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  • THE COMPANY MEN de John Wells *

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    Qu'y a t'il de commun entre Bobby Walker, Phil Woodward et Gene McClary ? Ils sont fiers de leur belle et grande maison, de leur voiture, éventuellement de leurs enfants mais surtout de leur travail. Tous les trois sont employés à divers échelons de la grande entreprise GTX. En un mot, ils se félicitent de leur réussite. Trois expressions sur pattes, en chair et en os de l'american dream. A ces trois là rien ne peut arriver. Sauf que si. Dans l'univers impitoyable du travail de nos jours, rien ne tient, ni les amitiés de 30 ans, ni l'ancienneté... Drame chez nos trois cadres sûrs de leur avenir, de leur infaillibilité, de leurs avantages acquis jamais remis en question : le chômage. Faisant l'objet d'une restructuration, de chute des profits, de baisse des actions, la grande GTX doit dégraisser et n'y va pas avec le dos du licenciement sans préavis. En moins de temps qu'il n'en faut pour le croire Bobby, Phil et Gene se retrouvent sur le parking de l'entreprise avec le fameux carton toujours prêt à servir en cas d'urgence. Chacun va réagir à sa manière et rien ne manque des aléas et rebondissement que provoque un tel chamboulement des certitudes. Si le sacro-saint capitalisme se met à déboulonner ses nantis où va le pauvre monde ? Et bien au Pôle Emploi.

    Donc tout est parfait ici, la démonstration, la quantité d'informations réalistes et documentées, l'interprétation, tout. Alors pourquoi n'ai-je pas accroché, mais alors pas du tout ? La seule explication que j'ai trouvée est qu'il y a peut-être trop de stars dans ce film pour qu'il ait l'air vrai. En effet, il m'a été difficile de ne pas voir Ben, Tommy Lee, Chris et Kevin au lieu de Bobby, Phil, Gene et Jack.

    Bobby va sortir la tête de l'eau après avoir joué au fanfaron et affirmer qu'en quelques jours il aurait retrouvé un emploi. Plusieurs mois plus tard, il a dû dire adieu à sa porshe, à son abonnement au club de golf, son fils revend sa console de jeux vidéo pour aider, sa femme (drame !) reprend un travail (et pour une fois, saluons l'effort, elle n'est ni photographe ni propriétaire d'une galerie "en ville" mais infirmière). Un peu plus tard Bobby, femme et enfants doivent abandonner leur maison/château et retourner vivre entassés dans deux pièces chez les parents. Bobby se trouve par ailleurs contraint d'accepter un travail d'ouvrier sur les chantiers de son beau-frère qui possède une petite entreprise de travaux publics. C'est là que l'on découvre que le prolo n'a pas une jolie maison alors qu'il pourrait vu qu'il en construit pour les autres, qu'il mange et dort avec la truelle à la main, et qu'il lui arrive d'être en retard au boulot parce qu'il est bourré. Alors que le cadre à attaché-case se bourre la gueule, mais le soir, ce qui est beaucoup plus chic. Bon j'avoue que Kevin Kostner en prolo qui crache sa haine des patrons dans chaque phrase, je n'y ai pas cru une seconde.

    Phil Woodward (Chris Cooper en mode dépressif) qui de son côté a commencé au bas de l'échelle pour finir dans les bureaux vit beaucoup plus mal son chômage et malgré les judicieux conseils de son 'conseiller' de se teindre les cheveux, lâchera prise plus rapidement que les autres, d'autant que sa charmante épouse lui demande de ne pas rentrer trop tôt à la maison pour ne pas éveiller les soupçons des voisins. Le chômage, c'est la honte, surtout pour l'entourage.

    Quant à Gene MacLary (Tommy Lee Jones qui risque une cascade à un moment : une amorce de sourire !) après s'être aperçu qu'il ne servait à rien de coucher avec la DRH, que sa régulière qui réclame les jets privés de l'entreprise pour partir en vacances avec ses copines n'est vraiment pas une personne fréquentable, et qu'il ait expliqué à Bobby son protégé, que c'était mieux avant... va réagir positivement, vendre ses actions et créer une entreprise !

    Voilà.

    Ah oui, vous ai-je dit que Ben Affleck est très très bien ?

    Non ?

    Ben Affleck est très très bien.

