ANOTHER HAPPY DAY de Sam Levinson ** (***** pour Ezra Miller, *** pour Demi Moore)
Est-ce que toutes les tares, maladies, travers et imperfections humaines, génétiques ou pas, peuvent se rassembler en une seule et même famille ? Oui, nous répond Sam -fils de Barry Good Morning Vietnam- Levinson sans plier les genoux. Si le jeune réalisateur de 26 ans avait des comptes à régler avec sa propre famille, il vient d'économiser quelques années de psychanalyse avec ce premier film où s'empilent pathologies chroniques, hystérie collective, cruauté incorrigible et bêtise incurable. Pour ceux qui comme moi considèrent le "groupe" ou la famille comme le lieu idéal où peut s'exprimer et se concentrer toute la méchanceté, tout le crétinisme de la planète et provoquer ainsi des souffrances profondes, ce film sera leur bible ! Et on appréciera au passage toute l'ironie du titre.
Mais alors pourquoi tous ces gens se fréquentent-ils ? Ont-ils, en plus de leur déficience mentale manifeste, perdu tout libre arbitre leur permettant de dire : STOP ! Evidemment, s'ils exprimaient ce pouvoir de dire non, il n'y aurait pas de film et ce serait un peu dommage de ne pouvoir contempler ce grandiose jeu de massacre, ce mini Festen à l'américaine...
Mais venons en au cas de la famille Hellman. Passons sur le milieu social, ça n'intéresse pas Sam Levinson. Ces gens sont "pétés de thunes" et ce n'est pas le propos. Pour tenter de voir dans quel imbroglio on met les pieds, je me dois de vous présenter Lynn. Lynn a été mariée à Paul dont elle a eu deux enfants, Dylan (qui se marie) et Alice. Paul a prié brutalement Lynn de quitter la maison. Il a gardé Dylan qui va très bien merci (et se marie) et Alice est restée avec sa mère. Alice va très mal et s'inflige scarifications et entailles depuis des années. La grande question est : Alice viendra t'elle au mariage de son frère et ainsi reverra son père plus vu depuis des années ? Lynn s'est mariée une nouvelle fois avec Lee, un type complètement ailleurs qui ne s'intéresse absolument pas à tous les drames qui l'entourent. Parfois il fait rire Lynn au lit et du coup elle a eu deux autres fils. Ben, atteint du syndrome d'Asperger, et Elliot (Ezra-graine de star-Miller) qui à 17 ans en est à sa quatrième cure de désyntox et souffre quant à lui du syndrome Gilles de la Tourette (permettant ainsi à Ezra Miller de déverser avec brio ses flots d'injures à sa mère, un régal !) associé à des crises d'angoisse et de panique fulgurantes. Il y remédie en ingurgitant tout ce qui lui passe sous la main de drogues, médicaments, alcools... N'en jetez plus la cour est pleine ? Que nenni ! Lynn, très tendue, se rend chez ses parents où toute la famille doit se retrouver pendant tout un week end pour célébrer le mariage de Dylan. La mère de Lynn semble avoir toujours rejeté sa fille qui ne comprend pas pourquoi alors qu'elle même rejette son fils autiste... Le père est cardiaque et manifestement en train de perdre la boule. Il disparaît parfois à la grande inquiétude de tout le monde ou se fige en état de catalepsie. Les soeurs de Lynn sont des mégères stupides, laides, haineuses et envieuses. Leurs enfants, des tarés vulgaires et obsédés. Il ne manque plus que Paul (l'ex mari) un beauf marié à une poupée qui le domine !
Et voilà, tout ce joli monde va pouvoir déverser ses rancoeurs, sa haine, sa bile, ses moqueries et se détruire sous nos yeux ébahis.
Ce qui frappe au premier abord c'est la battle de chirurgie esthétique. A ma droite la chirurgie réussie : Demi Moore est une splendeur. A ma gauche la chirurgie abusive et totalement ratée de Ellen Barkin. Regarder son visage est une véritable épreuve et il est difficile de comprendre comment un réalisateur peut avoir plaisir à la filmer. Elle fait peur. Quant à son jeu, je pensais que Keyra Knightley était la plus mauvaise actrice de tous les temps, une sorte de Gérard Butler au féminin, mais non, Ellen Barkin la devance en années certes mais aussi en jeu outré et complètement à côté de la plaque. Evidemment son personnage va mal, mais elle n'a aucune scène sans larmes ni tremblement ce qui la rend absolument invraisemblable et surtout, jamais touchante. On a plutôt tendance à croire qu'elle est bonne pour le cabanon et la camisole !
