SHUTTER ISLAND de Martin Scorsese *****
Le marshal Teddy Daniels débarque avec son nouveau coéquipier Chuck Aule sur Shutter Island qui abrite un hôpital psychiatrique pour dangereux criminels. Ils sont chargés d'enquêter sur la disparition d'une patiente, Rachel Solando enfermée pour avoir tué ses trois enfants, ce qu'elle nie. Quelques mots et des chiffres griffonnés sur un bout de papier sont les seuls indices qu'ils retrouvent dans sa chambre/cellule qui était verrouillée lorsqu'elle s'est échappée... Contraints de rester sur l'île car une violente tempête empêche tout bateau de les ramener sur le continent, Teddy va plonger au coeur d'une enquête qui va réveiller en lui un passé douloureux.
Comment parler d'un film dont j'ai absolument tout aimé, sans l'abîmer, le trahir, n'en rien révéler, ne pas en dire trop mais suffisamment pour me libérer un peu de son emprise envahissante, exigeante ? Car oui, ce film est un film qui hante, envoûte, ensorcelle. C'est au-delà de la leçon de cinéma, bien plus et bien autre chose que cela. Il est un peu comme il arrive parfois, la justification ou l'illustration même qui fait que ma passion pour cet art qui fascine, trouble et protège ne faiblira pas.
Dès la scène d'ouverture, il est impossible de ne pas être pris du même mal de mer que Teddy qui supporte difficilement la traversée mouvementée en raison de la tempête qui se prépare. En tentant de se raisonner lui-même "ce n'est que de l'eau... beaucoup d'eau", on comprend queTeddy est un homme fort, pour qui se maîtriser est essentiel. Mais on comprendra encore bien mieux plus tard pourquoi l'eau l'effraie tant. Au début Teddy affiche une belle assurance, ainsi qu'une certaine prestance vestimentaire, exceptée une hideuse cravate (seule note "légère" de cette histoire) curieusement barriolée qui dépare un peu avec l'austérité et la fonction du bonhomme.
L'arrivée sur l'île ne laisse pas l'ombre d'un doute : rien ne sera simple sur cette île. L'accueil tendu des gardiens armes aux poings, celui distant du directeur, la découverte de patients enchaînés qui se promènent, puis celle des bâtiments austères et imposants, tout sur l'île semble hostile. L'un des bâtiments est réservé aux femmes, un autre aux hommes, un troisième, juché sur une colline, le bâtiment C (un ancien fort de la guerre de sécession) auquel on ne peut avoir accès qu'avec une autorisation spéciale, aux malades particulièrement dangereux, et au loin un phare ! Le tout baigné d'une lumière grise, brune, verdâtre.
Le marshal et son coéquipier vont rencontrer les dirigeants de l'établissement dont un mystérieux docteur allemand (Max Von Sidow), les soignants dont l'énigmatique psychiatre chef (Ben Kingsley calme et glaçant), les gardiens mais aussi certains patients suffisamment lucides pour être interrogés. Et cette affaire étrange de disparition inexplicable va faire ressurgir chez Teddy les souvenirs les plus traumatisants de son passé. Ancien GI (nous sommes en 54), il a participé à la libération du camp de Dachau en 1945. Les barbelés électrifiés tout autour de l'hôpital lui évoquent ceux des camps, la présence du docteur allemand le mène à la piste d'expérimentations médicales sur des êtres humains comme les pratiquaient les nazis. Des images insoutenables vont revenir lui marteler la tête de migraines insupportables.
Le souvenir de sa femme tant aimée, morte dans un incendie, qui l'obsède et dévore ses nuits de cauchemars va encore ajouter au tumulte qui vrille son crâne et à celui qui s'abat au dehors sous forme d'incessantes trombes d'eau. Car la tempête se joue autant dans les esprits qu'au travers des éléments déchaînés.