  • CIRKUS COLUMBIA de Danis Tanovic ***

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    Après 20 ans d'exil en Allemagne Divko revient dans son village de Bosnie-Herzégovine en affichant ostensiblement tous les signes extérieurs de richesse, de réussite et de beauferie bling bling : une jeune et ravissante créature rousse à ses côtés qui répond au doux nom d'Azra qu'il compte épouser bien qu'elle soit sans doute deux fois sa cadette, une grosse voiture flambant neuve et rouge vif, des liasses de Deutschmarks dans les poches qu'il sort à la moindre occasion et un horrible chat noir porte bonheur. Le but avoué de ce retour est de divorcer de Lucija qui l'aurait trahi 20 ans plus tôt et de faire connaissance du fils qu'il n'a jamais vu, Martin. Tu parles. Planqué dans sa Merco, Divko fait évacuer manu militari femme et fils de la maison qu'ils occupent à ses frais depuis trop longtemps d'après lui. Il les fait jeter à la rue sans autre forme de procès, illico s'y installe avec sa dulcinée et se régale de la soupe qui chauffait sur le poêle, avant de s'endormir "enfin comme un homme"... Voilà à quel étrange salaud on a affaire. Mais allez savoir pourquoi, on n'arrive pas à détester Divko. Il faut dire qu'il est bosnien herzégovnien et que c'est le grand Miki Manojlovic qui lui prête sa dégaine de vieux dandy fatigué et son air abattu de Droopy constamment contrarié.

    C'est l'été il fait chaud. Divko rencontre son fils, une espèce de grand tout mou qui n'a pas l'air bien fufute au premier abord et qui, quand il ne tripote pas sa CiBi ou ne plonge pas dans la rivière avec son copain, travaille la nuit dans une station-service et surtout rêve de partir aux USA. Pas rancunier, le fils sympathise avec le père jusque là absent qui lui propose de venir vivre avec lui... dans la propre maison qu'il lui a fait quitter, donc. Vous suivez ? On en est pas à une absurdité près. Mais Martin adore sa très protectrice maman qui le met en garde contre son salaud de père et de toute façon Martin ne veut pas laisser maman seule. Et puis, il commence aussi à tourner autour de la jeune et belle Azra qui s'ennuie ferme et qui crève de chaud. Martin n'est pas le dernier à expliquer à Azra comment se rafraîchir.

    Vous n'y comprenez rien ? C'est pourtant simple. C'est serbe ou bosniaque, peut-être même croate allez savoir ! D'ailleurs, nous sommes en 1991 et au loin, on entend vaguement le bruit des bottes qui commence à affoler la population. Mais le drame c'est que le moche matou porte bonheur de Divko disparaît. Et là, Divko devient comme fou. Il faut retrouver le chat. Il met Martin son fils et Azra sa future sur le coup ; ce qui ne les dérange nullement. Ils sont la risée de toute la populace jusqu'au jour où Divko promet une forte récompense pour retrouver ce foutu chat, et là c'est tout le village qui se met en quête du matou...

    Voilà, pendant une heure au moins, on observe avec stupéfaction mais non sans intérêt les moindres faits et gestes de cette bande d'allumés. On dirait que ça ne ressemble à rien, que c'est un machin de bric et de broc qui ne mène nullepart mais tellement farfelu sans pour autant être hilarant qu'on y prend un plasir fou. D'autant plus plaisant que chacun des quatre personnages principaux s'étoffe, se développe, s'enrichit peu à peu. Mike Manojlovic étant impérial dès le début, rarement on a l'occasion de voir à l'écran des acteurs dont la présence, le charisme, la justesse et la beauté même s'intensifient à mesure que le film avance. C'est le cas de Jelena Stupljanin/Ezra, Boris Ler/Martin et Mira Furlan/Lucija la mère. Ils sont tous les trois absolument époustouflants. Face à l'obstination, à l'égoïsme et à la bêtise de Divko, ils sont de plus en plus déconcertés et soudés.

    Mais la menace qui gronde au loin et se rapproche va encore une fois changer la donne et l'ordre des choses. Comment Divko va t'il réagir devant l'imminence des risques, du danger, du chaos ? Toute la mélancolie, tout le fatalisme de l'âme slave, sa truculence et sa joie de vivre aussi se retrouvent dans ce film surprenant, attachant, dont il faut attendre la toute dernière image pour en comprendre le titre mystérieux, et découvrir aussi qu'il s'agit finalement d'un grand film d'amour...

