LE DISCOURS D'UN ROI de Tom Hooper **
Le papa de l'actuelle Reine d'Angleterre Elisabeth II s'appelait Albert, Bertie pour les intimes. Il n'avait pas du tout envie d'être roi. Il était officier de marine et entendait bien rester dans l'ombre de son grand frère qui devint le roi Edouard VIII à la mort de leur papa George V. Mais Doudou VIII était fou amoureux d'une pas grand chose roturière qui avait beaucoup pêché, ce qui ne se fait pas. Ah non. Doudou choisit donc l'amour et abdique. C'est ainsi que Bertie devient roi sous le doux pseudo de George VI en mémoire de papa. En fait, j'ai compris, les rois c'est comme les papes, ils peuvent choisir le prénom qu'ils veulent et après ils mettent le numéro qui suit le précédent. Enfantin. Bon.
George est un bon soldat, il veut faire tout bien comme lui impose sa lourde charge mais nous sommes à la fin des années 30, Hitler commence à répandre sa haine et à faire entendre ses bruits de bottes un peu partout mais SURTOUT Georgie/Bertie a un big maousse problème : il est bébébébègue et c'est bien gênant car en cette ère moderne, les dirigeants des pays ont de plus en plus recourt à la radio pour parler aux ouailles. Secondé par sa femme la délicieuse future Reine mère Elisabeth et pour trouver un remède à son mal, George VI consulte des tas de rebouteux et charlatans dont un qui lui recommande de fumer beaucoup en aspirant bien la fumée, ça détend le larynx !!! C'est assez "comique" quand on sait que George VI est mort d'un cancer du poumon. Jusqu'au jour où Bertie atterrit dans le cabinet de Lionel Logue un australien spécialiste des problèmes d'élocution aux méthodes originales et inédites. Après une période de réticence puis d'adaptation, les deux hommes vont devenir amis et le rester toute leur vie et réussir au prix d'exercices parfois farfelus à venir à bout du bégaiement de Sa Majesté.
C'est une bien belle histoire, joliment contée dans de somptueux décors et de biens beaux costumes. Mais est-ce volontaire de nous montrer la royauté comme un camp retranché, totalement déconnecté de l'extérieur et de la réalité ? J'ai bien compris que le thème du film était centré sur le handicap du roi à combattre et à surmonter, mais fallait-il pour autant reléguer le contexte historique au second plan et rendre le peuple totalement invisible voire inexistant ? Cet aspect du film m'a gênée, ainsi que la psychologie à deux sous qui explique tout dans les marcs de café et les couches culottes : Bertie est un gaucher contrarié, une nounou a été très vilaine avec lui et son frère se moquait de son bégaiement... Au secours !!! Cela dit, il y a d'excellentes choses qui permettent de ne pas s'ennuyer, mais sans plus. Il n'y a pas la flamme, la fièvre et l'émotion attendues. Comme disait Roxane à Christian "vous m'offrez du brouet quand j'espérais des crèmes".
Les meilleures scènes nous les devons au trio de tête. Helena Bonham Carter est parfaite en épouse amoureuse, attentive, à la patience inépuisable. Cette actrice porte le costume d'époque comme aucune autre et contrairement à ce que tous ses derniers rôles de sorcières laissaient supposer, est capable de beaucoup de classe et de distinction. Geoffrey Rush est plus que parfait en professeur volontiers familier qui ne connaît rien aux usages de la cour et rudoie vertement son vénérable élève. Et puis il y a Colin The Firth si beau, si charmant, si élégant, si touchant, si fragile et un peu raide dans ses beaux costumes dont on rêverait qu'il déboutonne un peu le col !!! Le voir et l'entendre faire ses exercices et fuck fucker royalement est un bonheur.
La cherry on the cake est évidemment l'humour so british, so délicious. De nombreuses répliques sont de petits joyaux. Lorsque Logue dit à son élève qu'il a encore un peu buté sur certains mots lors d'un discours, le Roi répond : "il le fallait, pour qu'ils me reconnaissent". Lorsque la Reine explique à son chéri qu'elle a par deux fois refusé de l'épouser car elle ne voulait pas vivre les fastes et le protocole de la cour, puis qu'elle a fini par accepter car elle a pensé "il bégaie si bien, il ne sera jamais Roi". J'adore.