Je n'en dirai pas davantage car le Maître Scorsese nous embarque, nous manoeuvre et nous remue jusqu'à plus soif, nous inondant d'un flot incessant d'informations, d'événements et de rebondissements jusqu'à la dernière seconde de la dernière réplique.
Alors laissez-vous gagner, emporter aussi. C'est tout le mal que je vous souhaite, car ce film est un torrent qui à la fois dévaste et comble l'appétit cinéphile. C'est de la maestria à l'état pur. On en rêve, Scorsese le fait. Ce film est une merveille incontestable et si je ne devais en retenir qu'une scène, je parlerai de celle incomparable où la caméra magistrale tourne autour d'un couple enlacé et en larmes peu à peu recouverts d'une pluie de cendres jusqu'à ce que la femme en feu disparaisse, se consume, laissant l'homme à jamais inconsolable. Une scène d'amour comme on n'en voit peu. INOUBLIABLE.
Cet homme, cet acteur, ce prodige c'est Leonardo di Caprio qui souffre, s'enfièvre et s'affaiblit comme personne et comme jamais dans ce film, dans cette interprétation exemplaire qu'il porte haut, si haut, qu'on souffre, s'enfièvre et s'affaiblit avec et pour lui, jusqu'à la réplique finale. Un acteur prodigieux, remarquable dans un film exceptionnel.
Commentaires
Oui, oui, mille fois !
Sinon, pardon, mais... y a que chez moi que les photos apparaissent méga trop grandes ? genre là, le Leo, son oreille est totalement masquée par la colonne de droite...
Bonjour,
Je n'aime pas passer par les commentaires pour demander ceci mais j'ai cherché votre contact partout et rien.
Merci pour votre réponse
Oui Rachel le nie !
que vas-tu faire hein ?
:p
PS. Euh en ce qui concerne la question du @Robbie, chez moi aussi ça apparaît comme ça mais je croyais que c'était un effet de style de la maquette... (dis donc la sournoise, tu nous aurais pas changé l'allure des catégories des fois hein bon)
Il est bô le Léo avec son oreille masquée, l'oeil torve par contre... OK OK je sors
pfffft
même qu'en regardant bien t'as réussi à nous refourguer dans la même liste le Clint et l'Butler (bon, Clint est au-dessus, l'honneur est sauf)
je suis partie
pfffft
Je suis bien d'accord c'est un très grand film. Géniale mise en scène et génial DiCaprio
Rob : à grand acteur je voulais une grande photo... mais Léo sans son oreille jamais.
Et sinon oui, des millions de fois oui.
Aurélia : cherchez bien au-dessus du cow-boy qui fume !
Fred ; arrête tes anagrammes, tu vas me faire m'poiler !
L'oeil vaut l'oreille : sublime.
Oui c'est tout changé. J'aime bien.
C'est le barbouze qui m'a fait ça !!!
pL : ah oui, encore et encore. Que ça fait du bien de tels films !
nan c'est ô notre osmaness sublimissimness ? le coquin !
dis donc y a pas un truc bizarre qui s'est passé là ? le léo il est tout petit ? c'est moi ou bien ?
;D
"Shutter Island" est un roman exceptionnel qui m'a profondément marquée et ma première réaction, lorsque j'ai su qu'il allait être adapté au cinéma, a été de craindre que le film ne soit pas à la hauteur. Au point même que je me disais que je n'irais pas le voir (d'autant que le suspense n'est plus là, quand on connaît déjà l'histoire, donc on y perd beaucoup).
Mais j'ai changé d'avis et j'ai l'intention d'y aller : je pense que, au-delà de l'histoire, que je ne vais pas découvrir, j'apprécierai sa mise en images et son incarnation (maintenant que j'ai accepté l'idée que ce soit Leonardo di Caprio qui joue le rôle puisque, là aussi, j'ai initialement tiqué en me disant que ce n'était pas comme cela que je voyais le héros du roman).
Avec les quelques images que j'ai vues du film et maintenant ta critique enthousiaste, je pars avec un a priori beaucoup plus favorable.
