CLOCLO de Florent Emilio Siri **
Claude François, son enfance, sa vie, son oeuvre et son explosion en plein vol !
Les biopics (« biographical motion true picture »), fictions centrées sur la biographie d'un personnage ayant existé (dixit wiki), on aime ou on n'aime pas. Moi j'aime, c'est mon côté "Voici"-pipole-midinette. Et pourtant, rares sont les grands films qui émergent du genre. Celui-ci ne fait pas exception à la règle et je commencerai par évoquer ce qui ne va pas.
Je suppose qu'en allant voir un film qui évoque Cloclo, j'ai envie de TOUT savoir sans avoir à lire la biographie non autorisée d'une Clodette ou celle d'un des fils qui n'étaient que des bambins quand leur papa-star est mort, bêtement. Mais franchement, l'évocaton de l'enfance de Claude François à Ismaïlia en Egypte est ratée. Si ce n'est le rôle du père tenu par le toujours étonnant Marc Barbé, ici séduisant et impitoyable "contrôleur du traffic sur le Canal de Suez" qui prévoit pour son fils une belle carrière sur le Canal. L'histoire, Nasser et les dons du gamin en décideront autrement.
Tout artiste "biopicqué" se doit d'avoir à combattre un traumas d'enfance. Ici notre Cloclo est élevé à la dure par un père despote qui le reniera quand il choisira la carrière de saltimbanque et une mère sur-protectrice et omni-présente donc pénible. La rencontre avec le père ne se fera jamais. Le gosse qui joue Cloclo enfant est une têtaclaques et Jérémie Rénier qui apparaît dès l'adolescence un peu trop vieux pour paraître 17 ans. Après une demi-heure assez ennuyeuse, Cloclo débarque à Monaco. C'est la misère et il se fait vaguement repérer pour ses talents de batteur. Il "monte" à Paris et après quelques échecs retentissants dont son premier 45 T, le franco-arabe "Nabbout twist" il rencontre Paul Lederman qui devient son impresario et là le film prend une tournure franchement risible. L'apparition de Benoît Magimel boursouflé, moumoute de caniche, accent pied noir mixé avec le parler wesh-wesh des banlieues, interprétation/imitation de Robert de Niro dans le Parrain et Casino est à mourir de rire. Allez je ne résiste pas, je vous mets une petite photo. Pour l'entendre appeler Cloclo "fils" en lui tapotant l'épaule et le voir bouger il faut aller voir le film :
Est-ce que tenter de se rapprocher du physique du vrai Lederman peut nuire ou profiter au film ? Je ne pense pas. D'ailleurs, qui connaît le physique de Paul Lederman dans la vraie vie (sans vouloir faire offense) ? L'acteur qui interprète Frank Sinatra lui ressemble autant que moi à Bernadette Soubirous et ça ne gêne personne. Là, j'ai bien cru que le film ne s'en relèverait pas, d'autant qu'à ce moment Cloclo himself devient un peu chef de clan. Avec l'argent qui s'accumule, il achète le fameux moulin en ruine de Dannemois qu'il restaure et y installe la famille et les amis qu'il dirige en patriarche.
Et puis, ça s'arrange. On découvre Cloclo complètement imprégné de son éducation rigide, autoritaire, colérique, jaloux, maniaque, lunatique, capricieux. Il enfermait sa première femme à clé dans son appartement lorsqu'il avait un rendez-vous. Il a quitté son amour France Gall sur un simple coup de fil le soir où elle remporte le Grand Prix Eurovision, craignant trop qu'elle lui fasse de l'ombre. Il a caché la naissance de son second enfant pendant des années. Il prétendait que c'était pour le protéger du "grand barnum" et sa femme de l'époque pensait plutôt qu'être père de famille était moins glamour aux yeux du public ! En plein milieu d'une chanson il pouvait se retourner sur un musicien et lui balancer "fausse note, t'es viré". Il enregistrait des "mémos" avec les idées qui lui passaient par la tête mais aussi pour donner ses consignes et ses ordres à tout son entourage. Bref, un type infernal, difficile à suivre et dont on a pas trop envie d'être le copain.
Mais sur le plan professionnel, il a su surfer sur les vagues, s'imposer en pleine "yéyé mania", s'adapter au disco et revenir au top lorsque sa côte chutait. Quitte à simuler un malaise cardiaque en plein concert avec l'accord de Paul Lederman. Il devient un véritable business-man, fonde sa maison de disques, reprend un magazine pour les jeunes, puis un magazine de charme, crée son agence de mannequins. Une vie lancée à 200 à l'heure et des shows frénétiques, étincellants sur des rythmes et aux chorégraphies endiablés. Il impose des danseuses noires à la télévision française, gère son image avec application et écrit la chanson la plus connue au monde "Comme d'habitude". Elle deviendra "My way" dans la bouche de Frank Sinatra son idole de toujours qu'il n'osera même pas aborder alors qu'ils sont dans le même hôtel. Il semblerait que Cloclo ait toujours souffert du complexe Frank Sinatra. Il se serait rêvé en crooner alors qu'il a selon ses propres mots "une voix de canard".