Commentaires
Deux étoiles seulement ? oh tu es sévère là, moi j'en aurais mis trois, je n'ai pas boudé mon plaisir, ce roi là il est trop trop sympa et zut pour le peuple (bon, j'ai peut-être un peu confondu le roi et Colin ..).
C'est le risque... Colin est R.O.Y.A.L pour ne pas dire impérial !
A part les acteurs et surtout Geoffrey Rush, je ne vois rien de fabuleux dans ce film... ça ne m'a pas du tout touché, et c'est beaucoup trop "gentillet" sur ce qu'il s'est vraiment passé avec le Frérot, qui n'était pas contre Hitler, et tout et tout... bref, ça égratigne même pas un peu la couronne... BOF.
Ce soir je vois "Un été suédois"... je crois que ça va être HARD.
Aifelle : j'ai demandé au Warrior, il veut même pas que j'y ajoute une demi étoile. ALors tu sais bien c'est lui qui commande.
Jordane : voilà, tu résumes tout bien mieux que moi. Dommage que tu saches pas tenir un blog. C'est très gentil avec tout le monde... sauf avec Wallis Simpson présentée comme une mégère vulgaire et opportuniste.
En suède ça va moins rigoler c'est sûr !
Bah oui je sais, mais je sais pas écrire des longs trucs comme tu sais faire, et puis t'es achement plus rigolotte, tu sais ? :)
j'ai pas encore fait de croix sur mon blog... là j'ai un peu de temps pour voir 3, 4, 5 films par semaine, je le réréréréréréouvrirai peut-être bien... mais je suis bcp plus présent sur Face de Bouc que t'aimes pas.
http://jordanenadroj.hautetfort.com/ ...bah voilà, m'en faut peu... demain, la critique de l'été suédois.
ça me rassure de constater que je ne suis pas la seule (je finissais par me le demander, car j'avais l'impression d'une pluie d'éloges dithyrambiques s'abattant sur ce film) à l'avoir trouvé pas désagréable mais sans plus.
Au Royaume-Uni, le film fait un carton, j'ai l'impression qu'il fait partie de ces films qu'il est difficile de pleinement apprécié si l'on est pas un "national". Disons que on peut manquer certains "codes".
Mais oui sinon moi aussi j'ai bien ri.
Jordane : la face du book m'indifférence effectivement. Une perte de temps pour moi.
J'ai hâte de voir ta critique de l'été suédois. ça doit cailler là bas.
Brize : oui c'est dingue ces critiques du coup on tombe de très haut.
Charles : tu crois que c'est leur "bienvenue chez les chtis" ?
Pour une fois (!) je trouve, moi aussi, que cela mérite plus que 2 étoiles.
Evidemment si la lecture du film se fait uniquement sur le récit et le choix de le dérouler à l'anglaise (y'a pas mieux que l'anglais British quand on y pense !), on peut rester à ce niveau mais il ne faut pas oublier la grosse présence d'une photographie léchée, des cadrages ultra travaillés et des mouvements de caméra qui plongent le spectateur dans la relation entre ces deux hommes, histoire dans l'Histoire ... ce travail a, à mon sens, une vraie présence et donne une autre dimension à ce film.
C'est ce que je dis, une belle histoire bien contée (ce qui sous entend belle photo et beaux cadrages) ! Quant à être plongé dans la relation entre les deux hommes,mouais.
Peut-être ai-je extrapolé mais j'ai pris l'absence de scènes du peuple comme une critique du roi (et du régime monarchique), très centré sur lui-même et qui n'entend donc le peuple que comme un bruit sourd et lointain et le fait que les relations pour le moins contestables de son frère avec le régime nazi ne soit pas évoqué comme la vision de George VI qui là encore était aveugle à ce qui se passait autour de lui. Sinon, j'aurais mis 3 étoiles, au moins, pour la qualité des dialogues et pour les trois acteurs principaux et l'aspect rendu universel du combat d'un homme face à lui-même aussi éloigné de nous soit-il...
j'ai beaucoup aimé grâce aux 2 acteurs principaux(faut dire leurs rôles sont super aimables et leurs dialogues sont intelligents & drôles) et les scènes de jurons mais ça ressemble un peu à du théâtre joliment filmé(le fait que Hooper va gagner l'Oscar du meilleur réalisateur contre Russel,Coen,Aronofsky ou Fincher est surréaliste), les 2 ou 3 effets spéciaux (à la fin) sont très moches et c'est aussi un film pro-monarchique
Sandra M. : n'oublie pas que tu ne notes pas les films et celui-ci m'a paru un peu platounet et sans âme.
caro : mais non ce sont les Coen qui vont gagner ! Vive le Roi.