  • RANGO de Gore Verbinski ***

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    Un caméléon de compagnie s'ennuyait ferme chez ses propriétaires. Plutôt froussard et n'ayant de toute façon pas trop d'occasions de démontrer son courage, mais doté d'une imagination débordante il s'inventait des histoires dans lesquelles il était un brave. A la suite d'un accident de la route (trop long à vous expliquer), le caméléon se trouve éjecté d'une voiture et erre en plein désert de Mojave. Il se traîne péniblement jusqu'à la bien nommée ville de Dust (Poussière) où les étrangers tels que lui ne sont pas les bienvenus. Contraint de détourner l'hostilité des autochtones et remettant en marche son talent de conteur imaginatif, il s'invente un pseudo RANGO et des aventures où sa bravoure et ses exploits forcent l'admiration. Nommé shérif par le Maire de la ville, Rango est chargé d'identifier et de combattre les prédateurs qui terrorisent Dust dont un serpent maléfique lui-même inquiété par un faucon.

    Bien qu'on ne puisse oublier que Dust la ville est peuplée exclusivement de reptiles, rongeurs, amphibiens, batraciens et autres cloportes (ce qui n'est pas toujours très ragoûtant), il n'en demeure pas moins que Rango le film est un western un vrai. En tout cas une parodie voire un hommage aux grands westerns et plus encore aux fameux westerns spaghetti où l'on parle avant de dégaîner, où l'on s'observe longuement avant de tirer. Le film est également truffé de références pas uniquement westerniennes et le cinéphile peut se régaler à les retrouver : Les Sept Mercenaires, Il était une fois dans l'Ouest, Las Vegas Parano, Le Seigneur des Anneaux, Arizona Dream... Par ailleurs les thèmes brassés et la lenteur de la progression de l'action font que ce spectacle souvent délirant me semble davantage destiné aux adultes ou aux grands enfants ! On peut même y déceler des considérations politiques éminemment actuelles telles l'écologie, la peur de l'autre/étranger et la manipulation des masses. En effet, Dust est une ville dont les habitants sont épuisés par le manque d'eau. Le précieux liquide est d'ailleurs la denrée rare et inestimable placée comme épargne dans un coffre à la banque. L'eau est distribuée parcimonieusement chaque mercredi suivant un rituel immuable. Mais alors que le "peuple" se déssèche, le Maire semble toujours mystérieusement prospère lui qui a compris que dans l'adversité il lui faut un modèle à admirer. Les habitants, menés par la jolie et ardente Fève et Rango devenu plus combattif vont peu à peu se révolter contre leur condition.

    Merveilleux film d'animation en 2D (halleluyah !) Rango est bouillonnant de vivacité, d'inventivité et d'humour. Dans des décors si beaux et réalistes qu'ils ont parfois l'air d'être vrais, les protagonistes bénéficient d'un doublage voix luxueux. Johnny Depp est Rango le héros. Il exécute une nouvelle fois son grand numéro de déjanté au point qu'on arrive parfois à l'imaginer sous le caméléon. Il est entouré de Isla Fisher, Abigail Breslin, Ned Beatty, Harry Dean Stanton, Bill Nighy, Alfred Molina, Ray Winstone. Et c'est savoureux. Timothy Olyphant ayant la charge emblématique (et réussissant une imitation à s'y méprendre) de doubler L'Esprit de L'Ouest alias l'Homme sans Nom, alias... je vous laisse deviner. 

  • JEU, CINEMA et OPHTALMOLOGIE

    Rien à gagner mais que cela ne vous empêche pas de jouer.


    Je rappelle les règles du jeu pour les nouveaux venus.

    Il s'agit de retrouver le titre d'un film à partir d'images légèrement déformées.

    Vous ne pouvez donner qu'UNE réponse à la fois.

    Pour retenter votre chance et donner une autre réponse, vous DEVEZ attendre que j'ai validé votre première réponse (qu'elle soit bonne ou pas !).

    Si vous donnez plusieurs réponses, je dynamite, je ventile, je disperse.

    Je précise que chaque semaine il y a UN (ou plusieurs) point(s) commun(s) entre tous les films que j'ai choisis.

     

    GAME OVER. MERCI.

