NOTRE JOUR VIENDRA
de Romain Gavras ***
Rémy est roux et il étouffe entre sa soeur et sa mère, deux mégères. A cause de l'auréole rouquine qu'il porte sur la tête, il est la risée de tout le monde, au foot comme ailleurs. Son seul dérivatif sont les conversations qu'il a sur Internet avec une mystérieuse Gaëlle. Un jour, il n'en peut plus et quitte la maison après avoir pris le soin de tabasser sa mère. Patrick est roux et psychiatre. Il n'écoute pas ses patients et s'arrange pour culpabiliser les plus dépressifs. Il préfère manger des chips. La nuit où Rémy s'échappe de chez lui en courant pour tenter de retrouver Gaëlle qui a menacé de se mutiler, Patrick le fait monter dans sa voiture. Il comprend rapidement le désarroi et le malaise du garçon. Il va lui démontrer qu'il peut utiliser sa différence, la mettre à profit pour être plus fort.
Obnubilés par l'obsession de Rémy d'entreprendre un voyage qui les mènera en Irlande, le pays où tout le monde est roux, les deux hommes s'engagent dans une cavale nihiliste et jusqu'au boutiste où l'élève va finir par dépasser son maître en misanthropie.
Si j'avais su que ce film avait été tourné au bord de ma mer (et oui moi, Lefrincoucke, Mardick, Bray Dunes... ça me parle), je me serais précipitée bien plus tôt. Si j'avais su que Romain Gavras faisait des images à tomber avec rien, avec tout, une usine, des éoliennes, des corons, une mongolfière, j'aurais couru encore plus vite. Si j'avais su que la voix, le physique, la présence, l'intensité de Vincent Cassel me feraient cet effet, j'aurais été à la première séance du premier jour... Bref, je ne sais pas ce que veut dire ce film, je ne sais pas à quoi il sert, mais je l'ai aimé. Il m'a fait peur, il m'a fait rire, il est beau, dérangeant, décalé. Il y a du Blier dans cette misanthropie absurde et pourtant il ne ressemble à aucun autre, et c'est beaucoup non ?
C'est un premier film, il est différent, la tension est permanente et l'on ne sait jamais laquelle des deux bombes à retardement qui sommeillent en Patrick et Rémy va péter la première ! On tremble, on se cramponne et on suit ahuri, l'épopée délirante des deux hommes qui vont secouer sévèrement tous les personnages qu'ils rencontrent.
Olivier Barthélémy, à la fois bourru, hargneux, renfrogné et timoré livre une belle composition de déséquilibré qui se trouve un père puis une mission, un sens à sa vie. Et Vincent Cassel fatigué et border line comme jamais, il est tout à la fois inquiétant et rassurant, paternel puis despote, autoritaire, élégant, fou à lier, magnifique.
Commentaires
apparemment on n'a pas vu le même film!
Bon, t'as pas aimé :-(((