Que reste t'il me direz-vous ? J'y viens.
Il reste Demi Moore garce intégrale et poupée barbie hypnotisante (quand elle est à l'écran on ne voit qu'elle). Elle est parfaite et je ne parle pas que de son physique mais aussi de ses qualités d'actrice... et sa voix !
Mais surtout, surtout, il y a Ezra Miller, déjà particulièrement génial et terrifiant en Kevin il démontre à nouveau ici quel grand acteur il va être, il est déjà. Le réalisateur semble s'être particulièrement intéressé à son "cas" et a soigné chacune de ses apparitions, heureusement très nombreuses, et de ses répliques. Il semble déjà avoir tout compris et intégré du jeu d'acteur et connaître parfaitement l'effet spécial qu'est son incroyable visage. Il peut être un ange et un démon dans le même plan et faire de son regard une arme de destruction massive.
Le film c'est POUR LUI qu'il faut le voir et vous ne pourrez plus vous en passer.
Et les Gaël Labanti qui prétendront encore que je n'aime pas les ados n'auront qu'à dorénavant me parler d'Ezra Miller ! Merci.
Commentaires
Il a la même voix que dans "Kevin" ? Bon, bon, après un billet pareil, j'y file la semaine prochaine. Déjà qu'il me tentait beaucoup, j'aime bien les jeux de massacre familiaux.
J'aurai pas le temps de le voir avant la semaine prochaine, j'espère qu'il sera encore à l'affiche chez moi.
J'ai très envie de le voir, c'est tout à fait ma came!
Et je vais te décevoir, mais j'aime bcp Ellen Barkin. Il est temps que je prenne un peu sa défense! Ok, le temps lui a fait quelques outrages et la chirurgie n'a rien arrangé (mais pourquoi c'est devenu un scandale pour les acteurs/-trices d'avoir des rides? Bonjour les ravages du botox! Cf. Meg Ryan, Melanie Griffith, Nicole Kidman et j'en passe). Mais je l'adore depuis "Dans la peau d'une blonde", une comédie hilarante de Blake Edwards. Elle n'a pas eu la carrière qu'elle méritait, même si elle a travaillé avec plein de grands noms (Sidney Lumet, Barry Levinson, Spike Lee, Jim Jarmusch, Tony Scott, Terry Gilliam et même ton Paulot!).
Demi Moore est tout autant botoxée d'ailleurs, elle est juste moins ratée! (Je dis ça mais je l'aime bien.)
Et Ezra a tout d'un futur grand, c'est clair!
Bref, j'espère voir le film!
Et pourquoi diable crois tu que le petit Ezra faisait partie de mes héros de l'année ? parce qu'il a une bonne tête ? pfffffft je ne m'arrête pas à ce genre de détails.
Bon, j'espère que tu as été lire son interview par Edouard Bôenpulljaune, y a le lien dans mes fav' twitter. En plus d'avoir une charmante bouille, il a les neurones bien tournés le gamin.
Seen. Reviewed, at home !
Impressionnant ce garçon !
Aifelle : ah ben comme jeu de massacre de névrosés, tu vas être servie !
Mister Loup : en ce qui concerne TON Ellen, je ne parle que de ce film. Tu verras son visage, c'est un véritable massacre. Je suppose que si elle s'est fait subir "ça" et qu'elle continue d'être filmé plein cadre c'est qu'elle se plaît. C'est l'essentiel. Les gens qui s'assument avec ou sans chir', je dis bravo. Mais son jeu est déplorable ici.
Quant à Demi, elle peut remercier son chir", son coach et tout : elle est sublime.
Fred : euh pour ta gouvernance, Edouard est Bomêmenpulbleu. je vais y courir.
Je ne comprends pas tes deux premières phrases. Moi non plus je ne m'arrête pas à la bellitude des choses (et des garçons !)... une tête comme celle d'Ezra (et quel prénom !) çà m'chauffe direct la rétine.
Ed: quoi ? Tu l'as déjà vu et revu ???
Marine : on en perd ses mots je trouve.
Tout à fait d'accord pour Ezra, mais pas du tout pour Barkin, que je trouve extraordinaire (sans parler de son horrible tête)... Moore ne me fait ni chaud ni froid > une poule d'eau, quoi, rien de plus.
