MIDNIGHT IN PARIS de Woody Allen ****(*)
C'était quand la dernière fois que vous êtes sortis d'une salle de cinéma avec des ailes, léger comme une paillette cannoise ? Moi c'était hier, malgré tout. Il faut dire que Woody a mis le paquet pour nous emporter loin comme il sait parfois le faire, à condition bien sûr de se laisser embarquer sans condition ni résistance. Et si comme moi, vous ne savez strictement rien des méandres où plonge ce film avant d'entrer en salle, j'imagine que le plaisir déjà considérable peut être décuplé.
Les cinq premières minutes du film s'étalent comme un dépliant touristique où l'on pourrait s'inquiéter à penser que Woody est tombé dans le piège d'un Paris de carte postale idyllique et irréaliste. Sur un thème de Sidney Bechet d'une mélancolie à tomber, nous visitons donc Paris en long en large et en travers où ne traîne aucun papier gras et en évitant soigneusement Barbès et le XIIIème (entre autre). Et finalement les barrières, l'appréhension et la méfiance s'effondrent car Paris, c'est aussi ça, cette ville magique et intemporelle avec ses pavés, ses toitures grises, ses escaliers, ses jardins, ses ponts, ses monuments célèbres, ses grandes avenues, ses petits marchés, ses squares, ses musées. Et l'on comprend à quelle déclaration d'amour inconditionnel le réalisateur va se livrer en faisant de la capitale un personnage où son imagination, sa folie et son inspiration vont pouvoir se manifester en mode majeur. Il va nous précipiter dans un rêve insensé et délicieux où l'imaginaire et les phantasmes les plus fous peuvent enfin se réaliser. Un songe, une rêverie, un idéal de cinéma que seul le 7ème art et un réalisateur de génie (j'emploie ce mot dans tout son sens) peuvent permettre et procurer.
Woody Allen, au sommet, qui doute encore pourtant d'avoir jamais réalisé un GRAND film nous comble avec cette sucrerie dorée, subtile et profonde, drôle et mélancolique, cruelle et généreuse dont on sort le coeur allégé de toute peine et plein d'espoir. Woody laisse encore percevoir que le cinéma est un puits sans fond où l'inspiration et la fantaisie sont reines et dans lequel tout est possible, sans limite !
Mais revenons-en un peu à notre histoire ! Dès les premières scènes qui mettent en présence Inez et Gil jeune couple d'américains en vacances à Paris avec les parents de la belle et qui doivent officialiser prochainement... on sent bien que rien ne colle entre eux. Alors qu'Inez, fille à papa et maman, bourgeoise, oisive et matérialiste s'imagine déjà dans sa villa à Malibu avec son scénariste à succès de mari, Gil quant à lui bohême, intellectuel et sentimental ne rêve que de simplicité et d'une vie sous les toits avec vue sur le ciel et pourquoi pas à Paris. Elle a hâte de s'installer à nouveau sur une plage californienne, il trouve que Paris est encore plus beau sous la pluie où il aime se perdre dans les rues. Elle affirme qu'il est plus crédible en scénariste, activité lucrative, il aimerait que le roman qu'il a écrit soit publié... Gil a de toute façon peu voix au chapitre et aucun de ses souhaits n'est pris en compte par sa fiancée comme par ses parents qui le méprisent ouvertement et auraient préféré un autre parti pour leur fille. Justement, la rencontre avec des amis américains va faire que providentiellement Gil et Inez vont découvrir Paris chacun à leur façon et de leur côté. Pour notre plus grand bonheur.
Et Paris de devenir sous nos yeux émerveillés, le lieu de tous les possibles où la nostalgie, les rêves, les illusions, le passé, le présent et l'avenir s'entremêlent pour aboutir au constat vivifiant, réconfortant et exaltant qu'on peut s'enrichir du passé pour marcher vers un avenir peut-être prodigieux.