Voilà, je vous parle beaucoup de Cloclo et peu du film. Il faut dire que c'est un biopic... Donc ça raconte, ça raconte. Il y a néanmoins de véritables moments de grâce. Notamment lorsque Cloclo rencontre ses fans. Apparemment ce sont les seules personnes de son entourage qui n'aient jamais eu à se plaindre de son tempérament impossible. Elles dormaient sur le palier de son appartement parisien (parfois il en cueillait une qui passait la nuit avec lui), l'attendaient devant chez lui. Il sortait et les laissait lui parler, le toucher (mais attention à ses cheveux quand même), l'embrasser. Il connaissait le prénom des plus assidues. La scène où il descend la rue au volant de sa voiture avec les fans qui l'accompagnent sur le trottoir est un magnifique plan séquence. Celle où il découvre comme un enfant que la star Sinatra chante sa chanson est particulièrement émouvante également. Et du coup, le film manque de ces moments plus forts et touchants.
Evidemment qui d'autre que Jérémie Rénier pouvait incarner Claude François puisqu'il lui ressemble déjà tant naturellement ? L'acteur s'est appliqué pour les chorégraphies, s'est mis du rimmel sur les cils, de la laque dans les cheveux mais il apporte en plus une touche particulièrement sensible et émouvante. Quand il se montre odieux avec ses partenaires et qu'il vient implorer le pardon, il est irrésistible. Il a donc réussi à trouver et à maintenir l'équilibre ou le déséquilibre entre le personnage antipathique et l'homme qui se disait mal-aimé. Une belle performance impressionnante qui donne parfois l'impression que Cloclo lui-même est revenu d'outre-tombe pour tourner le film. Mais du coupnles acteurs autour sont relativement inexistants.
Commentaires
On avait dit, pas la moumoute !
T'es sûre ?
Belle chronique, Pascale. Je trouve juste que tu en dis un peu beaucoup pour ceux qui voudraient lire ton avis et pas le résumé de ce que le film raconte.
Après, je suis presque exactement d'accord avec ce que tu dis. La seule différence concerne Magimel. J'ai marché avec le personnage, justement parce que 1) je ne sais pas du tout à quoi le vrai Lederman peut ou pouvait ressembler et 2) je n'ai absolument pas reconnu Magimel ! Et je trouve que le côté "parrain" correspondait bien à ce que le film voulait montrer. Bon, c'est pas non plus Vito et Michael Corleone, mais y'a de l'idée.
Bref, un biopic tout à fait correct, qui a réussi à m'intéresser à une star que je n'apprécie pas spécialement par ailleurs, et dont j'ai pourtant reconnu (presque) tous les tubes. Comme quoi, ça imprègne bien la culture populaire française ;-)
Oui je sais, ça fait un peu "wikipédia pour les nuls" mais j'étais partie et plus rien ne pouvait m'arrêter. Une vraie clodette.
Quant à Magimel, je persiste, c'est le summum de l'interprétation ridicule. Justement puisque personne ne connaît Lederman pourquoi en faire ce Parrain... Et j'ai cherché, il n'était pas aussi hideux que Magimel !
C'est vrai que si le vrai Lederman ne ressemble pas à ça, on peut s'interroger sur le pourquoi de cette transformation radicale. Peut-être juste parce que le réa voulait faire oublier Magimel. C'est son acteur culte, je crois. Va savoir...
Pour ce qui est de la touche "Parrain", je pense qu'il faut voir Lederman comme le père de substitution. Je suis d'accord avec toi pour dire que c'est un peu trop surligné et que, niveau interprétation, c'est un peu too much aussi. Ridicule, je ne trouve pas, parce que je trouve que ça caractérise bien le personnage de cinéma. En même temps, je comprends qu'on puisse ne pas accrocher à cette lecture de ce qu'aurait pu être le vrai Lederman.
J'ai lu que Benoît voulait qu'on l'oublie dans ce rôle. Ben c'est gagné, il est méconnaissable, mais perdu, ça ne le sert pas.
Quan
Exprimé ainsi, je suis tout à fait d'accord. On dirait toutefois qu'il manque un bout de phrase dans ta réponse. Quan ???
Jérémie Régnier j'aime, il m'attendrit toujours ce garçon-là .. mais Clo-Clo, j'y arriverai pas. Je ne m'y intéressais déjà pas de son vivant, alors là non, je ne pourrai pas y aller, même pour 3.50 euros.
Martin K : effectivement il manque un bout. Quant à la relation entre Cloclo et Lederman, j'ai lu dans mon Cloclo illustré, qu'ils n'étaient absolument pas proches IRL.
Aifelle : ah dommage, Jérémie y est TRES ATTENDRISSANT (et nu dans sa baignoire... penses-y !).
J'ai vu"Cloclo" hier soir et j'ai passé un très bon moment!
Bon, c'est parfois un peu long, un peu répétitif, et le monstre Magimel-Lederman pue le Musée Grévin (on dirait plus un automate à masque de cire qu'un humain) mais Jérémie Rénier est exceptionnel (ce garçon ne déçoit jamais! Tout comme toi, par moments, je croyais voir le vrai Claude François, c'était troublant), le personnage est montré dans toute sa complexité, la reconstitution de l'époque est très réussie et les tubes de Cloclo n'ont pas vieilli. Bref, pourquoi bouder son plaisir?!
c'est comme très long et un peu mou comme film...
Mister Loup : j'en garde un bon souvenir finalement.
Nico2312 : la première partie est interminable.