    1

    LA PERMISSION DE MINUIT trouvé par marion

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    2

    VOL AU DESSUS D'UN NID DE COUCOU trouvé par David

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    3

    L'ECHANGE trouvé par marion et olivier

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    4

    ANNA M. trouvé par Mister Loup

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    5

    L'ARMEE DES DOUZE SINGES trouvé par marion et David

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    6

    CEUX QUI RESTENT trouvé par Mister Loup

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    7

    LE SCAPHANDRE ET LE PAPILLON trouvé par damss

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    8

    SE SOUVENIR DES BELLES CHOSES trouvé par Mister Loup et Ed

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    9

    SHUTTER ISLAND trouvé par David

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    10

    TRAITEMENT DE CHOC trouvé par marion

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  • MA SEMAINE AU CINEMA

    Pour lire mes articles cliquez sur le titre ou l'affiche.

    ROUTE IRISH de Ken Loach ***

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    WE WANT SEX EQUALITY de Nigel Cole ***

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    LES YEUX DE SA MERE de Thierry Kliffa **

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    LEGITIME DEFENSE de Pierre Lacan **

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    L'AGENCE de Georges Nolfi *

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    MA PART DU GÂTEAU de Cédric Klapisch °°° 

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    MES COUPS DE COEUR DE LA SEMAINE

     

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  • WE WANT SEX EQUALITY de Nigel Cole ***

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    En 1968, les ouvrières de l'une des usines Ford en Angleterre, travaillent en atelier dans des conditions déplorables. Il y fait une chaleur tropicale l'été et dès qu'il pleut c'est l'inondation à l'intérieur du bâtiment. Mais elles s'accommodent tant bien que mal de ces conditions. Jusqu'au jour où elles découvrent, ô suprise ! qu'à travail égal les hommes sont bien mieux payés qu'elles. Aidées d'un syndicaliste qui prend fait et cause pour ces femmes, elles vont se battre jusqu'à rencontrer la ministre du travail Barbara Castle et obtenir gain de cause. Grâce à elles, le combat des femmes pour le "sex equality" a fait un considérable bond en avant.

    Voilà au moins quatre jours que j'essaie de vous parler de ce film formidable et je me retrouve bec bé comme une poule qui aurait découvert un opinel. Alors je vais vous le faire à la sauvage comme la pauvre blogueuse face à l'angoisse de l'écran blanc. Ce film est formidable et il FAUT que vous courriez le voir :

    • parce que le sujet a été rarement (voire jamais depuis Norma Rae en... 1979) traité,
    • parce que les grèves de femmes font tellement peur aux hommes qu'il faut voir leur air stupide lorsqu'ils constatent qu'elles peuvent stopper la production même au-delà des frontières,
    • parce qu'il faut les voir aussi ces pauvres choux sans arguments traiter ces courageuses d'"Amazones en bigoudis",
    • parce qu'ils trouvent naturel d'être soutenus lorsque eux font grève et trouvent leur grève à elles inconvenante et injustifiée,
    • parce qu'elles tiennent bon malgré les lessives et le repassage qui s'accumulent,
    • parce que ce que les hommes considèrent comme des droits ne sont que des privilèges qu'ils s'accordent sans justification,
    • parce que Bob Hoskins en féministe acharné est génial,
    • parce que Sally Hawkins a un charme fou et qu'elle et ses copines ont de l'énergie et du courage à revendre
    • parce que Miranda Richardson est remarquable en ministre rousse incendiaire obligée de se bagarrer contre son propre camp, entourée qu'elle est de machos misogynes décérébrés,
    • parce que Rosamund Pike est étonnante en jeune femme surdiplômée que son abruti de mari traite comme une Barbie incapable de penser et qui l'empêche de travailler,
    • parce que Brighton est toujours infiniment cinégénique...

    Ce film est formidable, comment voulez-vous que je vous le dise autrement ?

  • LES YEUX DE SA MERE de Thierry Klifa **

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    Ce que Mattieu Roussel romancier sans inspiration a en tête n'est guère reluisant : "infiltrer" la vie de Lena Weber star de la grand messe cathodique du 20 h pour en publier une biographie non autorisée qui sera forcément un best-seller. Il faut dire qu'il y en a des choses à dire sur les non-dits de la vie de famille de Lena. Une mère indigne, une mère absente, une mère qui abandonne son enfant à la naissance parce qu'il compromettrait sa carrière. Mais aussi une mère morte, une mère adoptive, une mère de substitution... Et puis un père mort, forcément idéal, victime du franquisme. Un tout jeune homme de 20 ans également dont on ne comprend pas immédiatement comment il va intégrer l'histoire.