Toute la magie d'une ville et d'une histoire devant la caméra d'un réalisateur particulièrement inspiré qui, en évoquant le subterfuge de "La rose pourpre du Caire" (autre chef-d'oeuvre de Woody) dont tout cinéphile a rêvé, nous égare et nous transporte (dans tous les sens du terme) pendant 90 minutes dans un songe enchanteur.
C'est éblouissant, brillant, raffiné, c'est drôle, bavard et ironique, tout à la fois et plus que cela encore. Owen Wilson, nouveau venu chez Woody Allen, s'empare magistralement de l'univers, du phrasé, de la démarche même (mains dans les poches) de Woody qui ne peut (hélas) plus interpréter les personnages de ses rôles et possède ce qu'il faut de séduction, d'humour et d'élégance pour être absolument convaincant.
Je vous laisse le bonheur de découvrir le reste du casting sans rien vous révéler de l'histoire et aller ainsi de surprise en émerveillement.
Et que celle qui prétend à tort que je raconte TOUJOURS la fin des films sache que je n'en dis strictement rien ici.
Commentaires
Ravie pour toi que ta passion t'ait une fois encore, et malgré tout, rendue heureuse.
J'y cours-je, toutes affaires cessantes !!
Je n'ai qu'un mot à la bouche depuis hier soir : réjouissant.
(Ton article est parfait : ni trop, ni trop peu.
Et sans doute va-t-il envoyer fissa JordanePap' au cinéma !)
:)
La Pyrénéenne : oui provisoirement :-)
Aifelle : t'as intérêt spice de courge ! Et oh, faudrait te créer un beau gravatar pour que ça fasse plus joli dans mes comms ! http://www.gravatar.com/
Ah merci !
Je fais dans la juste bonne mesure ? C'est fou ça !
Et pourquoi donc, tu ne l'as pas traîné avec toi ?
Il est encore tombé amoureux d'une brune sans coeur ?
Bon là c'est clair, on est obligés d'y aller !
C'est-à-dire qu'on n'habite pas tout à fait dans le même coin, madame !
Pour les brunettes sans coeur, sais pô, crois pô, espère pô.
(et j'ai même pas vu Titeuf !)
Nath : OBLIGES. En plus, tu verras demain, je fais des menaces !!!
MariePap" : j'ai pas vu et ne verrai pas Titeuf. C'est grave ?
Ah t'es pas en perm" à Nantes ??? Tu les fais où tes 400 coups ?
"Woody laisse encore percevoir que le cinéma est un puits sans fond où l'inspiration et la fantaisie sont reines et dans lequel tout est possible, sans limite !"
waou c'est beau !
J'aime ce que fait Woody Allen alors au vu de ton billet ultra **** j'y cours !
Bises (tu es donc à Cannes ... quelle chance !)
Pas toujours la fin, mais souvent trop pour que j'aie encore des surprises. Alors, je lis les étoiles, et la dernière phrase, et le reste quand j'ai vu le film.
En fait, je fais pareil avec les revues de ciné, et les 4èmes de couvertures des livres. J'aime bien me faire ma propre opinion, avoir ma propre surprise, sans qu'on me dise du tout ce que je vais découvrir.
OMFG
tu vas batailler avec le gardien du Panop' pour inclure tes 5 *
Bon, rien qu'à l'idée de croiser Owen dans les rues de Paris, je vais me laisser tenter malgré mon désamour Allenien
Didi : je ne suis pas à Cannes, mais j'ai couru pour y être à 20 heures.
Ed : JAMAIS la fin.
Fred : pourquoi tu le désaimes ? Il a eu une ptite baisse de régime mais il s'est rattrapé avec Match Point ((entre autre) non ? Et puis tu as raison, Owem marche très bien dans les rues !
J'aimerai que la vie soit aussi simple et belle qu'un film de Woody Allen.