Bienvenue chez les Chtis est presque inacessible pour un non-francophone.
Non plutôt comme une comédie des Frères Coen (Lebowski/Fargo). "Accessible", mais il faut en discuter avec un américain, parce que certains codes échappent. Je m'en suis aperçu quand j'étais là-bas l'été dernier.
J'ai bien compris. Le speech du king est inaccessible à une chti. Pas de bol pour ma pomme !
Ce n'est pas ce que je dis. Et je suis de Lille :)
Tu vois je comprends même pas ce que disent les français !
La chance d'être de Lille ! et t'y es encore ?
Oui. Mais jusqu'à début avril seulement.
Pas beaucoup de surprises dans ce film-là, mais en soi, c'est très bien: j'en ai reçu exactement ce que j'attendais. Mise en scène classique et classieuse, acteurs aux petits oignons jusque dans les petits rôles, belle reconstitution d'époque, petites pointes d'humour ainsi que tu le soulignes à très juste titre... c'était cool.
Je crois que, s'il avait été davantage explicite sur le contexte historique, le film aurait perdu en efficacité. Tout le monde sait ce qu'il se passe dans les années 30 et les quelques évocations visuelles suffisent à le rappeler. Pas besoin de longs discours, je crois, justement.
Et sinon, sur le plan de la photo elle-même, il y a des images que j'ai vraiment appréciés, notamment lors de la promenade dans le parc.
Ce n'est pas l'absence de contexte politique qui m'a le plus gênée... mais l'absence de passion de l'ensemble. Et s'il n'y avait Colin pour m'exciter un peu j'aurais sans doute ronflé... Et puis la psycho à deux balles, ça a vraiment tendance à me gaver !
J'ai eu le même ressenti que toi, ce film tellement encensé m'a laissé un goût de trop peu... Du coup j'ai peur pour Black Swan que je n'ai pas encore vu, mais en voyant ta note (je n'ai pas lu l'article, j'attends d'avoir vu le film) et sachant que j'ai sensiblement les mêmes impressions que toi... j'y vais un peu à reculons.
Ceci dit on vient de m'offrir le blu-ray de La Comtesse, j'aurais de quoi me consoler ! (à ce propos sur allociné j'ai regardé une interview de Valérie Bonneton qui fait partie du casting du prochain Delpy: le Skylab. La partie où elle raconte le tournage avec Julie Delpy est vraiment jouissive -même si trop courte).
Pour moi ce sont les deux grosses déceptions du moment.
Mais le Discours du Roi est franchement meilleur, moins prétentieux, moins ennuyeux...
Mais effectivement La Comtesse était un de mes préférés de l'année dernière. Je vais aller voir Julie et Valérie sur Allociné alors. J'adore Julie !
Et moi donc, je suis vraiment une grande admiratrice de son travail ! (j'avais commenté chez toi sur la Comtesse sous le pseudo de frange).
Et j'ai le sentiment qu'elle ne fait que se bonifier avec le temps, ce qui ne gâche rien.
Elle a cet humour, cet esprit et cette intelligence... je pense réellement que c'est une grande dame du cinéma , un peu trop méconnue encore. J'ai très très hâte de voir ses prochains films.
Et sinon, tu m'as définitivement refroidie pour Black Swan !
Noooooooooooooooon !!! je ne veux pas être responsable du fait que tu n'ailles pas voir Black Swan.
Un film très classique qui mérite largement le détour. Sobre et fin, Le Discours d'un roi est excellent.
Effectivement c'est classique, fin et sobre. Mais ça aurait pu être encore mieux.
Bonsoir, est ce que l'un d'entre vous pourrais me dire où je peux trouver le texte de la petite histoire que le roi raconte à ses enfants avant qu'ils n'aillent se coucher
Un grand merci à l'avance
Gérard
Il faudrait écrire à la Reine Mère je pense.