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ANOTHER YEAR de Mike Leigh °

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Quatre saisons dans la vie de Tom et Gerri (no comment), couple de plus ou moins soixante ans, unis jusqu'à ce que la mort les sépare qui crachent leur bonheur niais et leur autosatisfaction à la face de tout ce qui passe à leur proximité en se foutant comme d'une guigne du désespoir qui les entoure et en particulier de celui de leurs "amis" (il faudra encore une fois que je me fasse expliquer le concept !) Mary et Ken, tout en laissant évidemment supposer le contraire. Le récit démarrant au printemps, c'est rien de dire qu'au bout de plus deux heures exténuantes à supporter ce ramassis d'hypocrisie, la douceur exaspérante de Gerri, l'humour indifférent et pince-sans rire de Tom, l'hystérie horripilante de Mary, la goinfrerie bruyante de Ken... c'est avec infiniment de soulagement que j'ai vu arriver l'hiver.

Tom et Gerri s'aiment, il est géologue, elle est psychologue. Ils ont un grand garçon de  30 ans qu'ils aimeraient bien voir se caser et ça tombe bien, pile poil pendant cette année là, il va rencontrer l'âme soeur. Quand Tom et Gerri ne sont pas au travail ils sont dans leur jardin. Et quand ils ne sont pas dans leur jardin, ils mangent les légumes de leur jardin en compagnie de Mary pique-assiette sans-gêne et envahissante ou de Ken qui recherche sa Barbie dans les bières et les chips.

Mary c'est la collègue alcoolique de Gerri. Elle est prête à offrir son corps à tout ce qui se présente de masculin près d'elle, sauf si c'est un gros qui transpire. Ken est un gros qui transpire et c'est dommage car il donnerait bien son corps à Mary. Mais en plus d'être gros, laid et alcoolique, il mange en faisant grand bruit et beaucoup de cochoncetés partout sur son ti-shirt "Penser moins pour boire plus". Mary est quelqu'un d'envieux et d'excessivement irritant, qui parle fort, trop et m'a cassé les oreilles au moins autant que la Brenda Blethyn de "Secrets and lies", voire plus si c'est possible. C'est rien de dire que je n'ai pas été touchée le moins du monde par la "chute" de Mary. On sait qu'elle va moins bien à la fin qu'au début parce qu'elle a les cheveux gras. Quant à la performance de Lesley Manville, je crois que rarement il m'a été donné de voir actrice plus exaspérante. Le pauvre gros Ken lui non plus n'ira sans doute pas mieux à la fin, mais on le lâche en route je crois et de toute façon il avait déjà les cheveux gras au début, preuve qu'il est irrécupérable.

Et que font Tom et Gerri lorsque leurs "amis" vont si mal ? Ils leur laissent reprendre leur voiture (Mary a par ailleurs énormément de problèmes avec sa voiture, symbole de sa liberté) surtout même s'ils sont ivres morts. Ils consentent parfois à les héberger pour une nuit en prenant leur air complice de bons samaritains mais le matin, mal ou pas mal, tout le monde sur le trottoir et hop, ils ont un jardin à s'occuper. Le soir dans leur lit Tom et Gerri se disent qu'ils ont bien de la chance d'être aussi heureux alors qu'il y a sans doute plein de gens malheureux. Et lorsque Mary revient implorante demander pardon à Gerri d'avoir été une fois de plus odieuse avec sa future belle-fille, Gerri cassante mais de son incomparable et éternel ton doucereux lui dit qu'elle aurait pu téléphoner et lui conseille d'aller voir ailleurs si elle y est un psy.

L'intermède le plus vraisemblable où passe également, peut-être, en fait j'en sais rien, un petit souffle d'humanité est celui d'un enterrement. Mais au final, l'interlude se noie dans le désintérêt ennuyeux que m'a inspiré cette soupe tiède.

Bref, une galerie de portraits de gens tous moins aimables les uns que les autres dont je n'ai pas compris l'intérêt de montrer un an de leur petite vie mesquine, ratée ou gâchée.

Evidemment il y a l'Angleterre belle et bien filmée.

Commentaires

  • Tu me fais peur ... j'y vais aujourd'hui.

  • vous avez réussi à mettre des mots sur ma déception vis à vis de ce film...

  • Tom et Gerri, ça fait un peu cartoon à la Hanna-Barbera. Le chat qui ne rattrape pas la souris et le chien qu'on empêche de dormir devant sa niche.
    Dis donc, t'es achement à contre courant. Tout le monde (2 personnes) m'en a dit du bien. Bon j'irai me faire une idée par moi-même pour ce coup ci.

  • Aifelle : Hervé a aimé. J'ai détesté. ah oui je l'ai déjà dit :-).

    carolineenfildefer : ah merci ! j'avais peur d'être seule face à l'enthousiasme ambiant du "film de l'année" !

    Joël : oui va te faire une idée. Beurcke !

  • Finalement, je ne suis pas loin de ton avis. C'est très bavard, trop long, pour pas grand chose. Pas moyen d'accrocher à aucun des personnages. En plus j'y crois pas au bonheur lisse de Tom et Gerry.

  • Lisse, mesquin, sans âme Pouah !

  • P..... mais dans quel monde vivez vous ? Au travers de quatre saisons, de divers personnages Mike Leigh radiographie une partie de ses contemporains, sans pour autant les juger (ce dont vous ne vous privez pas )...
    Du bonheur cocooning lénifiant à l'écorchée vive qu'est Mary..tout cela sonne très juste moi je trouve...
    Mais la question est bien là de quel coté de la barrière vous situez vous ?

  • @ Kilukru : de quelle barrière tu causes ? Des gens comme çà dans la vie, je les fuis à toutes jambes et je n'ai pas envie de les retrouver au cinéma.