Le "s" de mon "j'aimerais" s'est volatilisé. Je m'en excuse platement.
Tsssss !!!!
Hé, vous arrêtez, les filles ?!
Bon, sinon, il est bien le film ?... il sort des fois les mains de ses poches, Owen, ou pas ?
Ne me parlez plus jamais de brunes. OK ?
@Jordane : Ah mais ça le gratte ! fais comme si tu n'avais rien remarqué
Ralph : la vie est un rêve chez WOody !
Tant pis pour le s, on s'en fout !
Jordane : nan ! t'as enfin compris que les blondes, c'est doux, c'est chaud, c'est fidèle, aimable, aimante et tout !
Owen ne sort JAMAIS les mains de ses poches ! Pour quoi faire t'façon ?
Fred : hein ??? Owen met les mains dans ses poches pour se les gratter ?
Ne lis pas les messages destinés à Jordane, toi !
Lui seul, SAIT de quoi je cause.
p
B
PS. Au fait tu vis en Lorraine ? (cc @Jordane)
http://www.youtube.com/watch?v=_va4qPCbOfw
Mes 400 coups ? À Rennes, madame, à Rennes !
Pourquoi j'ai dit Nantes ??? Je voulais dire Anger...
Et finalement c'est REnnes.
C'est dingue !
Dingue !
Le tour du Grand Ouest en 80 secondes !
génial !!!!!!!!!!!!!
à revoir tout de suite d'urgence !!!!
Bien dit. J'y retourne aujourd'hui.
Pour une fois, je lis ta critique après avoir vu le film et je la trouve parfaite. Je suis « sorti de la salle de cinéma avec des ailes, léger comme une paillette cannoise, le coeur allégé de toute peine et plein d'espoir ».
Je n'avais pas lu ta critique avant, et j'avais bien fait. Ainsi ai-je pu être surprise, par ces américains ridicules, profiter du début sans savoir à l'avance qu'il ne fallait pas que je m'inquiète, et trouver toute seule la référence à La Rose Pourpre du Caire. Le plus, ici, c'est qu'il va au bout de sa folie, de son extravagance, ce qui manquait à mon avis dans la Rose, où une fois le truc compris, on n'avait plus assez de surprise. Woody en vieillissant est devenu moins sage, et c'est tant mieux. J'ai donc beaucoup aimé ce film gentiment critique des gens comme moi. Et j'ai apprécié de lire ton texte APRES.
Max : impeccable ! ce genre de film fait bien du bien :-)
Ed : arrête je dois être la SEULE au monde à ne pas dire ce qui arrive au héros !!! Mais il fallait bien que je me la joue en faisant référence à la Rose Pourpre qui reste un des sommets alleniens en ce qui me concerne, mais qui finalement pouvait enduire d'erreur.
Mais, Pascale, même avant de te connaître, je lisais déjà les critiques de film APRES ! Pourquoi il n'y aurait eu que les critiques, journalistes ou bloggers avertis qui aient le droit de découvrir un film par eux-mêmes ?
En revanche, APRES, j'adore savoir ce qu'untel ou l'autre ont aimé ou détesté.
Tais toi ou je t'en colle une !
Vu... Sur un petit nuage.
Je t'ai TOUJOURS dit que la pluie était romantique :)
Oui elle l'est...
surtout quand je ne suis pas dessous :-)
Il fait du bien ce film n'est-ce pas ?
Un bien fou...
Let's see Midnight in NYC :)
Envole toi.
Oublie tout.
Profite des trois chéris :-)
La vie va...
c'est un bon film
Je viens de le voir en DVD et je partage tout à fait votre critique.
Il y a de la magie dans ce film, Paris magnifiquement filmé, c'est drôle et envoûtant.
Alors ce soir vers minuit je traînerai mes guêtres près de notre vieille cathédrale de Senlis.
Envie de rencontrer Louise Brooks...
Pourquoi pas ?
Et oui, grand film !