N'AIE PAS PEUR de Montxo Armendàriz ***
Quelques mots sur ce film lourd et difficile avant qu'il ne disparaisse complètement des écrans.
Sylvia n'est encore qu'une toute petite fille lorsque son papa adoré, au terme d'une séance de chatouilles lui murmure ces mots en lui retirant sa culotte "n'aie pas peur". Ce cauchemar va durer des années. Mais Sylvia va grandir, car quoiqu'ils aient à endurer comme épreuves, peu de choses empêchent les enfants de grandir. Elle n'aura qu'une amie tendre, attentive mais qu'elle ne mettra pas dans la confidence. Elle se réfugiera dans la musique. Accrochée à son violoncelle comme à une béquille. Elle cherchera un temps à faire des études qui l'éloigneraient de son bourreau mais il s'y opposera. C'est au travers de jeux de rôles avec ses poupées que Sylvia exprimera le mieux ce qu'il lui fait endurer. En entendant ces horreurs, sa mère croira à un délire d'enfant. Plus tard, elle ne verra en elle qu'une ado perturbée jamais satisfaite. Car Sylvia ne cessera d'hurler sa détresse et de réclamer du secours, mais en silence... en traînant un spleen maximum, en étant la proie de crises d'angoisse infernales et de coliques incontrôlables.
Ce n'est que vers ses 25 ans que Sylvia décidera brutalement, d'une étrange façon, de résister enfin et de se reconstruire. Et pourtant, entre temps, elle aura tenté plusieurs fois de se séparer de ce père, cet homme "qui l'a le plus aimée, mais a bousillé sa vie" et elle reviendra le voir presque implorante "fais moi des chatouilles", car elle ne connaît pas d'autre façon d'être aimée. Sa mère, dont nous sommes persuadés qu'elle a compris l'abomination, a préféré quitté cet homme et lui abandonner sa fille qui l'a pourtant suppliée de l'emmener avec elle. Ils vivront pendant des années comme un couple sans que personne jamais ne se doute de rien.
Le film propose quelques témoignagnes d'enfants devenus adultes, jadis victimes d'inceste, comme si le réalisateur, qui a le bon goût de fermer la porte avant chaque scène d'inceste, voulait faire le tour de toutes les façons de survivre à cette dévastation. L'histoire de Sylvia aurait suffi mais tous ces témoignages renforcent la puissance d'un thème rarement traité au cinéma.
Les moments forts se succèdent portés par deux acteurs extraordinaires qui empoignent leur rôle avec une grande détermination. Le grand Lluis Homar réussit courageusement à ne pas nous faire vomir d'horreur en restant toujours comme en retrait. Sans ,jugement ni explication de la part du réalisateur. Son mélange d'autorité et d'humilité ne laisse aucun doute, Sylvia ne pouvait pas lui échapper. Quant à Michelle Jenner, elle interprète cette jeune femme brisée avec une intensité folle. Elle est d'une beauté, d'une grâce, d'une douceur douleureuses, bouleversantes. J'ai très hâte de retrouver cette étonnante et magnifique actrice.
Commentaires
Euh
Non
Merci
Ah dommage. Lluis est grand et Michelle immense...
J'en cause mal car j'ai peu de temps et le cerveau liquide mais super film !
je ne pourrais pas, je passe ...
Dommage.