    Matthieu donc, profite d'un congé de grossesse dans l'entourage professionnel proche de Lena pour se faire embaucher et devenir en un clin d'oeil l'assistant, celui qui devance le moindre désir et se rend donc ainsi parfaitement indispensable. Mathieu redouble de charme et de douceur et séduit tout ce qu'il approche en une oeillade. Y compris Maria, la fille de Lena, danseuse étoile. Les deux femmes entretiennent des rapports réfrigérants, la première reprochant sans fin à la seconde d'avoir privilégié sa carrière de grand reporter à son éducation. Mais l'histoire se reproduit parfois, les enfants battus deviennent des parents qui battent etc... La douce Maria (la toujours insupportable et douce Géraldine Pailhas pour une fois pas cocue... désolée, ce n'est que mon avis, quand ça passe pas, ça passe pas. Cette actrice on voit qu'elle "joue" !) s'est toujours réfugiée auprès de sa tante Judit (IMMENSE et magnifique Maria Paredès) omniprésente, aimante et rassurante. Cependant il me faudrait un peu plus qu'une actrice espagnole, et non des moindres, et un titre maternisant pour rapprocher comme je le lis beaucoup, ce petit mélo touffu du sublime et limpide "Tout sur ma mère" du grand Pedro. C'est dit !

    Et oui, on comprend vite que tous ces personnages, certains à Paris, d'autres en Bretagne vont finir par se rencontrer ou au moins avoir un pan de l'histoire en commun. La manière dont s'y prend le réalisateur pour parvenir à ses fins relèvent parfois du miracle et les coutures cousues au gros fil blanc finissent rapidement par se voir et rendre la moindre rencontre parfaitement invraisemblable et très maladroite. Le summum revenant à un accident de voiture, suivi de comas, plaies, croûtes et bosses... résolus en un claquement de doigts...

    Toute proportion gardée dans l'ambition, le personnage de Mathieu (interprété avec beaucoup de trouble et de charme par Nicolas Duvauchelle) m'a rappelé celui de Terence Stamp dans le Théorème de Pasolini où un mystérieux Visiteur venait semer le trouble dans une famille bourgeoise. Mais ici, rien de sulfureux et on sent trop ici la patte de la famille Thompson (Christopher au scenario) dont les préoccupations tournent autour des heurts et malheurs de grands bourgeois auxquels finalement rien ne peut arriver. Dans le dernier quart d'heure l'émotion commence enfin à poindre mais on y arrive après moult artifices...

    Evidemment chez Thierry Klifa, et ce n'est pas rien, il y a le casting cinq étoiles et un amour infini pour les acteurs. Cela dit, il n'y a pas assez de Catherine Deneuve dans ce film. Même si elle est la figure centrale de l'histoire elle n'en est pas le personnage principal et de Catherine je ne suis jamais rassasiée tant elle m'ensorcèle et me fascine, ici encore et toujours.

    Nicolas Duvauchelle (il faut articuler mon garçon) sort avec bonheur et réussite de ses rôles de bad boy, et réussit une étreinte infiniment touchante avec un jeune garçon. Marina Foïs est convaincante en maman poule qui craint le pire. Retrouver Jean-Marc Barr est toujours un plaisir... En un mot, la direction d'acteurs est primordiale et Thierry Klifa excelle dans l'exercice mais il faudrait qu'il se rassemble un peu, condense ses histoires au lieu de les multiplier et de les démêler de façon un peu moins mécanique et convenue.

  • MA PART DU GÂTEAU de Cédric Klapisch °°°

    MA PART DU GÂTEAU de Cédric Klapish, gilles lellouche, karin viard, cinémaMA PART DU GÂTEAU de Cédric Klapish, gilles lellouche, karin viard, cinéma

    L'usine où travaille France ferme ses portes. Au chômage, seule avec trois filles à élever et après une tentative de suicide... elle profite d'une opportunité de formation de femme de ménage pour "monter" à Paris. Là, elle se fait embaucher par Stéphane (ou Steve pour les intimes) le trader précisément responsable (en partie) de la fermeture de son usine. Au début elle n'en saura rien mais plus tard si, et ça ne va pas se passer comme ça. Non mais.

