ANIMAL KINGDOM de David Michôd ***
Lorsque sa mère meurt d'une overdose, Joshua se retrouve seul au monde et n'a même pas 18 ans. Il appelle sa grand-mère qu'il ne connaît pas car elle s'était fâchée depuis de longues années avec la défunte sa fille. Néanmoins elle accueille ce petit fils avec beaucoup d'effusion sans témoigner le moindre chagrin à l'annonce de la mort de sa droguée de rejetonne. Sa maison se situe dans la banlieue de Melbourne qu'elle partage la plupart du temps avec ses fils qu'elle aime de façon très démonstrative. Joshua découvre rapidement que les activités de sa famille sont plus que louches et que ses oncles sont dealers, cambrioleurs voire plus et pire dès que l'occasion s'en présentera. La mort d'un des amis des grands garçons, tué par la police va attiser la haine, la violence et une forme de folie sous-jacente qui régne dans cette famille soudée certes, mais dont les membres sont toxiques les uns aux autres et absolument sous la coupe de la mère. Joshua véritablement terrorisé par la tournure que prennent les événements et par la nature très très imprévisible de ses oncles souvent au bord de l'implosion ne sait comment réagir. Un flic chargé de confondre les frangins va jouer un rôle ambigu et rassurant et se servir de Joshua pour approcher la famille.
La première scène saisissante, nous met en présence de Joshua, jeune homme prostré et captivé par un programme télé bruyant et débile. On ne saura pas toujours et jamais vraiment si c'est sa nonchalance naturelle ou le fait qu'il soit un peu "neuneu" qui le rend aussi apathique. Toujours est-il que près de lui se trouve sa mère... morte. Lorsque la police arrive, il aura bien du mal à détourner son regard de l'hypnotisante télé. Son arrivée chez son étrange grand-mère qui vit entourée de ses grands couillons de fils chéris qu'elle embrasse goûlument et fréquemment sur la bouche, ne le fait pas changer d'attitude. Il est toujours aussi imperturbable et sans réaction. C'est sa découverte des activités malsaines et du comportement déroutant de ses oncles qui vont peu à peu le réveiller. A la fois effrayé et piégé par cette famille atypique et ses membres pas bien finis dans leur tête fêlée, il va tenter de s'intégrer, puis de mener une vie 'normale', rencontrer une fille de son âge et l'aimer... Puis, touché et pertubé par ce flic protecteur qui semble vouloir l'aider ou mieux encore jouer le rôle de la figure parternelle qui lui fait cruellement défaut, il va, après avoir payé le prix fort devoir faire un choix : trahir ou défendre et couvrir sa famille de cinglés.
C'est un film qui ne ressemble à aucun autre. Le genre qui fait qu'on se dit que le cinéma est une réserve sans fond et sans fin qui permet à l'imagination délirante de certains réalisateurs de continuer de nous surprendre. Il faudrait presque le regarder en apnée et ne reprendre sa respiration qu'après la dernière image qui explose de façon réellement inattendue alors qu'on n'attend plus du tout l'ultime retournement final. Désespérant.
L'atmosphère poisseuse, le rythme lent, les personnages délirants et imprévisibles (voire complètement cons), la douceur du flic, l'attitude malsaine de la mère, la mollesse du "héros"... tout contribue à rendre ce film implacable et déroutant.
Commentaires
le meilleur film depuis longtemps :)
Merci pour cette critique coup de coeur!
Le film a été primé à Sundance, ce qui est déjà un gage de qualité.
Bref, j'en ai l'eau à la bouche, j'essaie d'y aller next week!
Jordane : oui.
Mister Loup : bien.