J'ai beaucoup aimé. Globalement je suis d'accord avec ce qui est dit ici, surtout sur les expériences de chirurgie d'Ellen Barkin, sauf que je n'ai pas trouvé qu'elle en faisait trop. Faut juste se dire que Lynn est une femme au bord de la crise de nerfs et que vu ce qu'elle se prend dans la tronche (le pompon étant la réaction de son père aux aveux de Paul) son état de bord-des-larmes permanent est compréhensible. Et d'où tu vois qu'elle rejette son fils autiste (qui n'est pas autiste d'ailleurs) ?
Jordane : d'accord avec toi pour Ezra. mais explique moi en quoi Ellen est extraordinaire. Elle tremble, elle pleure, elle hurle !
Il y a de bien jolies poules d'eau dans ta brousse.
Nataka : ben je le vois qu'à chaque fois qu'il vient se frotter contre elle pour un calin, une fois elle lui demande s'il s'est lavé les mains, une autre, il a la tête posée sur elle et elle laisse les mains levées incapable de le toucher. Et il me semble que le Syndrome d'Asperger dont il est atteint est une forme d'autisme parmi les 10 000 formes d'autisme.
"review" en anglais, ça veut dire "faire une critique de film ou de livre"
Ma critique tu l'as lue.
Quant à le revoir... faut pas pousser.
Mais on peut voir Be Happy de Mike Leigh sur ARte
Comme Nataka, tout ce qu'elle se prend dans la gueule de toute part, je comprend qu'elle soit au bord de la cris de nerf, la Ellen, qu'elle hurletremblepleure... surtout la scène où les parents disent à ce couillon d'ex mari : "oh, ça doit être dur d'avouer que t'as tapé sur notre fille, mon lapinou..." avec la main sur l'épaule... quand même, là t'as envie de lui retourner le poing, à lui et à tous les membres de cette famille de débiles.
Oui, Asperger est une forme d'autisme (pas que j'y connaisse grand chose) mais il me semble qu'il dit dans le film qu'on lui a diagnostiqué une forme légère d'Asperger, qui en soit est déjà un autisme relativement léger. Il est un peu décalé, c'est vrai, mais loin du type qui se tape la tête contre les murs en braillant. Donc, aller juste dire "il est autiste" c'est un peu rapide. C'est comme le syndrome de Tourette de son frère, qui me semble juste prendre plaisir à insulter les gens, mais en toute conscience. Lynn va mal, ses enfants vont mal, mais je crois qu'elle est surtout bien contente de pouvoir mettre des noms sur leurs troubles et se dire que tout n'est pas de sa faute. Dans l'ensemble elle est plutôt affectueuse avec ses enfants. Même le petit. Et lui demander s'il s'était lavé les mains était justifié, en l'occurence.
Ed : ah bon ! merci pour le nouveau mot à mon vocable !
La télé ??? You joke ?
Jordane : que tous les membres de la famille soient détestables je suis d'accord. ça n'a rien à avoir avec le jeu horripilant de ton Ellen.
Nataka : aller juste dire que les autistes "se tapent la tête contre les murs en braillant" c'est pas rapide tu trouves ?
Affectueuse avec ses enfants ??? Désolée mais là, j'ai ri !
Une fois elle lui demande s'il s'est lavé les mains mais l'autre fois où il pose la tête sur les genoux... j'ai pas rêvé, elle laisse les mains levées, l'air dégoûté !
Quant au syndrome de la Tourette, le diagnostic a été posé sur Elliot et il n'y a qu'une scène où il le manifeste en inondant sa mère d'insultes. A la suite de quoi ils ont une discussion où lui aussi est parfaitement conscient et il l'explique, que ses torrents d'instultes arrivent à la suite d'une forte émotion, et dans cette scène elle insistait lourdement ! (une fois de plus !).
Que Lynn aille mal et ses enfants aussi, c'est un fait. Je ne parle pas de la façon qu'aurait une mère de réagir devant ce genre de problèmes graves (y'a de quoi se flinguer... ou la première chose à faire serait d'éviter de croiser toute cette famille toxique !) mais du jeu de l'actrice.
Ouais, elle en faisait peut-être un peu trop avec ses yeux et ses sourcils... ne parlons pas de la bouche.
Mais au final, j'ai trouvé son jeu pas mal du tout, contrairement à Moore qui a 3 phrases dans le film, alors que j'en attendais plus.
Bon tout le monde a raison.
ça me fatigue. Chacun ressent ce qu'il ressent.
Y'a pas LA vérité si je mens etc.
"fumer de l'herbe,c'est comme d'avoir un "doudou" ...ezra dans ce magnifique démantèlement de certitudes ...chirurgical
ce garçon est exceptionnel !