    Je ne vais pas m'apesantir et m'éterniser sur un film aussi mauvais et ridicule. Mais qu'a essayé de prouver ou démontrer Klapisch en tournant cette chose plutôt laide et bête ? Même Venise parcourue lors d'une scène honteusement balourde et misogyne, est sans âme. Mais là je ne résiste pas au plaisir de vous relater l'intermède vénitien : une très très jeune et très maigre mannequin draguée à la rustaude par Gilles Lellouche est emmenée pour un week end dans la Sérénissime. Arrivée sur place Tessa (oui Tessa, car les parisiennes s'appellent Tessa ou Melody... les filles du Nord se prénominent France ou Josy !!!) s'extasie "ôôô c'est beau" lit-on sur ses lèvres alors qu'elle vaporette sur le Grand Canal ! Mais le soir, alors que Gilou lui offre une nuisette (bien moche d'ailleurs) et lui demande de lui faire la danse des sept voiles avant de lui faire subir les derniers outrages... la belle jeunette est toute surprise : "mais euh... monsieur, je ne couche pas le premier soir !!! Il faut que je sente les choses moi !". En gros, "tu te la mets sur l'oreille mon Gilou, tu te la fumeras plus tard". Mais le Gillou n'est pas du genre à se laisser berner par la minaudeuse, et après un temps de réflexion s'exprime : "ah tu veux sentir des choses et bien tiens je vais t'en faire sentir une !!!" Le "viol" n'est que suggéré bien sûr, mais il est difficile d'appeler différemment ce qui se passe lorsqu'une fille n'est pas consentante et qu'un garçon la plaque sur un plumard !!! En résumé, la Tessa de Paris est fort naïve et un rien couillonne. Elle peut embarquer avec un quasi inconnu pour un week end en Italie et supposer que le garçon ne va QUE la couvrir de cadeaux. Cadeaux qu'elle rendra plus tard, la Tessa étant finalement naïve, couillonne mais honnête. Quant à l'homme, ce pourceau libidineux, il ne peut imaginer qu'une fille ne peut "s'obtenir" qu'en l'achetant. Beurcke.

    Bon je ne vous parle même pas de la mer du Nord filmée comme dernier terrain vague... En tout cas ici, c'est assez simple finalement, les traders/riches sont des hommes et des femmes puants, mauvais et vaniteux qui ne peuvent que se reproduire entre eux. Les prolos sont pauvres et gentils. Ils se serrent les coudes et boivent des coups dès que ça va mal et rentrent en titubant le soir chez eux. Surtout s'ils sont du Nord, pensez donc !

    C'est peu dire que tout sonne faux. D'autant que pour rendre encore ce film plus insauvable, il souffre d'un "mis-casting" définitif. Gilles Lellouche n'a pas la mâchoire carrée de Michaël Douglas et en trader à cravate, il n'est jamais crédible. Idem pour Karin Viard, malgré tous ses efforts et elle est le seul point positif du film avec l'énergie qu'elle met à tenter d'être cette femme de ménage... ça ne passe jamais. Comment évoquer aussi les répliques et les dialogues débités comme des sentences ou des maximes censés symboliser la lutte des classes et le goufre entre les nantis et les démunis ?

    Et puis que dire finalement du virage opéré dans le dernier quart d'heure qui fait définitivement sombrer ce film dans les abysses du ridicule qu'il avait jusque là frôlé à de nombreuses reprises ?

    Pouah.

    P.S. : je ne parle pas de Jean-Pierre Martins qui une fois de plus gâche son talent dans un film râté. Regardez le sur la photo, n'a t'il pas l'air de dire : "pendant que vous faites les cons dans cette bouse, je joue avec le moutard !". Il ferait mieux de lire les scenarii.

  • L'AGENCE de Georges Nolfi *

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    David Norris avec sa bouille de Kennedy n'a qu'un rêve en tête : devenir sénateur de l'Etat de New-York. Il y est preque lorsqu'à quelques jours des élections et après une tonitruante campagne à grand renfort de flonflons, de pom-pom girls et de serrages de mains à ploucland, la presse fait paraître des photos datant de la folle jeunesse de David. Mais l'américain, contrairement à nous autres outre-atlantique, n'aime pas voir les fesses de ses hommes politiques étalées dans les journaux, même s'il s'agit des fesses de Mat Damon. Il n'en faut pas plus pour que l'américain retourne casaque et vote pour le camp adverse.