Attention, ne pas lire si pas vu :
Déjà, un point à éclaircir, pourquoi parle t'il de Dachau, alors que les images du camp montre l'entrée d'Aushwitz (Arbeit macht frei) ?
2eme point : le fond bleu utilisé quand Leonardo revient à la base dans la Jeep du chef des gardes... bizarre de truquer ce passage, à l'avant du bateau dès le début du film... c'est fait exprès tu crois ? parceque moi, je le vois, mais d'autres qui ne vont pas au ciné souvent, pas certain qu'ils le voient.
Fred : oui c'est lui.
Nan c'est pas toi. Léo est grand mais je l'ai un peu rétréci. C'était trop grand ces photos.
Brize : et bien moi maintenant j'ai non seulement envie de revoir le film (même en sâchant, c'est sans importance car le film est prodigieux) et de lire livre.
Jordane:
1° c'est écrit "arbeit macht frei" mais ce n'est pas la "fameuse" porte d'Auschwitz ! Peut-être ce doux poème était-il écrit à l'entrée de chaque camp !
2° je n'ai pas d'explication pour ce que tu dis... mais moi aussi j'ai vu et je me suis dit "tiens mais oh euh... bizarre"... d'autant que le reste a l'air en décor naturel. Va savoir. C'est lui le master, on s'écrase.
1.
Ah oui, j'ai toujours cru que c'était qu'à Aushwitz, la jolie phrase... mais vu sur le wiki que c'était un peu tous les camps à l'instant, donc je m'écrase.
2.
bah oui, en fond une forêt très ombragée et éclairée, et sur eux, que dalle, à croire qu'il n'avait pas le matos pour tourner ça à l'extérieur d'un studio... ou alors c'est une clef à l'énigme... zarbos et là, c'est fichtrement bon.
1° / bon, cette affaire est résolue. Merci Wikiki.
2° / j'y retournerai la semaine prochaine... je verrai s'il y a des "trucs" à déduire de ces bizarreries.
qui pourrais me donner la phrase de la dernière réplique !!!!
merci d'avance.....
Le film semble vraiment faire l'unanimité !
Je m'abstiens d'en lire quoi que ce soit afin d'y aller "vierge" !
je te lirais donc plus tard ;-)
fanny : en french c'est un truc comme ... bon, je te le dis par mail parce que sinon ça "spoile" un chouya.
Foxart : tu fais bien. NE LIS RIEN !
C'est pas un peu beaucoup 5 étoiles ? Bon, je ne l'ai pas encore vu.
ah ben bravo.
Parler pour ne rien dire !
Félicitations !
Bel exemple pour la jeunesse.
Vive la France !
Je suis allée le voir hier, j'ai ADORE !!!!!!
Il y a vraiment une atmosphère très particulière, on est pris dans le film, et enfermé avec Teddy sur l'île... Oui, un grand film... Dommage que je l'ai vu en VF (pour une fois que je fais une infidélité à mon petit ciné d'art & d'essai...)
Youpih si tu as adoré !
J'en rentre, c'est excellent !
Ben ça au moins c'est bien envoyé :-)
Je l'ai vu aujourd'hui, je suis encore sous le choc ! quelle histoire ! quel acteur ! magistral. Et la dernière réplique waouh ... elle en ouvre des abîmes. Je n'ai plus qu'une envie, lire le roman. Et puis revoir le film, une seule vision ne suffit pas.
ah tant mieux !
Moi aussi j'ai eu le livre en main... et je l'ai reposé. Mais je le lirai.
Je n'ai pas encore pu le revoir mais j'y pense encore !
un film digne des films de martin scorsese
un GRAND Scorsese, un GRAND LEO.
Moi Pas trop aimer ce film....Peut être je me vois dans les miroirs parfois dans ce film ? ?
ça ne m'étonne pas que ça te fasse peur.
Moi beaucoup aimé !