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A SINGLE MAN de Tom Ford **

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George ne se console pas de la mort de Jim son grand amour, le compagnon qui partageait sa vie depuis 16 ans. Au bout de huit mois de chagrin et alors que "se réveiller le matin est devenu une douleur concrète", qu'il faut chaque jour se dire qu'il va falloir tenir jusqu'au bout d'une nouvelle journée, George décide d'en finir. Il va passer cette journée qui ne sera définitivement pas comme les autres à préparer méticuleusement son suicide. Faire des choses essentielles, symboliques et d'autres tout à fait quotidiennes et ordinaires. En outre, il assurera les cours de linguistiques qu'il donne à l'université de Los Angelès. Mais la vie, le destin, les rencontres, les imprévus font que tout ne se passe pas toujours comme on l'a décidé.
Alors que la famille de Jim a refusé que George assiste aux obsèques, il entreprend seul le fameux travail de deuil, parfois aidé par sa meilleure amie  (Julianne Moore : EXASPERANTE) qui, amoureuse de lui, se désole qu'il la repousse on le comprend, un tel pot de colle !!! mais on la comprend aussi, Colin, on a très envie de le coller.
Pour incarner cet homme fier et blessé qui doit cacher sa souffrance parce qu'aimer un homme au grand jour quand on est un homme est encore inconcevable dans l'Amérique de 1962, Tom Ford a choisi le stradivarius des acteurs de grande classe. J'avoue que sans lui, ce film m'aurait sans doute laissé indifférente.  Tout chez Colin Firth est synonyme d'élégance et de distinction. Mais sous l'apparente froideur couve le feu de la passion, c'est évident. Sur son visage que le réalisateur inspecte au plus près passe toutes les émotions d'un homme qui ne sait plus s'il doit vivre ou mourir, qui ne conçoit plus la vie sans la personne qu'il a le plus aimée mais qui s'aperçoit aussi que séduire et être séduit peut encore redonner un sens à l'existence. Et puis lors d'une longue séquence muette, George/Colin mime et répète plusieurs fois et en différents endroits de sa maison la scène de son futur suicide. Avec un flegme tout british mais parfaitement hilarant, il cherche manifestement à ce que le coup de révolver fasse le moins de dégât possible. C'est un moment très drôle et j'espère que c'est volontaire parce que j'étais la seule à rire... Mais ce moment est quand même relativement surprenant, il faut l'avouer, dans un film qui se prend au sérieux. Il aurait pu ou dû être un grand mélo mais Tom Ford a choisi de soigner davantage l'esthétique que l'émotion. Tout comme il ne fait que survoler le thème de la différence évoqué lors d'un cours en amphi. Incontestablement tout est très beau à regarder, tout est parfaitement propre, bien rangé, à sa place. Pas la moindre poussière dans les maisons, pas le moindre brin d'herbe qui dépasse dans les jardins, un plan fixe interminable devant une affiche géante de "Psychose", des pauses absolument pas naturelles, des conversations qui tombent comme des cheveux sur la soupe avec de jolis garçons de passage, un jeune homo avec son pull en mohair blanc, un autre qui joue torse nu au tennis, l'intérieur très raffiné de la maison d'architecte de George... tout, absolument tout semble être là pour faire beau, nimbé de beaucoup de couleurs et enveloppé d'une bande sonore très "in the mood for lovienne"...  mais toute cette application manque furieusement de naturel. Comme cette scène insupportable où Julianne Moore a un fourire. J'ai rarement vu une scène aussi ratée !
Tom Ford refuse qu'on parle de son film comme d'un film traitant de l'homosexualité. Pour lui il s'agit d'une histoire d'amour universelle. Sans doute, mais un réalisateur hétéro n'aurait sans doute pas promené sa caressante caméra sur Colin Firth qui se déshabille, (et s'habille avec beaucoup de classe et de raffinement) et ça c'est plutôt une bonne nouvelle pour les filles comme pour les garçons qui aiment les garçons !

Commentaires

  • je n'ai pas vu ce film comme un film sur l'homosexualité non plus mais comme un film sur la douleur de perdre un être cher. Le moment de détresse au petit matin quand après avoir ouvert les yeux on se souvient d'avoir perdu une personne qu'on aimait est qqch que j'ai vécu et je me suis donc retrouvée dans le personnage de George. Je ne vois pas en quoi avec un réalisateur hétéro il y aurait eu moins d'esthétisme... Et puis Tom Ford a aussi très bien filmé Julianne Moore en lingerie sexy.
    la scène de son fou-rire, c'est une façon de montrer son désespoir, elle est tellement désespérée que même rire naturellement, elle n'y arrive plus. Enfin c'est comme ça que je l'ai ressenti. Donc même si on voit que c'est faux, je ne la trouve pas ratée comme scène.