    Celui-dont-on-ne-sait-le-nom mais qu'il convient d'appeler "Patron" pour simplifier, n'apprécie guère qu'il y ait du mou dans la corde à noeuds et que ses grand projets écrits sur un livre qui gigote soient empêchés. Il envoie donc sur terre des sortes d'anges étrangement chapeautés, dont un qui ressemble à Marcel Amont, chargés de remettre David sur le droit chemin. Mais, nouvel os dans l'engrenage ce grand foufou va faire la connaissance dans les toilettes pour hommes, d'Elise et hop, c'est le coup de foudre, intégral, absolu et réciproque. Elise ne fait pas partie du plan élaboré par Celui-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom et les sbires à chapeau vont avoir la lourde tâche de tout mettre en oeuvre pour séparer les tourtereaux. La roue tourne, les années passent... les routes d'Elise et de David ne cessent de se croiser, mais que fait la police ?

    Pas grand chose à dire et guère de surprise dans ce film pourtant prometteur. Une comédie sentimentale sur fond de thriller d'anticipation et philosophico-politique c'était tout à fait inédit, original et intéressant. D'autant que le réalisateur ne force pas sur les effets spéciaux et n'abuse pas non plus d'une belle idée : des portes passages secrets qui permettent d'échapper à son destin. Mais bon, tout est plan plan et mou du genou !

    L'amour est plus fort que tout -ooopsss j'ai spoilé- et Matt semble se reposer sur la couronne de lauriers que je m'applique à lui tresser depuis quelques-uns de ses derniers films. Matt, il faut te ressaisir (et demander à ta maquilleuse qu'elle ne force pas trop sur l'auto-bronzant !). 

  • ROUTE IRISH de Ken Loach ***

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    Ken Loach est un type incroyable qui en a toujours dans le viseur et qui "risque" tant qu'il aura du souffle de dénoncer les mochetés d'un monde en folie et c'est tant mieux. Même si on se serait aisément passé d'une historiette d'amour aussi incongrue que sans intérêt le réalisateur continue de taper fort en nous mettant ici sous les yeux les dégâts collatéraux des conflits dans lesquels certaines nations s'immergent parfois un peu à l'aveuglette.

    Aveuglés c'est bien ce qu'ont été Fergus et son ami Frankie anciens paras au service de Sa Majesté et qui sont revenus indemnes d'Irak. Incapable de raccrocher le treillis, Fergus s'est mis à la solde de compagnies privées qui engagent d'anciens militaires chargés de retourner sur place pour protéger leurs "intérêts". Ces engagés volontaires, véritables mercenaires touchent des sommes colossales totalement "free tax" leur assurant une retraite dorée. Fergus fait miroiter cet avenir étincelant à son ami Frankie, marié à la délicieuse Rachel qui n'aura plus que ses yeux pour pleurer quand son chéri va finalement lui revenir entre quatre planches qui seront scellées avant même que la famille puisse reconnaître le corps mis en pièces...

    Fergus l'ami, l'alter ego, le quasi frère dont Rachel dira "quand il n'était pas avec toi, il parlait de toi", va chercher à comprendre pourquoi son ami, son alter ego, son quasi frère fut envoyé à plusieurs reprises sur la "Route Irish", la route la plus dangereuse du monde qui va de l'aéroport de Bagdad à la zone internationale. Cette route où il périt et où se passent les exactions parmi les plus ignobles de la planète.

    Porté par l'interprétation solide de Mark Womack nouveau venu charismatique, bien que teigneux qui n'hésite pas à commettre des horreurs et à se tromper copieusement au nom de l'amitié, qui déboule sur la planète ciné dans un rôle plutôt antipathique, ce film formidable confirme que Ken Loach est un de mes réalisateurs favoris. Qu'il nous balance ici une nouvelle torpille qui surprend, scandalise et pétrifie.

    Je fais vite car j'ai encore deux films de retard -que j'ai aimés- à vous soumettre, mais que j'ai mille choses sur le feu et que de toute façon c'est elle qui en parle le mieux.