MOON de Duncan Jones ****
La Terre a trouvé un remède à ses problèmes de ressources énergétiques. La Lune lui fournit dorénavant de quoi alimenter ses énergies. Pour cela l'entreprise Lunar a implanté une station lunaire répondant au doux nom de Selene. Pour gérer l'extraction de l'hélium 3 un homme reste sur place pendant 3 ans avant d'être remplacé par un autre. Sam Bell n'en a plus que pour deux semaines avant que sa mission et son contrat s'achèvent et qu'il puisse enfin retrouver sa femme et sa fille. Mais alors qu'il ne lui reste plus que quelques jours à tenir, que la solitude et l'éloignement des siens le font de plus en plus souffrir, il est victime d'un accident qui l'oblige à rester à l'infirmerie sous la haute surveillance de Gerty, l'Intelligence Artificielle chargée de superviser le bon déroulement de la mission. La santé et l'état psychique de Sam se dégradent obligeant la société Lunar à envoyer une équipe sur place pour le ramener...
Je fais partie des rares privilégiés qui ont eu le bonheur de voir ce film en salle. Il était programmé en clôture du dernier Festival International du Premier Film d'Annonay (ne vous inquiétez pas je vous reparlerai du Festival en temps et en heure !) en février dernier. A l'époque une sortie était envisagée. Hélas, les voies de la distribution étant parfois plus impénétrables que celles du seigneur, "Moon" est resté dans les cartons, ne bénéficiant que d'une sortie en DVD. J'ai donc revu hier ce moment d'extase et comme je le disais à l'époque ce film est fantastique à plus d'un titre.
Il s'agit en effet d'un premier film de science fiction genre particulièrement délicat et qui engloutit la plupart du temps des budgets pharaoniques. "Moon" est la preuve qu'on peut faire de l'excellence sans faire dégoûliner le pognon sur l'écran. Je ne ferai pas l'affront de dire que Duncan Jones a bricolé son film au fond de son jardin car ses décors, intérieurs comme extérieurs sont d'une beauté à tomber, mais il est évident qu'on ne croule pas sous les effets spéciaux ou pas. "Moon" ne peut que ravir les amateurs du genre mais pas uniquement car il est d'une qualité exceptionnelle tant sur le plan du scenario, de la réalisation que de l'interprétation sans oublier la musique enivrante, obsédante.
Ce film avait selon moi toutes les caractéristiques pour devenir culte car depuis "2001..." et "Solaris" qu'on ne peut s'empêcher d'évoquer ici, jamais un film d'anticipation n'avait atteint ce niveau d'excellence et c'est vraiment avec fermeté que je vous engage à vous procurer le DVD. Comme tout grand film qui cache ses secrets, celui-ci ne peut se satisfaire d'une seule vision et même s'il est difficile d'en parler sans trop en dire, la révélation est faite à peu près au milieu du film avec une simplicité vraiment déconcertante.
Dès la divulgation du secret, on passe au second niveau de perception et de résolution. Comment Sam va t'il se sortir de ce guêpier ? Gertie la "voix" (celle de Kevin Spacey en VO) qui évoque évidemment celle de HAL ou CARL de "2001...", mielleuse, doucereuse nous fait toujours osciller entre inquiétude et apaisement. Faut-il se méfier de Gertie qui se met à éluder les questions, qui a des conversations confidentielles avec la Terre ou s'en remettre à ses propos rassurants ?
Absolument seul dans sa station lunaire comme à l'écran, l'acteur prodigieux qu'est Sam Rockwell (pas uniquement dans ce film mais chaque fois qu'il est devant une caméra) ne s'adresse qu'à un ordinateur qui a une petite bouille de "smiley" et à un écran où les messages de sa femme lui parviennent sans qu'il puisse communiquer en direct ! Son interprétation est une performance qui aurait dû le propulser au premier rang. Le voir si sûr de lui d'abord, puis douter, se dégrader, réagir alors qu'il n'a jamais personne en face de lui tient de la prouesse.
La fin du film, renversante, écoeurante laisse peu d'espoir quant à l'évolution de l'espèce humaine...
Commentaires
Eh bien je ne partage pas ton engouement, le film m'a laissé un arrière goût de déception.
Sam Rockwell, il est excellent, partout où il passe ; ça, je suis entièrement d'accord. Faire de la SF à petit budget, c'est un exploit en soi.
Mais, là où ça ne va plus, c'est dans la seconde partie où tout est prévisible ! Moon aurait été incroyable si des films comme 2001 ou Solaris n'existait pas. Bref, ça n'engage que moi bien sûr, mais je m'attendais à explorer de nouveaux horizons de la SF... Peut-être à tort ?
(ah, aussi, la musique est excellente.)
Moi je suis une grosse naïve alors je ne prévois jamais rien. J'ai toujours mes yeux écarquillés qui s'émerveillent. C'est une chance, quitte à passer pour simplette.
En tout cas, une première partie qui t'a plu + l'acteur + la musique, c'est déjà pas mal.
bon, lui aussi je viens de le trouver, mais là en vo sous-titré :) ça va être BON !
... ta dernière phrase ne s'poilerait pas un petit peu sur la fin du film ? :(
Non pas vraiment que je spoile. Toute façon, l'espèce humaine j'y crois pas alors donc hein c'est pas du spoilage ! Tu me diras. Ce film je l'ADORE à la folie.
L'as-tu vu
le Sam Rockwell
quand il danse ?
hein
une vraie ballerine !!
You speak about this :
http://www.youtube.com/watch?v=ByPtY_spGWw
or that :
http://www.youtube.com/watch?v=Gvj8ZEnNrQY
C'est rien qu'une dancing machine non ?
Un vrai petit rat pour l'Opéra
Et quand il fait son JCVD
je ne sais pas
il m'émeut
@Pascale, en fait, bien souvent, si la dernière partie d'un film ne me plait pas j'ai du mal à rester sur un avis vraiment positif. Mais c'est bien de se laisser emporter par un récit, j'ai plus de facilité à me laisser aller avec un thriller mais face à de la SF, j'ai le cerveau en ébullition !
Bon, sinon, mesdames fanatiques de Rockwell, vous l'avez vu dans Choke ? Le film vaut pas grand chose (surtout par rapport au roman dont il est l'adaptation) mais Rockwell est génial.
Fred : il est trop fort, il est trop bon, et quel jeu de jambes... pfiou, fait chaud non ?
Dom : bien sûr qu'on a vu Choke (on est des Sam Rockwell addict) qui ne vaut que pour la présence de Samichou mais que le réalisateur a dû lui mettre une muselière pour qu'il soit si sage. Honte sur lui et les treize générations suivantes de sa descendance. Bref, qu'il crève !
Moi aussi j'ai eu la chance de le voir sur grand écran, c'était à L'Etrange Festival l'année dernière, et ce fut une belle claque. Une grande performance d'acteur, un petit film SF qui n'a pas besoin de grands moyens pour se faire remarquable !
Tant mieux s'il a eu une petite vie dans les festivals alors.