PARLEZ-MOI DE VOUS de Pierre Pinaud **
Mélina est la très particulière voix de la nuit d'une grande radio de France. Elle écoute, rassure, conseille, console ces auditeurs qui l'appellent et lui confient à l'antenne leurs peines, leurs craintes, leurs espoirs. Elle est optimiste, enjouée, chaleureuse et fait montre d'une empathie démesurée et sincère. Elle tient absolument à garder son anonymat. Personne ne connaît son visage ni son nom. Dès qu'elle quitte la radio Mélina qui est en fait Claire, se transforme en un personnage froid et solitaire qui a développé des tocs qui l'isolent totalement de ses semblables humains. Bien qu'elle vive dans un superbe appartement d'un quartier chic, Claire s'enferme la nuit dans un placard entourée des quelques souvenirs de son enfance. C'est cette enfance meurtrie qui l'a exclue du monde. En retrouvant la trace de sa mère qui l'a abandonnée 40 ans plus tôt, Claire va découvrir, sans se faire connaître, une famille nombreuse, recomposée et exhubérante qui vit en banlieue. Le choc des cultures et des styles de vie est manifeste et les retrouvailles, malgré la délicatesse et la bonne volonté de Claire ne vont pas se dérouler exactement comme elle aurait prévu.
Pierre Pinaud parle de l'abandon et du sentiment qui l'accompagne et qui assaille et tourmente chaque être humain dès sa naissance. Dès lors qu'il met le nez hors du ventre de sa mère, le nouveau-né ressent ce déchirement insupportable. Les aléas et autres vicissitudes de la vie feront que chacun d'entre nous sera plus ou moins souvent et fortement confronté à cette idée intolérable de l'abandon qui nous ramène au traumatisme de la naissance ou de l'enfance. Pfiou, c'est fort non ?
Sauf qu'évidemment le réalisateur ne se contente pas de suivre le parcours émancipateur d'une adulte qui n'a pas réglé ses comptes, il parasite son propos d'une improbable historiette d'amour entre le fils de la femme du frère de Claire (vous suivez ?) et malgré le charme irrésistible de Nicolas Duvauchelle (qui serait à la fois maçon et photographe de talent, forcément de talent...), ça ne prend pas. En outre, les "pauvres" de banlieue se mobilisent au Secours Populaire pour aider plus pauvres qu'eux et ont la tête farcie de clichés sur les apparences. Les filles sont d'anciennes majorettes qui écoutaient Michelle Torr etc. Et le réalisateur multiplie les plans de dos de son actrice pour nous faire admirer les semelles rouges de ses chaussures !!! Bref.
Sinon, il faut reconnaître que Pierre Pinaud réussit un épilogue que l'on attendait pas et risque même une scène surprenante à l'hôpital où sa déconcertante héroïne frôle le meurtre. Et puis surtout il y a Karin Viard qu'il filme amoureusement comme quelques réalisateurs le font parfois pour leur actrice. Elle est (très) belle, drôle, émouvante. Dommage que le film ne soit pas toujours à la hauteur de sa grande et belle prestation car ce rôle lui va comme un gant. Elle sait comme personne passer du sourire aux larmes, de l'énergie au découragement total. Elle est impliquée à 200 % dans son personnage qui étreint le coeur souvent malgré ses côtés grande bourgeoise insupportable. Un mélange de grande dame et de petite fille. J'ai adoré Karin Viard.
Commentaires
Duvauchelle, maçon ?
Il serait pas aussi boulanger des fois
j'aimerai tant qu'il me roule dans la farine...
en plus il aime bien les vieilles !
Je ne connais pas Duvauchelle, mais Karin Viard je me suis toujours dit qu'avec ou sans farine, elle était ma tasse de thé.
ça me plairait pas de me faire traiter de tasse de thé, mais chacun ses goûts !
Se faire traiter d'enfariné, ce n'est pas vraiment un compliment non plus.
Se faire traiter d'enfariné, ce n'est pas vraiment un compliment non plus.
Et une tasse de thé enfarinée c'est ti pas la classe ?