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RENGAINE de Rachid Djaïdani *

Rengaine : photo Sabrina Hamida, Stephane Soo Mongo

Sabrina délicieuse beurette musulmane aime son Dorci, renoi catholique qui la demande en épousailles. Elle accepte, joie, bonheur. Mais c'est compter sans les 40 frères de Sabrina, dont Slimane l'aîné est le porte-parole et qui entendent bien, au nom des traditions et de la religion, faire en sorte que ce mariage n'ait pas lieu.

Voilà typiquement le genre de films qu'il est interdit de ne pas aimer sous peine de se faire traiter de mal comprenant, voire pire... Sauf qu'à force d'entendre crier au chef d'oeuve et au génie, moi, brave fille toute simple, j'avais très hâte de voir ce chef d'oeuvre d'un génie...  Hélas il n'en est rien, Rengaine est un gentil petit (et je ne parle pas du budget) film qui aurait mérité d'être un court métrage pour que je puisse éventuellement m'extasier. Une bonne idée, trois bonnes répliques ne font pas une révolution. Et surtout, à force de crier partout qu'il a mis 9 ans à faire son film... Rachid Djaïdani aurait pu faire une collecte auprès de tous les gens qu'il remercie (le générique de remerciements dure 10 minutes pour 1 h 15 de film) pour se faire offrir un pied et poser parfois (pas tout le temps, je suis open mind) sa caméra. Le réalisateur aime tellement le cinéma, que, c'est certain, il devait sautiller sur place en filmant. Il faut avoir le coeur solidement accroché pour résister à cet écran qui tangue frénétiquement pendant plus d'une heure et à ces gros plans super rapprochés où l'on ne voit qu'une partie du visage des acteurs. Petit budget signifie t'il qu'il faille obligatoirement courir auprès de ses acteurs ? Se placer de telle sorte d'être à contre-jour ? Et j'en passe.

Et ce n'est pas le grand numéro de pleurnicheries ce matin sur France Inter qui va me pousser à l'indulgence. Rachid Djaïdani est un artiste maudit, un génie incompris ! Il dit de son film "je savais que j'avais réalisé une pépite qui devait peser lourd". Lorsqu'enfin il est sélectionné pour la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en mai dernier... on pouvait s'attendre à ce que cesse enfin l'angoisse de l'attente insoutenable et de la reconnaissance. Dans un premier temps, il doute mais ensuite il l'affirme, le chemin de croix fut pire encore : "on a essayé de me casser les genoux à coup de batte de base-ball". C'est une image, certes, mais Rachid Djaïdani me semble être le plus mauvais "vendeur" pour son film qui gagnerait à manifester un minimum de modestie voire de simplicité. Il y a une marge entre être fier de son travail et affirmer qu'on est devant une nouvelle nouvelle vague ! Cerise sur le tirelipompon, ses amis (?) l'ont assuré et sont parvenus à le convaincre qu'il y a du Cassavetes, du Godard et du Malick dans son cinéma, et là je dis : "Rachid, change d'amis."

Rengaine est joyeux, dynamique et énergique, agrémenté d'une tchatche vive et fleurie comme j'aime. Il en émerge quelques scènes réjouissantes dont celles notamment, où Dorci comédien "pâte à modeler" en recherche d'emploi, passe des castings de façon très consciencieuse. Et certaines répliques sont vraiment hilarantes : - "je travaille dans la recherche.

- La recherche de quoi ?

- Ben l'ANPE, tout ça."

Mais c'est quand même finalement rien de plus qu'un catalogue de tout ce qui hélas fait les difficultés de compréhension voire de communication entre les différentes communautés black/blanc/beur/feuj. Sans parler des lourdeurs (le musulman homosexuel, les musulmans qui "cassent" le ramadan, le musulman le plus hostile au mariage de sa soeur amoureux d'une juive, le musulman qui a réussi (il est flic)...) La rengaine est entendue. Rien de nouveau sous le soleil. On ne se mélange pas !

Moi j'aurais juste envie de dire : amoureux du monde entier ! Amourez-vous, sans religion et sans famille ! Mais c'est un autre débat...

Commentaires

  • je l'ai vu hier. Grosso modo, je suis entièrement d'accord avec toi. Je n'ai pas écouté les pleurnicheries du réalisateur alors peut être suis je plus indulgente. Comme toi, j'ai aimé les scènes avec Dorci passant les castings. J'ai même beaucoup beaucoup ri à ce moment là. Un peu, très, énervée par la scène avec le frère homosexuel traitant ses frères de "frangines", j'ai trouvé ça très mysogyne. Justement il avait des frères et pas des frangines...bref, j'ai quand même passé un bon et intéressant moment. merci de continuer à me guider si bien dans mes choix, vu le temps dont je dispose pour fréquenter les salles obscures.

  • Tellement qu'il n'y a pas du Johnny que tu as oublié un S dans son nom ma biche

  • C'est sûr, c'est toujours les familles qui mettent des bâtons dans les roues...

  • Totalement d'accord avec toi ! Et moi je l'ai eu en avant-première entouré de ses 40 acteurs. C'était longuet et sans intérêt. Ce mec est perché...

  • jane : sans sa rengaine de pleurnicheries insupportables, il aurait eu 2 étoiles pas plus. De toute façon, il n'a que faire des critiques, tellement sûr de son génie !!
    La scène du casting où il chante et danse... j'en pouvais plus : "t'es pas en psychanalyse ici" et toutes les scènes de casting d'ailleurs.
    La misogynie ambiante n'est pas une illusion !

