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OLIVER SHERMAN de Ryan Redford ***

Oliver Sherman : photo Garret DillahuntOliver Sherman : photo Garret Dillahunt, Kaelan MeunierOliver Sherman : photo Donal Logue

Vétéran d'une guerre dont on ne connaîtra rien, Sherman Oliver traverse le pays pour retrouver Franklin, l'homme qui lui a sauvé la vie alors que ses compagnons l'auraient laissé pour mort. Les retrouvailles sont chaleureuses et chargées d'émotion et Sherman est accueilli chez Franklin. Ce dernier est parvenu à se reconstruire après l'épisode traumatisant de la guerre. Il a notamment fondé une famille, il a une femme, deux enfants et trouvé un emploi dans une ville tranquille alors que Sherman, blessé à la tête, solitaire et fragile ne parvient pas à s'intégrer à nouveau dans la vie civile malgré les sept années qui ont déjà passé. Les premiers temps, les deux hommes passent leurs soirées ensemble à jouer au billard et écluser des bières mais Sherman devient peu à peu envahissant, inquiétant voire menaçant. Franklin, poussé par sa femme et sentant sa famille en danger tente d'expliquer à son "ami" qu'il doit partir. Pas si simple.

Deux versions d'un même trauma sont étudiées brillamment ici. Franklin est l'image même de la bonté. Il possède en lui des trésors d'indulgence et d'humanité. Bien sûr, il a vécu la même guerre que Sherman mais est parvenu par sa force et sa volonté à dépasser le traumatisme et à se reconstruire. L'arrivée de Sherman exhume souvenirs et événements que Franklin avait ensevelis. Néanmoins il n'est que patience et compréhension vis-à-vis de son ex compagnon de combat instable et dérangé. Sherman reste totalement immergé dans ses souvenirs. Il passe ses journées à la bibliothèque et ne lit exclusivement que ce qui concerne la guerre. Il se sent exclu, incompris, différent, inutile.

Le face à face est tendu mais le réalisateur, dont c'est le premier film, parvient à faire en sorte que seul le spectateur s'en aperçoive. La gentillesse et la compréhension de Franklin pourraient confiner à la naïveté et le "dérangement" de Sherman à une forme de préméditation de ce qui va advenir ; mais c'est beaucoup plus subtil que ça et Ryan Redford installe, maintient et intensifie le climat de tension du début à la fin. Si on n'a pas trop de doute quant à savoir qui fera l'objet de la violence qui va finir par se déchaîner, on tremble à de multiples reprises, lorsque Sherman s'approche du berceau, revient au domicile alors que la femme de Franklin y est seule, donne son couteau au petit garçon de 4 ans... On croit toujours prévoir ce qui va advenir et finalement on est encore cueilli dans les toutes dernières secondes !

Commentaires

  • Sherman, un ami qui vous veut du bien (ou bien ?)

  • ou bien ! Et jte parle pas d'Oliver !

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