elles-mêmes. Sans attache familiale ou sentimentale, égoïste et forcément cynique, sa vie tient dans une valise qu’il emporte d’un bout à l’autre des Etats-Unis. Mais son objectif ultime est d’atteindre les 10 millions de miles qu’il peut capitaliser grâce à ses nombreux voyages et qui lui donnera droit à une énième golden card avec plein d’avantages dedans. Ce collectionneur puéril n’en est pas moins homme et au hasard d’une de ses escales il rencontre Alex une femme aussi surbookée que lui et qui comme lui passe énormément de temps dans les aéroports. Chacun des deux, persuadé d’avoir rencontré son double épicurien (on s’éclate au lit et au restau sans autres exigences) Ryan et Alex vont « caler » leurs emplois du temps pour s’envoyer en l’air d’un bout à l’autre du pays. Mais une complicité, peut-on parler d’attachement (le cynique se découvre parfois un cœur de midinette qui bat), va progressivement s’immiscer dans la relation… Vous me voyez arriver avec mes gros sabots ?
Et ben, pas du tout… enfin, pas vraiment, pas tout à fait, pas comme ça, pas maintenant, oooooh, aaaaah !!!
Moi qui pensais terminer la semaine et le mois en apothéose grâce à-qui-vous-vous-doutez, je n’irai pas par quatre chemins, ce film n’a d’aérien que son titre. Tout y est tellement patapouf et téléphoné qu’à chaque scène, je me disais « non… va quand même pas y avoir ça ??? »,
et ben si,
y’a !!!
Les plus indulgents y verront peut-être (y voient ??) une critique acerbe du monde de l’entreprise, du monde en général et peut-être aussi les bouleversements des méthodes de travail générés par les nouveaux ( ???) moyens de communication (internet, web cam, vidéoconférence…). Mais tout cela est démontré avec une épaisseur tellement écrasante, dénuée de la moindre finesse, que bien que les pauvres licenciés défilent et crachent face caméra leur indignation et leur colère, jamais ils n'émeuvent, ne convainquent ou ne surprennent. On voit même le gros malabar d’abord agressif s’effondrer en larmes, et les répliques iront de « mais… euh… quand même… pourquoi… j’ai donné 18 ans de ma vie à cette boîte… » à « mais… qu’est-ce que je vais dire à ma femme/mes enfants… » à encore « mais… comment je vais retrouver du boulot à 57 ans ? »… jusqu’au très digne « je n’ai plus qu’à trouver un pont pour me jeter dans le vide » !!! Et j’en passe, il suffit de trouver le petit livre rouge de-l’employé-licencié-alors-qu’il-ne-s’y-attend-pas. Tout y est. Sinon, il y aura deux formules :
- Le type (ou la fille) complètement effondré(e) et démotivé(e) à qui notre brillant Ryan/Georges trouvera les bonnes raisons/motivations de « rebondir »,
- Le type (ou la fille) qui déstabilisera en une seule question pertinente l’apprentie « liquidateur » aux dents longues mais pas tant que ça, que notre vieux briscard Ryan/Georges a pris (contre son gré) en formation.
C’est un peu court !
Quant à la partie comédie sentimentale, elle réserve elle aussi son lot de défilés de scènes vues et revues ailleurs : le type seul, insensible au reste du monde (notre Georges) qui vit quasiment à l’hôtel et n’est chez lui que 20 jours par an (un appartement aussi « classe » et personnel qu’une chambre de Formule 1 pour bien enfoncer le clou du type sans ancrage), qui tient des discours sur la vie, la mort, les êtres, la famille je vous hais pouah beurck, les bienfaits de l’indépendance tout ça, la famille dudit type qui l’invitera quand même malgré son désintérêt de la famille au mariage d’une de ses sœurs, la sœur qui se fera PRESQUE larguée le jour du mariage alors qu’elle a déjà la robe meringuée sur elle et que ses demoiselles d’honneur en rose fushia lui tiennent la main et lui sèchent les larmes (que sinon son rimmel va foutre le camp)… mais finalement pas, parce que c’est notre Ryan/Georges (oui, oui celui qui est anti-mariage, anti-attachement tout ça !!!) qui va aller raisonner l'hésitant qui s'interroge en lui énumérant les bienfaits du mariage et de la famille Ricorée réunis… Je vous la fais courte. Mais on aura quand même droit aussi au couplet clamé par la petite en formation qui dit en gros que « t’es qu’un égoïste, tu refuses tout engagement, tu finiras seul comme un chien tu verras tiens ! ».
