UN HOMME QUI CRIE de Mahamat Saleh Haroun ***
Au Tchad, c’est la guerre civile. Elle ne date pas d’aujourd’hui mais Adam, environ 60 ans, a un métier auquel il s’accroche et qui le tient quelque peu isolé du chaos. Ancien champion de natation, il est maître nageur de l’hôtel de luxe de la Capitale N’Djamena. La direction de l’hôtel devient chinoise et l’impitoyable nouvelle directrice entend bien renouveler le personnel trop âgé. C’est ainsi qu’Adam doit céder sa place à son fils Abdel et prendre celle d’un de ses collègues et ami à un poste moins prestigieux.
Le gouvernement en place malmené par les rebelles nomme des Chefs de quartier qui ont la charge de récolter de l’argent pour « l’effort de guerre ». A défaut de payer, les habitants peuvent choisir d’envoyer leur(s) enfant(s) en âge de combattre. Harcelé par son chef de quartier, Adam ne possède pas la somme nécessaire, mais il a un fils…
Si la guerre est omniprésente, on la voit à peine. Le réalisateur s’attache plus particulièrement à en montrer les « dommages collatéraux » sur la population qui ne peut, la plupart du temps que la subir et tenter de continuer à vivre. C’est le cas d’Adam qui a la « chance » d’avoir toujours un emploi. Il entretient par ailleurs de merveilleux rapports de complicité avec Abdel son fils (la très belle scène d’ouverture) et de tendresse partagée avec sa femme. Jusqu'à ce que le drame éclate.
C’est avec infiniment de délicatesse et de sobriété que Mahamat-Saleh Haroun (lui-même rescapé de la guerre qui l’a contraint à quitter son pays) dépeint la souffrance de cet homme qui a fait un choix qui le hante. Les relations entre un père et son fils sont au cœur de cette tragédie. Mais alors que le pays en pleine confusion s’effondre, quelles sont les possibilités de rédemption d’un homme qui semble avoir commis l’irréparable ?
Commentaires
On est bien d'accord.
Probablement un peu plus d'émotion de mon côté, et je ressort en affirmant que jusqu'ici, Un homme qui crie est le meilleur film cannois de 2010.
J'avoue ne pas avoir été bouleversée comme j'aurais dû !