    Et j'ai trouvé plutôt bien amenée la réflexion sur la peur qu'il a devant ses élèves, parce que je la partage totalement.

    Le film n'est pas fait pour faire naturel, aucun film "esthétique" ne fait naturel, non ? enfin je le ressens comme ça...

  • Je n'ai pas dit qu'un film réalisé par un hétéro aurait été moins esthétique, je faisais simplement un sous entendu sexuel... disant qu'il caressait bien Colin Firth avec sa caméra... ce que ferait peut-être moins bien un hétéro.
    Donc si un film esthétique ne peut être naturel, c'est très réussi car il ne l'est pas. Tout me semble appliqué et ce que je regrette une fois encore, c'est l'absence totale d'émotion.
    Pourtant ça démarrait plutôt bien avec ce texte en voix off bouleversant et Colin qui démontre que la douleur peut être physique... Mais ensuite toute cette "joliesse" a étouffé le fond.
    Heureusement, il y a Colin !

  • J'y vais tout-à-l'heure .. essentiellement pour Colin, j'avoue !

  • Il a de la chance d'avoir trouvé Colin le Tom Ford.
    Régale toi.

  • Oui !
    Dis à Julianne de se décoller !
    J'aimerai pouvoir le scotcher le Colin !
    Elle encombre !!!
    Et qu'elle a aille se repeigner !

  • Faisons la tondre la biiiiiiiiiiiiiiiiip !

  • ah non alors là je te trouve trop dur !
    Ce film est un petit bijou de pudeur, de sentiment et d'universalité ! Ca a été pour moi une vraie claque et j'ai trouvé que l'élégance de Tom Ford venait surtout de sa manière de traiter du deuil et pas seulement par son obsession que tout soit beau.
    Tiens tu m'as énervé, je m'en fait chez l'ami Rob...

  • Non je ne t'ai pas énervé, c'est impossible !
    Ah bon ? Il a traité du deuil ? tain, heureusement que tu le dis !
    Tu m'fais rire toi (vivement dimanche), tu es vraiment un garçon sensible !

  • Colin et ses lunettes d'Avatar, ça le fait trop.
    heureusement que c'est à la mode depuis 1 an, ces lunettes... sinon je n'ai vu que la bande annonce de Single Man, fabuleuse, ce plan sur une très jeune fille en robe bleue avec des enfants qui courent derrière elle, rien que pour ce plan "photographique", j'irai.

  • Cette demoiselle en bleu fait partie d'une scène très "douteuse" de ce film que je n'ai pas compris...
    Mais Colin est irréprochable, surtout sans lunettes :-)))

  • Moi j'ai trouvé Julianne Moore plutot excellente, bizarre. Mais sinon, c'est le scenario qui m'a laissé sur ma faim. Mitigé donc, mais pas pour les memes raisons.

  • La magie du cinéma a encore frappé.
    Et Shutter, t'en es où ?

  • On n'a pas vu ni senti les mêmes choses. J'ai eu beaucoup d'émotion. J'ai même pleuré au coup de fil. Tu vas me dire que je suis sensible. Peut-être. C'est effectivement une histoire d'amour universelle, comme les histoires hétéros le sont. Un hétéro filme mieux ce qu'il connait, un homo aussi. Les deux pour exprimer ce que tous les amoureux peuvent malheureusement connaitre un jour : le deuil, le désespoir, l'envie de mourir. Mais la perte d'un amour ne conduit en général pas au suicide, même si parfois on y pense. Je ne l'ai pas vu mimer son suicide, ni le répéter, mais ne pas trouver l'endroit et la position idéale, et donc reculer inconsciemment ou non, le moment où il faudrait avoir le cran d'appuyer sur la gachette. Ah, et puis c'était de la linguistique ?

  • Ben oui c'est une histoire d'amour universelle.
    Et moi je suis insensible tiens, c'est nouveau ?
    Et je ne vois pas en quoi le fait d'être homo ou hétéro fait qu'on filme plus ou moins bien.
    Ici c'est chichiteux et je persiste et signe à dire qu'il a plus soigné l'esthétique que l'émotion.
    Moi aussi j'étais triste au coup de fil. Je l'aurais bien consolé d'ailleurs tiens si j'm'écoutais.
    Nan c'était littérature qu'il faisait mon Colinou mais j'ai eu la flemme de corriger !

  • J'ai pas trouvé ça chichiteux, et assez respectueux du style d' Isherwood.

  • Ah oui c'est vrai que c'est tiré du livre d'un garçon sensible !
    Ce que j'appelle chichiteux c'est toute cette joliesse partout et tout le temps.

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