L’interprétation, elle est au niveau. Qui est pour vous la plus mauvaise actrice de tous les temps ? Sarah Forestier; Keira Knightley ? Ben vous multipliez par 12 et vous obtenez Anna Kendrik. Vous aviez adoré Vera Farmiga dans « Les Infiltrés », « Esther », « Joshua » ? Comment ça vous ne connaissez pas Vera Farmiga ? Rassurez-vous vous allez la connaître, c’est une valeur sûre, elle a au moins 10 films à venir et vous ne risquez plus de ne pas la reconnaître, elle a décidé d’avoir 25 ans à tout jamais. Là, elle a commencé par les pommettes qui lui remontent (à peu près, on va pas chipoter) à la racine des cheveux. Et ici, elle est une working girl chaude à l’aspect glacial (son tailleur gris et ses chemisiers en satin (qui porte encore des chemisiers en satin ?) le démontrent, sauf en cas de soirée karaoké où elle porte une robe noire décolleté pigeonnant) qui mène les mecs à la baguette (même notre Georges), la preuve, elle s’habille la première le matin alors que monsieur somnole encore et lui lance grande classe, œil lubrique, sourire lascif « tu déposes le fric en sortant ».
Que dire encore sur les hommes, les femmes, les gentils, les méchants, les vilains en pleine rédemption, les méchants qui culpabilisent, les arroseurs arrosés ??? Allez voir ce film et vous aurez TOUTES les réponses à vos interrogations existentielles et vous rentrerez chez vous faire des enfants pour ne pas finir malheureux comme les pierres, bien fait !
Que manque t’il à ce film vous allez me dire ?
Si, vous allez me le dire !!!
D.I.E.U., il ne manque que lui.
Même pas une petite prière pour le remercier de tous ses largesses ! Est-ce que Jason Reitman est un vrai américain ?
Ah oui, au fait, y’a Notre George, nothing else. Ce type est PARFAIT (et vous avez compris, l’étoile est pour lui, pour lui seul... remplacez Georges par Gerard Butler (le tue-l'amour d'Hollywood) et vous obtenez °°°) !
Commentaires
Alors là je comprends pas comment t'as pu rester si insensible à ce film! moi j'ai adoré, c'est une comédie sociale bien "In the air" du temps, qui a le mérite (comme dans Juno) d'aborder des thèmes douloureux de la vie sous des allures de comédie tout en légèreté et en finesse,avec aussi charme et cruauté, un traitement vraiment "aérien" et plus subtil qu'il n'y parait, et Clooney ne mérite pas une étoile mais cinq étoiles, il est irrésistible! Un vrai divertissement intelligent, rien de révolutionnaire niveau mis en scène mais un bon scénario, un peu de romance pas niaise, un peu de satirique, un fonds social très actuel, et le mélange n'est jamais lourd mais grâcieux!
LE film de Janvier assurément!
Ah bon ? On parle du In the air là ??? Je n'avais pas non plus aimé Juno... A croire que j'ai une dent contre Jason Reitman.
A n'en pas douter ce film sera dans la catégorie : "tout le monde a aimé sauf vous".
Oh la la... j'ai l'impression qu'on n'a pas vu le même film! Pourtant j'avais détesté "Thank you for smoking" faussement politiquement incorrect et je n'ai pas vu "Juno"). Concernant les témoignages des employés, ils ne sont en rien exagérés puisque ce sont de vrais licenciés et de vrais témoignages... Et pour moi c'est justement tout sauf une comédie sentimentale dont Jason Reitman utilise voire raille les codes pour mieux les détourner ensuite (la scène où la porte s'ouvre et où George découvre Vera mariée est d'une rare violence et finalement "osée" pour une "comédie sentimentale" qui devrait se terminer avec les violons et c'est justement ce que j'ai aimé, ce refus du happy end si facile). J'ai trouvé les deux atrices excellentes, George exemplaire et qu'une petite critique mordante et satirique de l'individualisme (sans pour autant un discours moralisateur ) à une époque où il est porté à son apogée assez salutaire... Bref, je crois que nous ne sommes pas du tout d'accord cette fois! :-)
Oui, c'est exactement ça... mais tout l'inverse en fait !