    Fred : ah l'horreur !!!

    Nath : les familles, faudrait les noyer à la naissance moi j'dis !

    Marion : ce mec est perché ça veut dire ???

  • Perché ? ben dans un autre monde quoi, ailleurs. On aurait dit qu'il venait de fumer un joint... il est high quoi !

  • ah high !! ben voilà quand t'expliques, je comprends !

  • Parfaitement d'accord avec ton analyse chère Pascale. L'exemple même du film pas antipathique au demeurant mais complètement surestimé. Tu vois, il arrive qu'on soit d'accord :))

  • alors là effectivement je tombe sur le uc. D'autant que l'acteur n'est autre qu'un réalisateur qui avait fait grand ramdam là où l'on sait... Pour un film que je n'avais vu jusqu'au bout, la nausée m'ayant terrassée avant la fin :-)))
    Lorsque je suis sortie de Rengaine, je ne connaissais rien de Rachid et je trouvais effectivement son petit film gentillet et naïf, sympathique. Le lendemain après l'émission de PC, il était devenu franchement antipathique. Et ça c'est vraiment dingue, car en général la rencontre avec les réalisateurs fait justement qu'on est beaucoup plus ouvert, indulgent voire qu'on a mieux compris le film avec une explication de texte. Le plus mauvais VRP que le septième art ait connu c'est Rachid !

  • De quel acteur/réalisateur causes-tu donc ?
    Parce que bon, tu ne le précises pas dans ton texte, mais Slimane le frangin, il dégage !
    PS. Je ne vais même plus lire les interviews des gens après de la même manière qu'avant, j'évite les BA, les photos exclusives, les teasers et j'en passe. Un film doit se suffire à lui-même.
    Mais j'ai quand même bien ri surtout quand on recherche Dorci (et quand il doit "souffrir" mouah ah ah) ^^

  • Dorci est le réalisateur de Donoma pour ne pas le citer.
    J'ai bien ri aussi, aux mêmes endroits... mais où est le chef d'oeuvre révolutionnaire ???C'est gentillet non ?

  • Arf ! pas vu ! mais je crois qu'il y avait plus de meufs non ?
    Ce que les gens ont sans doute voulu dire c'est que ça changeait du cinéma français dans les deux-pièces cuisine ou avoir toujours les mêmes acteurs et les mêmes recettes (juste avant le film j'ai vu une BA avec Balasko/Cornillac/Jugnot et le seul noir qu'il y a dedans c'est un petit enfant qu'il faut sauver... en bref, j'ai l'impression d'avoir DEJA vu le film !)
    Maintenant pour les dithyrambes, j'ai la sensation désormais qu'il faut tout passer au marketing sauvage sous peine de ne pas se faire entendre. Résultat, les gens sont déçus les 3/4 du temps parce que plus on en entend, plus on se prend à rêver, et quand on découvre enfin, la réalité reprend le dessus.
    Mais ça m'intéresse d'aller voir son second film.

  • Ouais fermer les yeux et les Oreilles durant les bandes annonces, quand à lire la presse, voir les blogs( et diantre ce QUE CERTAINS ONT LA LANGUE ET LA DENT DURE !!!

    Moi y m'a bien botté ce film assez original dans sa forme et son approche...et puis Paname et sa faune interlope.....quand à la fin...sublime !

  • Fred : je ne pense pas que Rachid faisait du "marketing", mais il couinait beaucoup et était une contre pub vivante pour son film. Et c'est tout ce que j'ai entendu du film, et c'est lui qui s'auto proclame génial et compagnie. Je n'ai donc pas subi un matraquage.
    Simplement, j'avais trouvé le film juste "intéressant" mais FATIGANT à cause de la caméra à l'épaule et sur une mobylette. Après avoir entendu Rachid, je trouvais le film tout petit petit. Un décalage énorme entre ce qu'il en dit et ce que j'ai vu.
    J'aime les films différents mais une image cracra, des contre jours où on voit plus rien, avoir la gerbe parce que sauter avec la caméra ça fait pauvre... non merci !

    kiluc : je dois être la fille qui va au cinéma et qui voit le moins de BA au monde ! C'est le réalisateur lui-même qui a nui à son film et ça c'est la première fois que ça m'arrive. Quand je les entends ou les rencontre c'est plutôt un + pour le film, même si ça fausse toujours un peu le jugement.

  • Peut-être ai-je été influencée moi aussi pour la discussion après la séance mais dans en positif.
    Je comprends la gêne à la façon de filmer. J'ai appris que pour poser sa caméra il faut des autorisations. Le film s'est fait sans bugdet, n'a pas suivi le circuit habituel. Les acteurs ont joué bénévolement. 400 heures de rush et deux ans de montage.
    Les lourdeurs citées donnent cette impression dans l'accumulation mais ces cas sont bien réels.
    Les gros plans sont causés par l'absence de décor ou femme enceinte entre des années entre deux scènes.
    Ce film m'a beaucoup plu et j'adore votre conclusion.

  • Oui je suppose qu'il y a mille raisons pour faire un film aussi moche visuellement... même s'il y a de bonnes choses, comme les idées et le jeu des acteurs mais bon c'est quand même une épreuve de tanguer pendant 1 h 15. Et je suis toujours stupéfaite par l'engouement pour un si petit film !

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