AMORE
de Luca Guadagnino **
Avant-première en présence du réalisateur (qui a la mauvaise idée de parler anglais :-(() des acteurs Marisa Berenson, Pippo Delbono et évidemment Tilda Swinton absolument sublime de grâce, de douceur et d'étrangeté.
C'est l'histoire d'une riche famille industrielle du Nord de l'Italie mais surtout d'Emma, mariée à Tancredi. Elle est mère de trois enfants et mène avec beaucoup de panache et de dévotion sa vie de femme du monde entre les luxueuses réceptions qu'elle donne dans sa maison-palais. Lors de l'anniversaire du patriarche, le père de Tancredi, ce dernier lui transmet l'entreprise familiale ainsi qu'à son fils. Mais la passion qu'Emma va nourrir pour Antonio, un jeune cuisinier ami de son fils, va bouleverser et faire exploser les carcans qui écrasent Emma. Un drame insurmontable va encore amplifier la révolution qui va déstabiliser les Recchi.
C'est un film d'une ambition folle et démesurée qui par certains côtés, écrasé de ses références cinéphiles évidentes semble d'un autre âge. En effet, il m'apparaît complètement anachronique dans le cinéma d'aujourd'hui de s'intéresser à une grande famille capitaliste tant ses membres ont l'air déconnectés de la vie telle que le commun des mortels (dont je suis) la connaît. Je ne pense pas que ce qui m'a gênée soit la succession des styles, c'est même plutôt un bonheur de passer sans transition de Visconti à Hitchcock (même le chignon de Tilda Swinton IMPERIALE est Hitchcockien ainsi que cette « poursuite » dans San Remo copiée sur celle de « Vertigo ») mais la déception entre les sommets passionnants atteints et les profonds creux dans lesquels s'insinue parfois l'ennui. La très très longue scène d'introduction qui nous installe dans un dîner guindé où semble déjà planer le(s) futur(s) drame(s), nous promène dans cette maison musée pleine de marbre, d'escaliers, de pièces sombres... ne m'a même pas permis de comprendre parfaitement qui est qui (surtout les enfants, et certains invités...). Et je me suis plusieurs fois pendant la première heure, demandée quand l'histoire allait commencer.
Par la suite, il y aura des coups d'accélérateur infernaux et vraiment saisissants qui m'ont clouée au fauteuil... puis de nouveau le calme, des plans fixes à la limite écœurant sur certains plats, une scène de sexe pas bien passionnante car pas bien passionnée.
Cela dit je crois qu'on était pas loin de tenir un chef d'oeuvre ! A quoi ça tient ?
Par contre, Tilda Swinton magnifique, énigmatique, forte et fragile, parfois perdue, d'autres fois rassurante, mère et maîtresse est le point positif irréprochable de ce film étrange. Dommage que son jeune partenaire ne soit vraiment, mais vraiment pas à la hauteur...