LA DELICATESSE de David et Stéphane Foenkinos *
Deux tourtereaux s'aiment d'amour tendre, ne se quittent plus, vivent ensemble, se marient. Tous les ans ils se retrouvent comme s'ils ne se connaissaient pas sur le lieu de leur rencontre. C'est trop romantique. (Etant donné que mon Jules et moi nous sommes embrassés pour la première fois sur du crottin de cheval, on n'y retourne jamais... Fin de la parenthèse). Leurs parents sont merveilleux et s'entendent à merveille. Et puis un jour, François sort faire un jogging, Nathalie s'endort en lisant, et... Pio... Marmaï. Le téléphone sonne et dès qu'elle arrive à l'hôpital, Nathalie ne peut que s'entendre dire "votre chéri d'amour est dans le coma". Elle a beau dire "faut le réveiller là !". Il meurt. C'est l'effondrement quoiqu'elle a ce geste, courageux ou inconscient entre tous, de rassembler toutes les affaires de François et de tout bazarder illico. Le garçon n'était pas envahissant, deux sacs suffisent. Nathalie reprend vite fait le travail avec acharnement. Les années passent, Nathalie repousse les avances de son patron canon qui se meurt d'amour et un jour, alors qu'elle a entendu sa collaboratrice dire à ses collègues que seul le travail compte pour elle depuis la mort de son mari... elle se lève de son bureau, s'avance vers Markus qu'elle n'avait jamais vu/regardé jusque là et l'embrasse fougueusement, goûlument, bref, en plein dans sa bouche. Markus aime beaucoup ça mais il est un garçon aussi beige que les murs de l'entreprise et aux pulls tellement improbables qu'on ne doit même plus les trouver dans les foirfouilles Emaüs ! Le geste de Nathalie le bouleverse, il est amoureux. Mais Nathalie est un astre solaire alors qu'il n'est qu'un crapaud qui ne se transformera jamais en prince charmant. Nathalie résiste, mais Markus est couvert d'humour et bien que leur relation fasse jaser dans l'entreprise et au-delà, Nathalie va braver le terrible et fameux "regard des autres" et leur avis aussi tant qu'on y est.
Et dès lors le postulat de départ ne fonctionne pas. Si Nathalie/Audrey Tautou est tout a fait mimi et adorable elle n'est certes pas une espèce de "Yoko Hono capable de faire se séparer le groupe le plus mythique de tous les temps" comme le dit un personnage du film. Et Markus/François Damiens, s'il n'est pas Michael Fassbender Brad Pitt évidemment, il est loin d'être le laideron repoussant qu'on essaie de nous présenter. Même si aucun plan insistant sur sa calvitie ne lui est épargné. Mais comment résister à un type qui vous dit "je pourrais partir en vacances dans vos cheveux !" ? avec tout le mal qu'on se donne sans que PERSONNE ne le fasse jamais remarquer.
Alors il y a bien de ça de là quelques petites scènes toutes mimis entre les deux tout nouveaux amoureux qui ne feront que s'effleurer. Mais le film croule sous les clichés et la banalité : la collègue commère pour ne pas dire totalement LDP, le patron très beau mais plus relou qu'un dragueur de super marché, la meilleure amie compréhensive qui devient la reine des connes à la première occasion, la maman chiante comme la pluie qui débarque pour faire manger sa fille (manger c'est important) alors qu'elle est anéantie par le chagrin et que donc ingurgiter une ratatouille avec les légumes cuits séparément est le cadet de ses soucis, le papa complice de tous les temps, la grand-mère adorable dans son adorable maison avec son adorable jardin... et j'en oublie peut-être ! Alors non, halte au feu, n'en jetez plus, la cour est pleine.
Heureusement, il reste le charme et le naturel d'Audrey Tautou, l'humour et le potentiel de séduction évident de François Damiens. Mais ce tout petit film mineur est tout ce qu'il y a de plus gentillet, sans plus.
NB : le Gérard de la plus moche collection de vêtements posés sur une actrice (Audrey) est attribué à la Costumière du film. Bravo à elle.
Commentaires
Je suis contente d'avoir lu le livre par hasard cet été. Dès que j'ai su qu'il y aurait un film, j'ai su que ce serait raté. Le livre tient par les mots, le style, l'écriture quoi. Les auteurs qui passent derrière une caméra, ou les cinéastes qui piquent un livre par pénurie de scénario se morflent 99 fois sur cent. Il faudra encore leur répéter.
J'adore cette phrase : "j'ai su que ce serait raté".
J'aimerais posséder ce don. En fait, non, je ne préfère pas.
Quand vas tu comprendre ? Ce film n'est pas raté. C'est moi qui ne l'aime pas.
T'as qu'à aller voir ce que dis Sandra M. qui l'a mis dans son top de l'année.
http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/10/28/critique-de-la-delicatesse-de-david-et-stephane-foenkinos-av.html
Moi, je n'irai pas le voir, car ça m'a l'air trop prise de tête, la Tautou elle me gonfle et l'histoire improbable ne m'attire pas.
En revanche, un petit conseil à tous les amoureux de la ratatouille : ça marche aussi très bien en mettant tous les légumes ensemble, et laisser réduire, réduire, réduire à feu très doux. C'est un délice, quand c'est presque caramélisé.
Ne me remerciez pas, c'est cadeau !
ah non il n'y a rien de moins "prise de tête " que ce film.
Par contre la ratatouille, j'approuve davantage ta recette.
Ouiiiii, tu auras compris que je viens de faire 2 long voyages en avion (un aller, et un retour, pour 2 jours sur place).
Du coup, il y avait aussi ce film, et en +, j'avais oublié que j'avais dit que je ne voulais pas le voir.
Bref, je suis d'accord avec toi, il n'est pas raté, mais on n'y croit pas.
En revanche j'ai été bouleversée par la détresse de miss après le décès de son amoureux, bien que j'ai trouvé moi aussi que tout tient dans 2 sacs poub, ça fait pas bézef comme affaires. Mais ils ont peut-être coupé au montage la scène où elle emmène le reste à Emmaus.
Sinon pour la ratatouille, mon secret c'est de mettre un peu de sucre au moment des tomates, et de laisser cuire, laisser cuire, laisser cuire. Miam !
Oula j'avais complètement oublié cette petite chose.
Mais il faudrait que je pense à laisser cuire, laisser cuire... une ratatouille.