Tout ce que tu dis, j'ai ressenti l'opposé.
La jeune actrice est vraiment mauvaise. Raide comme un passe-lacets -tu vas me dire, mais justement c'est son rôle !!!:-)- La Vera, je la trouve pas mauvaise, je trouve qu'elle ne ressemble plus à rien et surtout pas à Vera Farmiga !
Et en plus, je me suis ennuyée... mais ennuyée !!!!
C'est pas bien de spoiler madame !
C'est donc à ton George de nous faire préférer le train si j'avions bien compris le message...
Je sors de "Up in the air" et je suis plutôt de ton avis. Tout repose sur le beau Georges. Je ne savais pas quoi penser du film en sortant, ni si j'ai aimé ou pas. Une fable peut-être ? Même sans avoir jamais vu de film de Jason Reitman, il me semble avoir reconnu son style. Je ne connaissais pas Vera Farmiga, je n'ai pas été emballée en effet.
LOL, et ben ca tape !!
Je susi d'accord pour les employés : on y croit pas à leur détresse, excepté peut être celle qui menace de se suicider.
Pour le reste j'ai bien aimé même si je regrette que le personnage se rachète un peu sur la fin, que la morale soit presque sauve (putain de film américain !)
Mais j'aime beaucoup les passages avec Vera F (que je n'avais pas reconnu, la chrirugie l'a pas aidé...très drôle pour les 25 ans à jamais;) et même la ptite psychorigide m'amuse (bien qu'elle ait un jeu assez typé).
Bon moment mais pas plus (c'est deja bien en ce pauvre début d'année).
Fred : oui bien résumé. George nous ferait aimer même la marche à pieds.
Agathe : sans notre George, que serait devenu ce film ?
Voisin Blogueur : ah bon la suicidée t'a convaincue ??? Oui en fait moi aussi d'un certain point de vue, j'avais envie de la pousser. J'aime rendre service.
Doujézu !!! je m'aperçois qu'Anna Kendrik débarque tout droit de Twilight. No comment.
Quant à Vera c'est en voyant son nom au générique de la bande-annonce que je me suis dit OMFG c'est Vera ! Certaines filles aiment se faire du mal.
Lorsque George arrive à son million de miles, il a droit au champagne, à une carte personnalisée et à un entretien avec le commandant de bord ... le dialogue qui tue, lorsque le commandant lui demande en substance : "Vous êtes le septième à obtenir cette distinction. Vous êtes le plus jeune, comment avez-vous fait ?" ... et oui, lorsqu'il se retrouve dans son appartement encore plus sinistre qu'une chambre d'hôtel, George est passé à côté de tout, à côté des amis, de la famille, de l'amour. Bref il est passé à côté de la vie et son sac à dos est vide ... Aura-t-il le temps de le remplir ?
Entre le boulot de terminator, la famille oubliée et les amours manquées, la comédie salée-sucrée navigue habilement, délivrant quelques leçons de vie bien senties.
Le café de George Clooney a finalement un drôle de goût, plutôt amer ... c'est tout l'intérêt du film.
Je ne partage pas ton aversion pour la comédienne, mais je suis d'accord : heureusement que c'était pas Butler :-)
Quoique...
Du coup, je ne l'aurais sans doute pas vu. Et je ne m'en serais pas plus mal porté.
"D.I.E.U., il ne manque que lui" : j'ai explosé de rire. Je souscris à fond.
Ah non, je n'ai pas d'aversion pour la Vera. Je l'aimais même bien avant qu'elle ne se défigure pour ne ressemblait à rien.
Les films du Butler je boycotte aussi.
Et oui, un film américain sans dieu... c'est pas vraiment un film.