POURQUOI TU PLEURES de Katia Lewkowicz ***
Quelques jours avant son mariage, CuiCui enterre comme il se doit sa vie de garçon avec quatre de ses meilleurs amis. Pas de bol, c'est pile ce soir là qu'il rencontre Léa. Il emmène la jeune femme chez lui qui dès lors ne va plus quitter ses pensées. Alors que sa fiancée Anna est introuvable, il revoit Léa et se met à douter du bien fondé de son futur engagement. Le very bad trip post lendemain de beuverie entre potes, c'est seul qu'il va le vivre. D'autant que la future mariée jouant les arlésiennes il doit se charger de récupérer une partie de son envahissante et bruyante belle famille israëlienne à l'aéroport et de s'occuper de certains préparatifs de la fête qui ne le passionnent guère tels que le choix des fleurs ou l'emballage des dragées dans des petits sachets de tulle. Sa mère, bourgeoise hystérique et égoïste n'est pas un réconfort. Il ne peut compter que sur l'inébranlable complicité de sa soeur qui répond au doux surnom de CoinCoin mais qui elle aussi l'enjoint à faire ses choix et à prendre ses responsabilités. Quatre jours infernaux au cours desquels la fiancée va finalement reparaître et annoncer qu'elle aussi était en proie aux doutes mais qu'elle les a résolus en s'éloignant un peu. Ce qui ne va pas rassurer notre CuiCui...
Contre toute attente et alors que les premières minutes ne laissent pas augurer du meilleur, ce film qui lorgne du côté des comédies américaines où le futur (et parfois la future) se prend à tergiverser à quelques heures de la cérémonie de mariage, vous cueille en douce tant elle alterne les séquences drôles et farfelues et d'autres beaucoup plus attendrissantes et troublantes où le personnage parvient à nous faire partager ses angoisses.
Irrésistiblement absurde par moments, touchante à d'autres, l'histoire de ce triste CuiCui qui semble complètement se laisser porter par les événements doit évidemment beaucoup à l'acteur principal. Ce garçon avec sa nonchalance qui frôle parfois l'inertie aurait tout de la tête à claques si Benjamin Biolay ne parvenait à lui insufler ce charme sournois et pourtant bien réel qui fait qu'on a constamment envie de le rassurer au lieu de le secouer et lui en vouloir.
Il est entouré d'une bande de potes dont Eric Lartigau (vous vous souvenez ? Mon Président !!!) habituellement réalisateur qui se livre ici à un grand numéro que j'ai trouvé hilarant. Mais aussi de Nicole Garcia tyranniquement mère, qui ne peut appeler sa fille que "l'autre", qui ne peut se remettre d'avoir été abandonnée par son mari plus de trente ans plus tôt et ce malgré la mort de l'intéressé. De Sarah Adler délicieuse et malménée. De Valérie Donzelli agaçante puis déterminée, sûre d'elle-même et finalement touchante. Et d' Emmanuelle Devos, comme d'habitude plus que parfaite dans ses seconds rôles qu'elle rend indispensables et qu'elle mène au sommet avec son énergie et son naturel rares.
Une belle surprise inattendue, déroutante et drôle.