  • kilucru : oui je sais, juger c'est le mal. Je ne m'en prive pas et tu es au-dessus de ça !

    Aifelle : t'inquiète !

  • Moi, il me semble que Pascale n'est ni d'un coté ni de l'autre de la barrière.

    Elle garde la barrière....

  • Erreur, je déteste les barrières !

  • Oui mais des fois, les barrières sont nécessaires. Non?
    A un passage à niveau?
    Au casino?
    Dans la chanson francaise?
    En haut des escaliers?

  • Et on parle même pas de Lucien et d'Alain !

  • Aller voir un film dont on ressort en se disant qu'aucun personnages n'est foncièrement sympathique est évidemment contraire à ce qu'on espère en général. Mike Leigh nous fait le portrait en choisissant "une année de plus" un peu comme dans une nouvelle, d'un couple "middle-class" (issus, au moins pour le mari, d'un milieu social ouvrier) intello, heureux, ou qui se croit tout ça. Ils sont égoïstes, condescendants, (patronizing en anglais) avec tous les gens qui les entourent, et qu'ils ne considèrent pas comme des amis, certainement pas, mais bizarrement ne fréquentent pas de gens qui pourraient leur renvoyer la médiocrité de leur propre vie. Ce qu'ils aiment, c'est étaler leur soi-disant bonheur, leurs vérités, et pouvoir être compatissants et donneurs de leçons. Mais rien n'est caricatural, ce qui fait que le film n'est ni drôle, ni tragique.
    Je n'ai pas été horripilée par les acteurs, mais par les personnages. Les acteurs, eux, sont excellents puisqu'ils arrivent à incarner ces personnages odieux ou faibles ou prétentieux (la fiancée est le personnage qui m'a le plus agacée), qui existent en Angleterre, je les ai rencontrés, tous. Ce réalisme est à la fois une réussite et ce qui nous fait détester le film. Cela m'a rappelé les critiques acerbes des bourgeois chez Chabrol. Mais chez lui, il y avait souvent en plus une intrigue policière, alors qu'ici mon père aurait sûrement dit "ça manque d'indiens !"
    Personnellement je n'ai pas attendu l'hiver avec impatience, mais l'hiver m'a semblé un peu long... comme dans la vie d'ailleurs.
    PS : ah, et des gens qui ne vivent qu'au rythme de leur jardin, ce n'est pas une invention de Leigh, mais une réalité très développée en GB.

  • Pour une fois...
    je suis d'accord avec le cheval. Sauf que j'ai bien aimé la fiancée quoique je me dis qu'elle va vite faire tache dans cette famille de "petites" gens. Quoique... Il est vrai que Tom et Gerry s'entourent de personnes encore plus médiocres qu'eux, ça doit les rassurer. Ces gens hypocrites, imbus d'eux-mêmes et sûrs de leur supériorité m'horripilent dans la vraie vie. Il était évident que je ne pouvais les aimer au cinéma. C'est peut-être trop vrai pour que je parvienne à prendre du recul... et donc je n'ai pas aimé ce film.

  • La fiancée, si jeune et si sûre d'elle déjà, se croyant détenir assez de vérités pour se foutre de la gueule d'une quarantenaire avancée, mais mal avancée, je ne la vois que capable de reproduire le couple de ses beaux-parents, avec un mec aussi falot que son père, et qui quand sa femme lui dira "je ne sais pas quoi faire", lui répondra "Si tu ne sais pas quoi faire, moi non plus."

  • Oui ce sera une grosse tache comme le reste de la clique tu as raison. Je pense qu'elle avait mis un peu de youplala dans le film mais se la farcir au quotidien, ce sera la même engeance synécurienne.

  • Ah, dommage que tu n'aies pas apprécié ... il y a des jours où notre humeur n'est pas en phase avec la réalité ... euh, je veux dire : avec le film.
    Au fil des saisons et des rendez-vous, je suis resté béât devant ces portraits.
    Il y a de multiples façons de lire le film de Mike Leigh, un film qui fait causer (spectateurs et blogueurs).
    On peut y voir les efforts désespérés (et désespérants) de Mary pour s'accrocher à la bouée Tom & Gerri : elle est prête à tout, comme à enfoncer la tête sous l'eau de son compagnon d'infortune Ken puisqu'il n'y a certainement pas de place pour deux sur la bouée. Elle est prête à tout et avec tout le monde mais on ne vous en dit pas plus.
    On peut également y suivre la voie (trop ?) rectiligne tracée par Tom & Gerri : droits dans leurs bottes en caoutchouc, ils suivent leur bonhomme de chemin, imperturbables dans leur abri de jardin, expliquant à leurs amis que tout est question de choix dans la vie et que, une fois les choix faits, et bien ma foi, il faut les assumer. À ce propos, l'une des scènes qui ouvre le film et où l'on voit Gerri dans l'exercice de son métier est riche d'enseignements sur cette facette du film.
    Mais le regard désabusé de Mike Leigh se garde bien de donner des leçons de morale : à chaque spectateur, selon son histoire, selon son humeur, de se faire son propre film.
    Ce sera de toute manière un beau film : les acteurs sont vraiment extraordinaires et tant de choses non dites passent dans un silence ou un regard ... Du vrai cinéma.

  • J'ai bien compris tout ça (enfin, je crois) et effectivement c'est fort bien exprimé par Mikey mais n'aimant ni les personnages ni leurs comportements... j'ai eu du mal à aimer le film et je suis bien désolée d'être passée à côté ! Par ailleurs j'aurais aimé aussi être touchée ou émue par Mary mais je trouve le jeu de l'actrice que l'on porte aux nues, absolument excécrable.
    En tout cas, ceux qui ont aimé (comme toi) en font une bien belle analyse je trouve.

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