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RABBIT HOLE de John Cameron Mitchell **

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Becca et Howie dans leur immense et belle maison haut perchée avec vue sur la mer survivent tant bien que mal à l'événement le plus inadmissible, intolérable, inacceptable qui soit : la perte de leur enfant. Et tous ceux qui sont équipés d'une progéniture en plus ou moins bon état de marche savent à quel point l'idée même de la perdre est inconcevable. Il y a une logique à respecter et ce sont les parents qui doivent partir les premiers. Comment vivre lorsque votre petit garçon de quatre ans a échappé un quart de seconde à votre vigilance, qu'il a traversé la route à la poursuite de son chien et s'est fait renverser par une voiture ? Colère, douleur, souffrance, sentiment d'injustice,  de culpabilité, désespoir... voilà de quoi le quotidien est fait, pour l'éternité. Plus un jour. Ce jour maudit où depuis l'on ne peut que se répéter sans cesse et si... et si... et si... ! Becca et Howie, dévastés par le chagrin font souvent comme si, de façon à ne pas accentuer la peine de l'autre ou parce qu'ils croient que l'autre est moins sensible, qu'il s'accomode de ce chagrin qui jamais ne prendra fin. Mais finalement chacun s'isole avec sa façon personnelle de vivre l'inconcevable. Et derrière cette apparence de calme et de tranquillité, c'est l'incommunicabilité et l'incompréhension qui s'installent. Chacun seul au monde avec sa tristesse s'emmure avec l'absent qui envahit chaque instant.

J'aurais aimé adorer ce film mais malgré la sobriété de la démonstration et l'implication des acteurs, je n'y ai vu qu'un catalogue assez froid de tout ce qu'un deuil de cette cruauté peut provoquer chez les premiers concernés, les parents, mais aussi toutes les réactions qu'il entraîne de la part de l'entourage le plus proche, la famille, les amis, les voisins, les collègues. Contrairement à ce que j'ai lu partout, je trouve que Nicole Kidman nous refait son grand numéro de star aux yeux rougis habillée comme un sac, invariablement avec les mêmes nippes chiffonnées de la veille. Par contre Aaron Eckart (oui il prend une douche après avoir joué au squashe) est d'une rare intensité, tellement perdu à essayer de faire face à ce supplice de tous les instants, à tenter de reconquérir sa femme, à accepter sa façon à elle d'imposer son deuil à elle. Il explose littéralement dans une scène où il hurle la douleur et le manque qui le rongent. Et c'est beau et fort.

Le couple tente tout pour continuer à vivre. Des séances de thérapie de groupe où ils sont confrontés à d'autres parents ayant connu le même drame, vider la chambre du petit, se séparer de ses vêtements, décrocher ses dessins, des visites dans la famille où quoi que les autres disent est toujours et systématiquement mal interprété, affronter la grossesse d'une soeur, ou les enfants des autres bien vivants... Tout est une torture. Et pourtant, à aucun moment je n'ai été émue, complètement mise à distance par une espèce de démonstration didactique : le deuil chapitre 1, le deuil chapitre 2... Alors que jamais je n'ai senti le chaos et la confusion. Curieusement ce sont les scènes où la mère se rapproche du chauffard responsable de la mort du petit qui apparaissent les plus touchantes, lorsqu'on découvre le visage inquiet de ce jeune homme (Miles Teller vraiment très bien) et quel traumatisme ce drame irréparable représente pour lui.

Commentaires

  • Pas envie de voir un film sur ce thème là et puis la Kidman, je ne l'aime pas. Deux raisons de ne pas y aller.

  • Aifelle : tout à fait évitable effectivement.

    Fred : et Aaron torse nu ???

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